Chine/ Quand les coiffures florales du village chinois Xunpu font croître le tourisme local
Autrefois portées par les femmes de Xunpu pour se distinguer des autres commerçants sur les marchés, les coiffures agrémentées de fleurs, symboles de bénédiction, réinventent aujourd’hui l’économie de ce village de pêcheurs situé dans la province du Fujian en Chine.
Les pivoines, les lys, les camélias et les chrysanthèmes… À Xunpu, petit village en bord de mer situé dans la province du Fujian, dans le sud-est de la Chine, les fleurs ne sont pas seulement des ornements de saison. Elles se portent sur la tête, en couronnes florales appelées “zanhua” (簪花) ou “zanhuawei” (簪花围), raconte le quotidien China Daily.
Cette tradition remonte aux dynasties Tang (618-907) et Yuan (1206-1368), époque à laquelle elle aurait été introduite par des marchands arabes, observe le bimestriel The World of Chinese. Des écrits de la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.) mentionnent d’ailleurs que les femmes du royaume de Nanyue “portaient des couronnes de jasmin tressé pour se faire belle”, étaye le magazine en langue anglaise.
“Le port d’accessoires floraux […] fait partie des pratiques traditionnelles et constitue un mode d’expression culturelle pour les habitantes de Xunpu depuis plus de huit cents ans”, souligne le China Daily. Le titre anglophone détaille un rituel méticuleux : “Elles se font d’abord un chignon qu’elles attachent avec un ruban rouge et fixent avec une grande épingle à cheveux, puis elles l’enjolivent à l’aide de guirlandes de fleurs fraîches.” Au fil du temps, le choix des fleurs s’est élargi : tulipes, œillets ou même des fleurs en soie.
Aujourd’hui encore, ce sont les femmes qui prennent les rênes de l’économie locale. D’après les autorités du village, les femmes représentent 90 % de la main-d’œuvre du secteur du tourisme culturel et perçoivent 90 % des revenus générés par cette activité.
Un art au féminin
Huang Liyong, trentenaire, a ouvert un atelier de fabrication de coiffes, de maquillages et de photographie, où elle crée des versions de coiffes adaptées à des styles de cheveux modernes. “Tentant de préserver la tradition à tout prix”, elle a joué un rôle de pont entre les jeunes, peu intéressés au début, et les aînés du village, notamment grâce à ses publications sur le réseau social chinois Xiaohongshu.
Une autre entrepreneuse, Huang Yue, a ouvert un studio, où les visiteurs peuvent créer leurs propres coiffes, se maquiller et se faire photographier en costume traditionnel. “Nous souhaitons proposer à nos clients quelque chose de typiquement traditionnel, grâce à ces coiffes fabriquées de toutes pièces pour accompagner les costumes traditionnels”, explique-t-elle au China Daily. En période de pointe, son atelier peut accueillir jusqu’à 100 clients par jour pour une séance coûtant entre 300 et 400 yuans (entre 39 et 52 euros).
Plus de 7 millions de visiteurs
Ces initiatives transforment le visage de Xunpu. Lors de la fête nationale en octobre, le village a accueilli 430 000 visiteurs, soit plus du double de l’année précédente sur la même période. Le mois de novembre a vu arriver plus de 7 millions de visiteurs. L’année dernière, le village accueillait en moyenne 50 000 visiteurs par jour pendant les vacances, avec un revenu annuel total dépassant les 600 millions de yuans, soit environ 78 millions d’euros.
Les ateliers thématiques, souvent centrés sur les coiffures florales, se multiplient : plus de 200 studios de photographie ont été créés, selon les autorités locales. “Alors qu’auparavant, il m’arrivait de n’accueillir qu’une dizaine de touristes par mois dans mon studio, aujourd’hui, j’en ai plus de 500 par jour”, se félicite Huang Liyong dans China Daily.
Inscrite au patrimoine culturel immatériel de la Chine depuis 2008, la tradition des coiffures fleuries de Xunpu attire de plus en plus de jeunes, souhaitant “en savoir plus sur cette culture”.
Source: www.courrierinternational.com/