Burkina Faso/Fistule obstétricale : L’UNFPA équipe la fondation Rama pour restaurer la dignité des survivantes

Publié le 30/06/2025 | La rédaction

Burkina Faso

« Réaliser un monde où chaque grossesse est désirée, chaque accouchement est sans danger et le potentiel de chaque jeune est accompli », telle est la vision du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Dans ce sens, le Fonds a appuyé la Fondation Rama à hauteur de 14 millions de francs CFA pour les équipements et de 19 millions de francs CFA pour la construction de bâtiments, ce 27 juin 2025. Ce matériel est essentiel à la fondation pour améliorer la prise en charge des survivantes de la fistule obstétricale.

« J’ai cinq enfants, mais c’est lors de l’accouchement de mon quatrième que ma vie a basculé. J’ai souffert pendant des mois, enchaînant les traitements inefficaces. C’est en écoutant la radio que j’ai entendu parler de la fondation Rama. J’y ai trouvé des soins, et aujourd’hui, je suis guérie. Mon mari et moi avons retrouvé notre entente », a témoigné Bernadette Guigma, 32 ans. Ce vendredi 27 juin 2025, devant des invités de marque, elle a livré son vécu de la fistule obstétricale, cette pathologie aussi douloureuse que stigmatisante, qui détruit la vie de milliers de femmes au Burkina Faso.

Pour soulager ce mal qui ronge les femmes, l’UNFPA a remis du matériel médico-technique à la Fondation Rama, pour un montant total de 34 millions de francs CFA : 14 millions pour les équipements et 19 millions pour les travaux de rénovation. « Ce don est symbolique mais essentiel. Il constitue un message fort pour lancer la campagne de mobilisation de ressources pour éradiquer la fistule obstétricale au Burkina Faso », a insisté Alain Akpadji, représentant résident de l’UNFPA au Burkina Faso. Dans le matériel fourni : des lits médicaux, du mobilier, du matériel de soins et des équipements de stérilisation, des kits de dignité, etc. « Ce soutien permet aux femmes prises en charge de reprendre une vie normale, de retrouver leur dignité et d’envisager un avenir serein », a-t-il souligné. L’UNFPA accompagne également la fondation Rama dans la mise en place d’un écosystème global : activités génératrices de revenus pour les femmes guéries, scolarisation des enfants, hébergement et soutien psychologique.

La fistule obstétricale survient généralement à la suite d’un accouchement difficile ou prolongé, en l’absence de soins obstétricaux adéquats. « La fistule est une injustice sociale qui viole la dignité des femmes et des filles, les empêche de jouir de leur droit à la santé et les condamne à des années de souffrance silencieuse », a déclaré Alain Akpadji, représentant résident de l’UNFPA au Burkina Faso. Dans son intervention, il a aussi insisté sur la nécessité d’attaquer les causes structurelles. « Au-delà des complications obstétricales, la fistule est favorisée par le mariage des enfants, le mariage forcé, le manque d’accès à la planification familiale et l’insuffisance d’éducation des filles. C’est pourquoi nous devons agir en amont pour prévenir ce drame », alerte le représentant résident de l’UNFPA. Il a rappelé que la coalition mondiale pour l’éradication de la fistule, avec ses relais nationaux, œuvre à mobiliser les ressources et à sensibiliser la population.

Un engagement du gouvernement et des partenaires pour éradiquer les fistules

Pour marquer le soutien de l’État, le ministre de la santé, représenté par son directeur de cabinet, Dr Adjima Combary, était présent à cette remise. « Il est connu que, la fistule obstétricale, c’est une maladie en lien avec les accouchements faits dans des conditions qui ne sont pas optimales. Il est également connu que c’est un problème de santé publique important, et qu’il est une injustice sociale. C’est pourquoi, monsieur le ministre de la santé nous a dépêchés en ce lieu pour marquer notre solidarité à cette campagne de mobilisation des ressources financières en faveur de ce problème de santé publique. Et également pour marquer notre solidarité à l’endroit de la Fondation Rama. Nous avons vu combien la fondatrice et l’ensemble de son personnel ne ménagent aucun effort pour faire en sorte, que les femmes qui en sont victimes, victimes de fistules obstétricales, soient restaurées dans leur dignité. Nous voyons également combien elle se bat. Avec l’accompagnement de l’UNFPA, de l’ambassade de Belgique, et de tous les autres partenaires qui se battent pour que cette maladie soit connue et éradiquée », a dit le représentant du ministre de la santé.

Il a rappelé que la fistule obstétricale est un problème de santé publique majeur. « Nous voulons saluer le travail de la Fondation Rama, qui permet aux victimes d’être restaurées dans leur dignité. Nous voyons ici un véritable paquet intégré avec la prise en charge médicale, la réinsertion socio-économique et l’accompagnement psychologique. Le gouvernement, avec ses partenaires, poursuivra son engagement pour éradiquer la fistule », a-t-il assuré.

La cheffe de coopération à l’ambassade de Belgique, Marie-Goretti Nyirarukundo, a rappelé le caractère sacré de la femme pour la société. « Une femme ne peut pas accoucher, si elle n’est pas en bonne santé. Et la vie au Burkina ne peut pas continuer sans les femmes. Et c’est pour cela que la Belgique s’est engagée aux côtés des Nations unies pour pouvoir lancer une campagne de mobilisation de fonds. Pourquoi une campagne de mobilisation de fonds ? Parce que nous sommes dans une époque où les ressources au niveau des coopérations sont en train de diminuer. Mais c’est l’un des pays qui, malgré les situations difficiles, continue à maintenir quand même un bon niveau d’allocation de ressources au niveau de la santé, au niveau des services sociaux de base, l’éducation et la santé. Donc, il faut qu’on arrive à convaincre chaque Burkinabè de mettre la main dans la poche pour contribuer à cette cause », a-t-elle indiqué, tout en félicitant à son tour dame Kabré pour son œuvre utile aux femmes.

Une satisfaction pour la fondation, mais le plaidoyer continue

Lors de la cérémonie, Rama Kabré, initiatrice de la Fondation Rama, a exprimé sa gratitude envers les donateurs et tous les partenaires. Elle a guidé la visite des locaux de ses hôtes tout en les remerciant pour leur marque de considération. Mais, elle n’a pas manqué de lancer un plaidoyer appuyé auprès du ministère de la Santé et de toutes les personnes de bonne volonté.

« Ce matériel va donner de la visibilité à notre centre et améliorer la fréquentation. Mais il nous reste de nombreux défis. Notre forage, bien qu’ayant été réhabilité, n’a pas donné satisfaction. Nous manquons d’eau, et nous sommes contraints d’acheter chaque jour de l’eau à prix élevé, ce qui est insoutenable. Or, la fistule nécessite une hygiène irréprochable. »

Elle a également demandé un soutien pour renforcer le personnel. « Nos agents sont des volontaires, mais dès qu’ils trouvent mieux, ils partent. Nous avons besoin d’un personnel stable et rémunéré pour garantir la qualité de la prise en charge », sollicite Rama Kabré, qui souhaite aussi avoir un agent de l’action sociale qui va travailler à la fondation pour la prise en charge psychologique des survivantes.

Le Fonds des Nations unies pour la population lutte activement contre la fistule obstétricale qui touche principalement les femmes dans les pays en développement. L’UNFPA travaille au Burkina Faso pour renforcer les partenariats et l’accès aux soins. En 2023, le gouvernement burkinabè, appuyé par l’UNFPA et l’ambassade de Belgique, a élaboré un dossier d’investissement pour éliminer la fistule obstétricale à l’horizon 2030. 

Source:    lefaso.net/ 


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