Maroc/Casablanca : L’Université Al Akhawayn tient la 2e édition de ses Executive FinTech Talks

Publié le 22/05/2025 | La rédaction

Maroc

L’Université Al Akhawayn à Ifrane (AUI) a tenu, mercredi à Casablanca, la deuxième édition des AUI Executive FinTech Talks, un rendez-vous trimestriel consacré à l’analyse des dynamiques du secteur fintech et de ses implications pour l’économie marocaine et africaine.

Placé sous le thème “Comment instaurer la confiance dans la fintech ?”, cet événement s’inscrit dans une logique de partage de connaissances et de renforcement de la formation continue, en rassemblant des experts académiques, des professionnels de la finance, des entrepreneurs et des représentants des institutions publiques autour des enjeux liés à la confiance dans les technologies financières.

Intervenant à cette occasion, Nadia Bouhouch, responsable de l’innovation à l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), a insisté sur l’importance de la proximité des régulateurs avec l’écosystème fintech pour instaurer une confiance durable, soulignant qu’”il ne suffit pas de poser un cadre juridique, il faut comprendre les projets, accompagner les entrepreneurs et évoluer avec eux”.

En conjuguant innovation réglementaire et écoute active, les régulateurs peuvent devenir de véritables partenaires de confiance dans l’émergence d’un secteur fintech marocain robuste et crédible, a-t-elle poursuivi.

Ainsi, le superviseur joue un rôle essentiel dans l’instauration de la confiance au sein d’un secteur aussi nouveau et évolutif que la fintech, en veillant à accompagner l’innovation tout en garantissant un cadre réglementaire sécurisé et adapté aux enjeux actuels, selon Mme Bouhouch.

Dans ce sillage, elle est revenue sur le dispositif du “sandbox réglementaire”, ou “bac à sable”, permettant de tester des innovations dans un cadre sécurisé sous la supervision de l’Autorité.

Il s’agit d’un environnement gagnant-gagnant, où le régulateur apprend des startups et ajuste la réglementation en fonction de leurs retours, a-t-elle indiqué, précisant que “ce mécanisme, fondé sur une réglementation agile et graduée selon le niveau de risque, constitue une réponse concrète aux incertitudes du secteur”.

De son côté, Souhail Benhamou, directeur des produits de Go Mobile, a mis en lumière l’importance d’une fintech “Made in Morocco” bâtie sur des besoins réels du marché local.

Fort de son expérience dans la microfinance et le digital, il a souligné les limites des modèles importés sans adaptation aux réalités marocaines, appelant à dépasser le simple “copier-coller” de modèles venus de pays comme la Suède ou la France.

Il a également mis en garde contre une vision exclusivement technocentrée de la fintech, soulignant que malgré les compétences techniques, l’adoption reste freinée par les usages, et que l’agent de terrain, favorisant la relation humaine, doit être aidé plutôt que remplacé, au moyen d’outils hybrides renforçant la confiance.

Ainsi, M. Benhamou a mis l’accent sur la nécessité d’un enracinement culturel dans les produits fintech, notant que la conformité, la sécurité des données et la vérification d’identité sont des leviers puissants pour instaurer la confiance, à travers notamment le label “par les Marocains, pour les Marocains” qui se veut un gage croissant de crédibilité.

Hamza Cherkaoui, Deputy Managing Director de Bank of Africa Tanzania, a partagé, pour sa part, un tour d’horizon panafricain des écosystèmes fintech, mettant en exergue le rôle central de la confiance dans leur développement.

Dans le détail, il a cité l’exemple du Rwanda, où la digitalisation totale des transactions portée par l’État a instauré une confiance quasi naturelle chez les citoyens, rendant la technologie accessible et familière, y compris pour le paiement des amendes via portefeuille électronique.

En Tanzanie, où il exerce actuellement, l’approche diffère : ce sont les opérateurs télécoms qui ont impulsé la transition, s’appuyant sur plus de 500.000 agents de terrain, reconnaissables à leur gilet de marque, qui assurent une interface humaine de proximité facilitant les transactions digitales.

Revenant au cas du Maroc, M. Cherkaoui a plaidé pour un renforcement de la collaboration entre banques et fintech locales, estimant que “chaque banque devrait donner aux startups l’opportunité d’accéder directement à l’utilisateur final”.

Dans un écosystème en pleine mutation, où la confiance devient une condition sine qua non du développement, l’événement a rappelé que bâtir une fintech marocaine inclusive passe autant par l’ingéniosité des solutions que par la compréhension fine des réalités sociales, culturelles et humaines.

Source:    www.mapexpress.ma/


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