Changement de paradigme vers une économie “des parties prenantes”: comment positionner la Suisse comme leader et engager son secteur privé?

Publié le 07/01/2020 | La rédaction

Suisse

Alors que le monde est secoué par de nombreuses révoltes et protestations face à une crise climatique et sociétale, le système capitaliste “traditionnel” montre de plus en plus des signes de tressaillement. Le dénouement de la conférence de l’ONU sur le Changement climatique (COP25) la semaine dernière à Madrid démontre le manque d’efficacité des politiques publiques. Après deux semaines de négociations exceptionnellement longues, les états n’ont pas réussi à parvenir à un accord sur les règles des marchés de carbones internationaux.

Le manque d’engagement de la part des gouvernements appelle le secteur privé à accélérer ses efforts pour répondre aux défis du changement climatique et contribuer, de manière plus large, à l’Agenda 2030.

C’est dans cette perspective que plus de 500 entreprises dans le monde, dont 15 entreprises suisses, ont pris l’engagement formel et public lors de la COP 25, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre le zéro net carbone d’ici 2030. Leur mobilisation constitue l’action climatique la plus large et la plus transformative jamais engagée  par un collectif mondial d’entreprises. (pour en savoir plus www.blab-switzerland.ch/net-zero-2030 )

Au cours des dernières décennies, les entreprises ont basé leurs modèles d’affaires sur la maximisation du profit, contraints de rendre des comptes à leurs actionnaires. Des milliers d’entreprises sont désormais en train d’expérimenter une nouvelle façon de faire des affaires en se basant sur des valeurs plus fortes et durables, et prenant en compte les besoins de toutes les populations et la planète. Elles se positionnent ainsi comme des actrices de changement, responsables – au côté des gouvernements et de la société civile – d’un avenir commun global. Ces entreprises font émerger une économie à impact positif et entraînent un profond changement des consciences. 

Le mouvement B Corp aborde ce changement de paradigme depuis plus de 10 ans et constitue une partie de la solution globale quant au rôle du secteur privé comme agent de développement. 3200 B Corp certifiées ont déployées leurs activités dans une vision de l’économie, où le succès est mesuré par le bien-être des personnes, des communautés et le respect du capital naturel. 

Par ailleurs, la vision du mouvement coïncide avec la notion de “Stakeholder Capitalism”  (capitalisme des parties prenantes) qui gagne progressivement du terrain dans l’économie mainstream. Le Forum économique mondial lance d’ailleurs un nouveau “Manifesto de Davos” qui définit et encadre les Responsabilités d’une entreprise à l’égard de ses parties prenantes. Celles-ci comprennent en dehors ses actionnaires, ses clients, ses employé-e-s, ses fournisseurs et la société au sens large. Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial le mentionne ainsi:

“ Les chefs d’entreprise ont donc une opportunité majeure. En donnant un sens concret au “stakeholder capitalism”, ces derniers peuvent aller au-delà de leur devoir légal et répondre aux besoins criants d’une société qui ne cesse de lancer des appels. Ils peuvent contribuer à la réalisation d’objectifs sociétaux plus larges, tels que l’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable de l’ONU.”

 

Comment la Suisse se positionne-t-elle pour instaurer cette dynamique de changement ? 

Dans un rapport de cette année, le Conseil de l’organisation du territoire relève cinq tendances globales qui affectent la Suisse aujourd’hui: la mondialisation, la numérisation, l’individualisation, la croissance démographique majoritairement due à l’immigration et le changement climatique (COTER, 2019). Pour faire face à ces défis sociaux et environnementaux, dont certains comportent à la fois des risques et des opportunités, la Suisse doit se positionner comme leader pour renforcer et à accélérer l’engagement du secteur privé dans la réalisation des 17 objectifs de développement durable des Nations Unies. 

Dans cette perspective de changement, B Lab Suisse lance dès janvier 2020 le Swiss Triple Impact (STI), un programme d’engagement dont les solutions innovantes (telles que le B Impact Assessment et le SDG Action Manager) permettent aux entreprises du secteur privé suisse de mesurer leur impact socio-environnemental et identifier des opportunités concrètes d’améliorations. Ce programme inclusif invite les entreprises suisses de toutes tailles et tous secteurs à participer. Elles seront soutenues dans leur démarche tout au long d’un programme de trois ans en partenariat avec tous les acteurs existants dans le régions pour réaliser une transformation mesurable. 

Le STI vise à transformer l’économie en profondeur en soutenant les individus qui utilisent les affaires comme une force pour l’intérêt général. De plus, il fournira un diagnostic compréhensif de l’impact des entreprises suisses sur la société, l’environnement et l’économie.

Comment opérerons les entreprises du 21ème siècle

Relever les urgences sociales et environnementales nécessite, pour ainsi dire, une nouvelle forme de “licence pour opérer”, dépassant les obligations financières envers les actionnaires et s’étendant aux intérêts non-financiers. Le respect de normes sociales et environnementales élevées devraient permettre d’aller au-delà du “business as usual” dans une démarche de progrès. 

Oui, nous nécessitons de la réactivité et de l’action dès maintenant pour remodeler le capitalisme prenant en compte l’urgence environnementale et les pressions sociales.  

 

Source: letemps.ch


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