France/Malmerspach - Une centrale villageoise pour produire de l’électricité verte et locale
À Malmerspach, citoyens et élus s’unissent pour produire une énergie solaire locale. Leur objectif : gagner en autonomie face à la hausse des prix de l’électricité. La première centrale villageoise du territoire est désormais à la recherche de ses clients parmi les entreprises du cru.
Produire localement une énergie durable, consommée à proximité et gagner en autonomie. C’est, en résumé, l’ADN du projet de centrale villageoise solaire qui a vu le jour à Malmerspach. L’histoire débute en 2022, alors que les prix de l’électricité et du gaz montent en flèche. Plusieurs élus de la communauté de communes de Thann-Cernay souhaitent mener un projet pour produire de l’énergie de façon autonome.
Des citoyens engagés contre la dépendance énergétique
Un collectif de citoyens voit le jour sous le nom d’Association pour les centrales villageoises Thur et Doller (ACVTD). La plupart d’entre eux sont déjà engagés, militants, et entendent participer à la résilience du territoire pour qu’il ne soit pas à 100 % dépendant d’énergie venue d’ailleurs.
Je défends l’idée que les élus locaux ne doivent pas envisager la population de leur commune comme de simples habitants, mais comme des citoyens qui peuvent participer à la réflexion.
Juliette Hubert
L’association, présidée par Juliette Hubert, se structure sur le modèle des centrales villageoises, dont l’expérience a notamment été menée à Saverne ou du côté de Lapoutroie. « Je défends l’idée que les élus locaux ne doivent pas envisager la population de leur commune comme de simples habitants, mais comme des citoyens qui peuvent participer à la réflexion », soulève Juliette Hubert.
Un point de vue partagé par Nicolas Morvan, conseiller municipal délégué en charge de la démocratie participative à Thann et chargé de communication de l’ACVTD. En 2024 est créée une société par actions simplifiée à laquelle 28 associés ont apporté des fonds. La part s’élève à 100 € et pour le moment, 27 200 € ont été réunis. Le projet, qui réclame 115 000 € en investissement, sera également abondé par des subventions et un prêt bancaire. « On ne le fait pas pour gagner de l’argent, précise Nicolas Morvan. Nous avons avant tout la volonté de contribuer à la transition énergétique locale. Si bénéfice il y a, il aura vocation à être réinvesti sur d’autres projets. »
Deux cent dix panneaux photovoltaïques sur un toit
À quoi va servir cet argent ? À acheter et installer 210 panneaux solaires sur le toit de la ressourcerie Krempel & Pric à prac. L’association avait adressé un courrier de présentation du projet de centrale solaire aux mairies des environs. La communauté de communes de la vallée de Saint-Amarin (CCVSA) a proposé le toit de ce bâtiment qui venait d’être refait, notamment dans l’objectif d’accueillir des panneaux photovoltaïques. « Le site répondait à tous nos critères en termes de taille, d’ensoleillement ou d’orientation », souligne Nicolas Morvan. L’association a financé une étude de structure avec l’aide du programme Climaxion, qui a validé la faisabilité du projet. Désormais, il convient de le dimensionner.
Un appel aux entreprises locales
Pour cela, un appel est lancé aux entreprises locales. L’énergie produite n’a pas vocation, pour le moment, à alimenter les foyers de particuliers ou des collectivités. Ni à être revendue à EDF, car le prix auquel l’électricité est rachetée est tellement bas que le projet ne serait pas rentable. Les clients, ce sont donc les artisans, les commerces, les entreprises du secteur.
Car il y a une contrainte de distance. Les deux clients les plus éloignés doivent être distants de maximum 10 km à vol d’oiseau. La production de la centrale partira sur le réseau EDF et les consommateurs en recevront une part virtuelle. Ils ne pourront recevoir uniquement cette énergie verte locale, car la production variera en fonction de la météo et des heures de la journée. La démarche pourra intégrer leur politique Responsabilité Sociétale des Entreprises. « On pense débuter avec deux cent dix panneaux, mais si on a plus de demande, on pourra en rajouter », confirme Nicolas Morvan. Une fois installée, la centrale devrait produire 115 000 kWh par an.
Une réunion de présentation du projet aux entreprises aura lieu le lundi 3 novembre, à 13 h en visio et à 19 h en présentiel au siège de la CCVSA ou en visio. Des rendez-vous individuels à d’autres moments seront possibles.
Première pierre
« On est parti pour vingt ans avec ce projet, espère Juliette Hubert, et ceux qui s’engageront avec nous sauront exactement ce que cela leur coûtera, en intégrant l’indice d’évolution. » Cette première pierre de l’édifice d’une production énergétique propre et locale a pour vocation d’en amener d’autres. À travers le pôle d‘équilibre territorial et rural du pays Thur Doller, le projet a été présenté aux référents climat des communes. Plusieurs sont devenues adhérentes. « On espère qu’elles seront amenées à réfléchir à de nouveaux projets », conclut Juliette Hubert.
Source: www.lalsace.fr/


