Nigéria : pour se remettre de la guerre, des femmes se lancent dans la couture

Publié le 10/03/2021 | La rédaction

Nigéria

N’ayant pas d’endroit où aller après les attaques de groupes armés, des milliers de femmes nigérianes ont été contraintes de se réfugier dans des camps de déplacés internes. Pour survivre, elles se sont tournées vers la couture, une activité qui les aide à soutenir financièrement leurs foyers.

Dans les camps de déplacés du nord-est du Nigéria, les femmes et leurs enfants représentent 80 % de la population. Elles dépendent principalement des maigres revenus de quelques tâches quotidiennes et de l'aide humanitaire. Pour mieux gagner leur vie, elles ont entrepris de se lancer dans la couture, en confectionnant des vêtements en pagne et des robes de mariage dans des espaces aménagés près de leurs abris.

Ces femmes rescapées des violences se sont retrouvées veuves, avec plusieurs enfants à élever. Il y a 6 ans, Tabatha, l’une d’entre elles, a perdu une jambe et un œil dans l'explosion d'une bombe dans la zone de Maiduguri.

« J'ai passé presque 2 ans à la maison. Je ne voulais pas que les gens me regardent de haut. Je ne voulais pas qu'ils me disent des mots gentils ou qu'ils soient gentils par pitié (...) Quand je porte ma robe préférée, j'ai l'impression d'être une personne normale, personne ne peut deviner que je n'ai pas de jambe en dessous », a-t-elle confié sur Al Jazeera.

Au cours de cette décennie, les conflits entre des groupes armés et les forces nigérianes ont contraint quelque 2,5 millions de personnes à quitter leurs foyers. Selon l’ONU, la violence incessante perpétrée par Boko Haram et d’autres groupes armés oblige des milliers de personnes à fuir chaque jour pour sauver leurs vies. Les jeunes filles, les femmes âgées et les travailleurs humanitaires sont les premières victimes de cette violence.

Les camps de déplacés leur offrent un nouvel espoir et une opportunité d’exercer de petites activités comme la couture. Des organisations internationales ont aidé nombre d’entre elles à obtenir les équipements et les machines à coudre pour pouvoir se lancer. En plus de les aider à se relever, la couture leur permet de s’occuper suffisamment pour oublier leur pauvreté et les abris qui sont devenus leur seule maison.

Toutefois, pratiquer la couture dans ces conditions peut être très difficile, car les moyens financiers sont limités. Après la commande d’un client, les femmes doivent chercher de l’argent pour acheter le matériel et le tissu, afin de confectionner le vêtement. Certaines d’entre elles vont dans la brousse pour ramasser et vendre du bois de chauffage pour y arriver.

« Même si je vois que la robe coûtera plus que le budget dont ils disposent pour la réaliser, j'essaie quand même de la faire. La plupart du temps, je sacrifie mon propre salaire », a confié Hawa, l’une des couturières.

À ces défis s’ajoute la menace de la Covid-19. Après que les mesures de confinement destinées à empêcher la propagation du virus aient mis à rude épreuve l'économie locale, les prix des différents équipements ont grimpé.

Malgré les obstacles, elles persévèrent dans cette activité qui a réussi à améliorer leurs conditions de vie. À présent, elles s’attellent à transmettre leur savoir-faire aux jeunes, et peuvent désormais aspirer à un avenir meilleur.

Source:     www.agenceecofin.com


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.