Contrer le racisme envers les Autochtones, un travail de longue haleine

Publié le 11/01/2020 | La rédaction

Canada

Même si des initiatives sont en place pour faire tomber les barrières entre les communautés, comme le projet Harmonie Inter-communautés, le travail pour enrayer le racisme est loin d'être terminé, selon les acteurs du milieu.

J’étais attristé de voir qu’on avait encore des préjugés qui se font nourrir par des situations sportives, raconte Pierre Vicaire, coordonnateur du projet Harmonie Inter-communautés, de 2002 à 2019, à Listuguj.

Les événements qui se sont produits samedi à Paspébiac n’ont pas laissé indifférent M. Vicaire.

Durant près de 20 ans, le Micmac de Listuguj a travaillé à rapprocher les jeunes de sa communauté et ceux de Pointe-à-la-Croix, qui fréquentent deux différentes écoles, à travers un jumelage scolaire et des activités conjointes.

Ce qui s’est passé à l’aréna de Paspébiac, soutient M. Vicaire, montre l’importance de continuer à éduquer et sensibiliser la population pour faire tomber les barrières et les préjugés.

Dès l’implantation du projet Harmonie Inter-communautés en 2002, Pierre Vicaire savait que le travail serait de longue haleine.

Ça prend plus qu’une génération ou deux ou trois pour faire un impact sur des années de racisme et de discrimination qui est partout, affirme M. Vicaire.

Ça nous a pris 400 ans pour se rendre où on est aujourd’hui et ça va en prendre au moins 200 autres pour changer les mentalités et voir un changement.

Pierre Vicaire, ex-coordonnateur du projet Harmonie Inter-communautés

Pierre Vicaire croit que le racisme envers les Autochtones est encore bien présent, mais qu’il se manifeste la plupart du temps de façon indirecte et latente : à travers des regards, des non-dits ou des questions tendancieuses.

Comme membre des Premières Nations, affirme M. Vicaire, tu vis tout le temps avec cet ombrage-là, quand tu vas dans le public, tu te fais surveiller ou regarder. 

Au lieu d’être inclus, des fois on se sent beaucoup exclu. Ce sentiment, ça ne s’en va jamais.

Pierre Vicaire, ex-coordonnateur du projet Harmonie Inter-communautés

Un match de hockey spécial à Paspébiac?

Pierre Vicaire estime que la clé pour faire tomber les barrières et les préjugés est d'établir des contacts humains entre les communautés culturelles.

Il joue lui-même depuis 20 ans dans une équipe de hockey triculturelle où anglophones, francophones et micmacs se côtoient dans une franche camaraderie.

Les propos racistes lancés lors du Tournoi Hockey Loisir ont alimenté les discussions dans son équipe de hockey.

Pierre Vicaire et ses coéquipiers ont même entamé des démarches pour aller jouer un match de démonstration à Paspébiac.

On voudrait aller avec notre équipe, explique M. Vicaire, faire une partie dans cette région pour leur démontrer que ça peut se faire de s’amuser et de se respecter, de passer du bon temps ensemble, sans racisme.

Le projet Harmonie Inter-communautés prend de l’ampleur

Depuis la rentrée scolaire, le projet Harmonie Inter-communautés est implanté dans les écoles Wejgwapniag de Gesgapegiag et les écoles francophone et anglophone de New Richmond.

Les enfants se sont, entre autres, rassemblés en octobre pour signer le traité d’Harmonie Inter-communautés qui marque le début d’une nouvelle amitié.

Après l’activité, raconte la coordonnatrice du projet Sarah Jane Parent, les enfants étaient déjà super excités à l’idée de se revoir. Ils demandaient à leur enseignant à quel moment aurait lieu la prochaine activité.

Le Centre d'initiation à la recherche et au développement durable (CIRADD) chapeaute l’implantation de projet Harmonie Inter-communautés dans ces trois nouvelles écoles participantes.

Le CIRADDCentre d'initiation à la recherche et au développement durable prépare un guide d'implantation pour que le projet Harmonie Inter-communautés puisse être exporté ailleurs au Québec.

On documente, précise Mme Parent, les types d’activités qui peuvent être mises en place et comment mobiliser les classes et les enseignants dans un projet comme celui-là.

Le guide d'implantation devrait être finalisé en décembre 2021.

 Source:  ici.radio-canada.ca


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