Belgique/Réforme des médias de proximité : AKT for Wallonia propose l’aide financière des entreprises

Publié le 12/08/2025 | La rédaction

Belgique

En mai dernier, la ministre Jacqueline Galant (MR), en charge des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, a présenté son projet de réforme des médias de proximité (TV locales). Le nombre de ces télévisions passerait de 12 à 8. Le financement public serait réduit et les médias de proximité invités à chercher d’autres ressources, notamment dans le privé. AKT for Wallonia, le réseau des entreprises wallonnes, propose que les entreprises de Wallonie participent au financement en échange de davantage de couverture de l’actualité de ces entreprises.

Comment les médias de proximité, ceux qu’on appelait auparavant "les télévisions locales et communautaires" seront-ils à l’avenir financés? La réforme mise en chantier par la ministre Jacqueline Galant (MR), ministre des Médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, prévoit une diminution du nombre de ces médias à l’horizon 2031. Des 12 télévisions actuelles, il n’en resterait que 8. Dans le Hainaut, on passerait de quatre télévisions à deux et en Province de Namur, de trois à une. Cette réduction du nombre de médias de proximité serait accompagnée d’une réduction des budgets alloués par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Dans ce contexte, les médias de proximité ont été invités à chercher d’autres sources de financement, par exemple dans le privé.

Aujourd’hui, comme l’a révélé Sud Info dans ses colonnes, c’est le réseau wallon des entreprises, AKT for Wallonia, qui met une proposition sur la table. La fédération, née du rapprochement des chambres de commerce de Wallonie et de l’ex-Union wallonne des entreprises, indique que les entreprises wallonnes pourraient entrer dans le capital des télévisions locales. Ces entreprises aimeraient en échange que l’actualité qui les concerne soit davantage couverte.

Pas assez de vision sur les enjeux socio-économiques dans les médias de proximité, selon AKT

Cette proposition de financer les médias de proximité, c’est une "position commune" qui a été adoptée au sein de AKT for Wallonia, explique Jérôme Vecchio, patron hennuyer en charge de ce dossier pour la coupole des entreprises wallonnes.

Pourquoi les entreprises wallonnes financeraient-elles les médias de proximité? "On a toujours défendu les télévisions locales. On estime que c’est un outil important pour les citoyens et pour la démocratie locale", répond Jérôme Vecchio.  Quel serait l’intérêt des entreprises? "On pourrait avoir un peu plus de visibilité pour les entreprises", poursuit Jérôme Vecchio. "Si vous prenez une télévision locale, elle va défendre, à juste titre, [sa région] et présenter les infos, l’actualité, le sport et la culture. Et ça, c’est tout à fait important et on doit le maintenir", ajoute le patron hennuyer. Mais, explique-t-il, "on estime aussi que ça manque un petit peu dans ces télévisions locales de vision sur les enjeux et les projets socio-économiques, comme les entreprises locales qui performent, qui cherchent à engager ou qui innovent, par exemple".

 

Dans chacun des bassins couverts par un média de proximité, les entreprises locales trouveraient leur compte dans ce financement. "L’idée, c’était d’intervenir dans toutes les télévisions locales avec des fonds privés pour qu’une entreprise de Tournai puisse parler, par exemple, à sa télévision locale de Tournai".

Selon Jérôme Vecchio, le financement des médias de proximité par les entreprises pourrait se faire via "une intervention des chambres de commerce". "Parce qu’on ne veut pas favoriser une société qui a le monopole sur un territoire et qui prendrait part dans le capital […].  L’objectif est de donner la lumière à toutes les entreprises d’un bassin de vie", explique le patron qui imagine bien des "débats socio-économiques" comme "sur les télévisions nationales". "Je suis convaincu qu’on peut reproduire ce même modèle dans les télévisions locales", estime-t-il.

Pas d’intervention sur la ligne éditoriale des télés locales, assure AKT

Interrogé par la RTBF, Jérôme Vecchio rassure. Un financement des médias de proximité par des entreprises privées ne signifierait pas pour autant un contrôle de la ligne éditoriale de ces médias. "Ce n’est pas notre métier à nous d’écrire la ligne éditoriale", réagit Jérôme Vecchio. "On laissera toujours la démocratie journalistique régner parce que c’est toujours le rédacteur en chef et ses équipes qui écrivent la ligne éditoriale", poursuit-il. "Bien évidemment, cette ligne est présentée au conseil d’administration et à l’assemblée générale", ajoute-t-il, ce qui permettrait que "dans certaines émissions dans la journée ou dans la semaine, on puisse avoir des émissions économiques".

Une proposition qui irait dans le sens des objectifs de la réforme voulue par la ministre

La proposition d’AKT for Wallonia doit encore être davantage précisée si les télévisions locales et la ministre marquent leur intérêt. A ce stade, AKT for Wallonia n’est pas en mesure de fixer la hauteur de l’investissement que les entreprises feraient dans les médias de proximité. AKT attend aussi que le décret qui encadre les médias de proximité permette son intervention.

Du côté du cabinet de la ministre Galant, on explique aujourd’hui que la réforme en cours prévoit déjà la modification du décret, notamment sur la composition du conseil d’administration des médias de proximité pour l’ouvrir plus facilement à l’ensemble de la société civile et pour en limiter la taille (s’ils veulent être reconnus et financés).

Le cabinet de la ministre ajoute que cette suggestion de AKT va dans le sens des objectifs de la Ministre qui a déjà expliqué, ces derniers mois, que les médias de proximité devaient être moins dépendants des subsides publics et ouverts aux investissements privés.

Toujours selon le cabinet de la ministre, cette suggestion d’AKT for Wallonia, comme d’autres du secteur privé, devra être affinée et travaillée pour en analyser la faisabilité technique. 

Source:   www.rtbf.be/ 

 


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