Belgique/1500 kots remis à neuf d’ici 2039 : l’UCLouvain rénove son parc de logements pour étudiants, tout en maintenant ses loyers modérés
Propriétaire de 6300 logements, l’UCLouvain est un acteur majeur sur le marché locatif pour les étudiants en Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais une partie de ces kots et appartements ne sont pas en très bon état. Un vaste plan de rénovation a donc été lancé, à Louvain-la-Neuve et sur les autres sites de l’université.
L’UCLouvain ne s’attaque pas seulement à la modernisation de ses bâtiments académiques. En 2024, elle a lancé un plan de rénovation profonde des logements qu’elle loue aux étudiants. Elle en possède aujourd’hui 6325 sur ses différents sites, dont 4600 rien qu’à Louvain-la-Neuve. Certains, dont la construction remonte à plusieurs décennies, méritent bien plus qu’une nouvelle couche de peinture.
"Ce qu’on nous rapporte bien souvent, ce sont des problèmes d’isolation, des chauffages qui fonctionnent à moitié, des problèmes au niveau de l’eau et de la sécurité, explique Alexandru Boborodea, vice-président de l’AGL, l’Assemblée générale des étudiants de Louvain. Ces témoignages sont très importants pour nous, on peut les faire remonter au niveau des autorités académiques. On voit clairement une volonté de l’UCLouvain de travailler sur ces problèmes et de rénover pour assurer un bon cadre d’étude pour les étudiants."
Ambitions revues à la hausse
Dans un premier temps, le plan de l’UCLouvain prévoyait la remise à neuf de 500 logements d’ici 2029, pour un montant de 25 millions d’euros, auxquels s’ajoutent deux millions annuels pour des travaux plus légers. 200 kots rénovés ont déjà été relancés sur le marché ou sont en passe de l’être. Mais l’université veut désormais aller plus loin. Deux nouvelles phases ont été confirmées.
"Les phases deux et trois prévoient la rénovation de mille logements supplémentaires, soit 1500 logements rénovés d’ici à 2039, explique Alexia Autenne, administratrice générale de l’UCLouvain. C’est le cap qu’on s’est donné. En essayant évidemment, en termes de capacité d’exécution technique, d’ordonnancer ça dans un plan qui tient la route et qui permet de gérer l’offre et la demande. On arrive grosso modo à ne pas créer trop de pénurie."
yers modérés et responsabilité sociale
En dépit de ces lourds investissements, le loyer moyen des logements de l’UCLouvain reste modéré, entre autres grâce aux économies d’énergie réalisées : 370 euros par mois, charges comprises, c’est 20% moins cher que les prix pratiqués ailleurs. L’université contribue ainsi à une certaine régulation du marché locatif à Louvain-la-Neuve. Elle vise l’équilibre, pas la rentabilité. L’amélioration de l’accès aux études est sa priorité.
"En fournissant un accès à ces logements, on donne une image positive de l’université, poursuit Alexia Autenne. Et ça nous permet de favoriser l’émancipation sociale des étudiants en leur offrant la possibilité de faire leurs études dans les conditions les plus adéquates possible. Aujourd’hui, la sociologie étudiante est différente de celle d’il y a vingt ou trente ans. Bon an mal an, on a quand même un étudiant sur deux qui veut accéder à une offre de logement et qui accomplit ses études en dehors du domicile familial."
Rénovation et nouvelles constructions
En plus de son plan de rénovation, l’UCLouvain favorise aussi l’émergence de nouveaux projets, tout en veillant à maintenir le subtil équilibre entre étudiants et habitants de Louvain-la-Neuve. A titre d’exemple, la construction d’un bâtiment de 130 logements universitaires, près du centre-ville, sera officiellement lancée ce vendredi.
"Il y a encore du logement étudiant en construction, atteste Jean-François van Drooghenbroeck, vice-recteur aux affaires étudiantes. Le nombre de nos étudiants ne cesse d’augmenter, on s’en réjouit mais il faut tenir le coup aussi sur le plan de notre politique d’accès. Nous attirons également beaucoup d’étudiants internationaux à qui nous devons offrir des conditions décentes d’hébergement. Donc oui, nous continuons à construire et à rénover."
Malgré ce volontarisme, l’université ne pourra jamais offrir un logement à chaque étudiant qui le souhaite pendant toute la durée de ses études. Certains profils sont favorisés, comme les primo-arrivants, les jeunes issus de familles modestes, ceux qui habitent loin ou qui s’impliquent dans l’animation étudiante. Et il existe une règle de rotation : un étudiant qui se voit attribuer un logement de l’université ne peut y rester que deux ans.
"Nous voulons permettre à ceux qui arrivent de prendre la place de ceux qui sont installés sur le site, qui ont développé plus de contacts et peuvent, à travers les réseaux sociaux notamment, se trouver plus facilement un autre kot, justifie Jean-François van Drooghenbroeck. Donc la jauge est à deux ans. Mais on n’applique pas cette règle de façon aveugle et abstraite. Il y a des cas d’étudiants particulièrement précarisés ou en situation de handicap pour lesquels on veille évidemment à faire sauter la limite des deux ans."
Des propriétaires parfois peu scrupuleux
Bien sûr, la situation du logement étudiant à Louvain-la-Neuve est loin d’être idyllique, comme l’a montré récemment une enquête de la RTBF. De nombreux kots sont insalubres et les propriétaires privés ne sont pas toujours à l’écoute des plaintes de leurs locataires.
"On a des bâtiments plus vétustes mais ce sont précisément eux qui sont pris les premiers dans le plan de rénovation, précise Alexia Autenne, administratrice générale de l’UCLouvain. Mais il y a aussi de la vétusté dans les logements qui sont offerts par certains acteurs privés et qu’on a parfois tendance à associer à nous erronément. Quand il s’agit de nos propres étudiants, s’ils sont face à une situation personnelle difficile en lien avec leur logement, on peut toujours essayer d’intervenir. Donc on fait tout ce qu’on peut pour tirer tout ça vers le haut. Mais ça reste un défi majeur."
Source: www.rtbf.be/