Somalie/Redonner espoir après les inondations en Somalie
Nadiifo Abdullahi déborde de joie en voyant sa fille de 8 mois, Falastin, franchir une étape importante : s’asseoir toute seule et essayer de ramper. Ces progrès dans le développement de sa fille remplissent Nadiifo d’espoir.
« Avant, je devais la porter sur mon dos ou la coucher sur un matelas pour la faire dormir. Aujourd’hui, elle essaie constamment de s’asseoir et de ramper. Elle déborde d’énergie », explique Nadiifo.
Sa famille a dû évacuer le camp de personnes déplacées de Halimay, à Baidoa, où elle résidait depuis fin 2020, et chercher refuge dans un camp temporaire situé à quelques kilomètres de là. Ils sont arrivés les mains vides : leurs provisions de nourriture, notamment de farine et de sucre, ont été trempées par les inondations.
Les inondations provoquées par le phénomène climatique El Niño, qui ont commencé début octobre en Somalie, ont eu un impact dévastateur sur plus de 2 millions de personnes, en déplaçant plus de 750 000. Dans la ville de Baidoa, il y a environ 500 camps de déplacés où vivent quelque 600 000 personnes qui ont été obligées d’abandonner leur domicile en raison de crises causées par la sécheresse et les inondations, deux conséquences du dérèglement climatique. Le transport de produits de première nécessité est entravé par le contrôle exercé par des acteurs non étatiques ainsi que par les taux élevés d’imposition. En outre, les récentes perturbations des liaisons routières ont aggravé la pénurie, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires.
Les familles qui ont été le plus gravement touchées par les inondations, comme celle de Nadiifo, ont énormément de mal à satisfaire des besoins de base tels que la nourriture, un abri, de l’eau et des médicaments. Le mari de Nadiifo, Mohamed Aden, 35 ans, est retourné sur ses terres agricoles nomades de Goofa Yarow, à environ 30 kilomètres de là, le 12 octobre, coïncidant avec le début de la saison des pluies. Mohamed voulait planter un peu de millet dans l’espoir que la pluie le fasse pousser. Mais il est parti sans graines. Il envisageait d’emprunter une petite somme d’argent pour en acheter.
Un mois après le départ de Mohamed, sa fille Falastin s’est affaiblie. Nadiifo l’allaitait, mais le manque de nourriture et d’argent pour acheter ce dont elle avait besoin a eu des conséquences néfastes sur sa santé.
« Son cou rétrécissait et on commençait à voir ses os sortir », raconte Nadiifo.
L’équipe de surveillance d’Action contre la Faim, partenaire du consortium Caafimaad Plus, a ausculté Falastin et d’autres habitants du camp. Falastin avait un tour de bras de 11 cm, ce qui indiquait un cas de sous-nutrition. Elle a été inscrite à un programme de traitement qui consistait dans un premier temps à soigner sa diarrhée, puis à recevoir un traitement nutritionnel.
Après trois semaines de soutien médical et nutritionnel, Falastin a commencé à montrer des signes d’amélioration. Malgré les difficultés, Nadiifo sourit en voyant les progrès de sa fille. Falastin commence à s’asseoir toute seule et à essayer de ramper.
L’équipe mobile fournit une aide d’urgence vitale, notamment des provisions nutritionnelles, des fournitures médicales et des produits d’hygiène, à la population touchée. Cette aide vitale a été rendue possible par le financement de l’ambassade britannique de Mogadiscio. En octobre 2023, l’ambassade britannique en Somalie a déployé un financement pour six mois. Ce financement joue un rôle essentiel dans la fourniture d’une aide d’urgence intégrée et vitale en matière de santé, de nutrition, d’eau, d’assainissement, d’hygiène et de protection à près d’un million de personnes vulnérables qui ont subi les conséquences du phénomène climatique El Niño dans le centre et le sud de la Somalie.
L’équipe mobile a été déployée non seulement à Baidoa, mais aussi dans treize autres districts gravement touchés par les inondations en Somalie. Plus de 470 000 familles ont besoin d’aide à Baidoa.
Mohamed, le mari de Nadiifo, est retourné dans la ferme nomade qu’il avait quittée fin 2020. Depuis que les pluies ont commencé, ses revenus ont diminué, raison pour laquelle Mohamed a envisagé de reprendre ses activités agricoles. En 2020, il a vendu le reste du bétail de la famille et, avec une partie de l’argent, il a acheté une brouette qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa famille. « Selon mon mari, le bétail n’allait pas survivre pas à la prochaine saison du Jilaal, l’hiver en Somalie », explique-t-elle. Lorsque Falastin aura un an et demi et sera en meilleure santé, Nadiifo envisage de commencer à faire des lessives pour subvenir aux besoins de sa famille.
Les inondations ont entraîné l’apparition de maladies d’origine hydrique telles que la diarrhée aiguë, le choléra, le paludisme et autres. Le consortium Caafimaad Plus répond actuellement à ces épidémies dans différents districts, dont Deynile, Kahda, Baidoa, Dolow, Luuq et Galkacyo.
Grâce au financement de l’ambassade britannique à Mogadiscio, le consortium construit également des latrines d’urgence, traite des puits au chlore, distribue des kits d’hygiène et fournit des pastilles d’eau pour réduire la propagation de ces maladies et soulager les familles touchées.
Nadiifo a retrouvé espoir maintenant que son bébé commence à ramper. Cependant, sa fille doit poursuivre son traitement jusqu’à ce que l’équipe mobile considère qu’elle est complètement guérie. La famille continue d’emprunter jusqu’au retour de Mohamed. Nadiifo espère qu’il rapportera quelque chose à la maison.
Le consortium Caafimaad Plus est le plus grand consortium de santé de Somalie. Il fournit une assistance complète en matière de santé, de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi qu’une protection vitale aux familles touchées par la crise. Le consortium est financé par l’ambassade britannique de Mogadiscio.
Source: www.actioncontrelafaim.org