Belgique/À Charleroi, une méthode inédite en Wallonie pour opérer une hernie discale
On évoque souvent le mal de dos comme étant le mal du siècle et l’hernie discale n’y est pas innocente. Des chiffres de l’UCLouvain estiment à 50.000 le nombre de Belges qui souffrent de hernie discale. À la Clinique Notre-Dame de Grâce de Gosselies près de Charleroi, on a opté pour une méthode venue d’Allemagne pour l’opérer : la technique endoscopique.
La hernie discale est un mal que de nombreux Belges connaissent sans forcément savoir de quoi il s’agit exactement. Le neurochirurgien Emmanuel Costa en opère des dizaines tous les ans à la clinique de Gosselies : "Entre chaque vertèbre, il y a ce qu’on appelle un disque intervertébral (le coussinet entre les vertèbres). On peut imaginer l’hernie discale comme un gros coussin bien rempli (le disque) et on donne un coup de couteau dans le coussin. Imaginons que les plumes dans le coussin s’échappent. La hernie discale ce sont les plumes qui s’échappent et qui vont toucher les nerfs aux alentours et créer la douleur. Et donc le but de la chirurgie, c’est de venir simplement retirer les plumes en laissant les autres plumes dans le coussin pour que le disque puisse continuer à faire son travail".
Moins invasif
Depuis quelques années le docteur Costa, avec le soutien de la clinique de Gosselies, a opté pour une méthode innovante pour extraire les hernies discales. "Une chirurgie endoscopique, c’est une chirurgie qui est invasive au minimum. C’est-à-dire qu’on vient faire une incision entre sept et huit millimètres et passer un endoscope au niveau du dos pour arriver jusqu’à la colonne vertébrale. Cette endoscopie permet de retirer l’hernie en faisant le moins de dégâts possible dans la colonne. Ça permet d’éviter que les patients n’aient des problèmes comme de l’arthrose ou d’autres pathologies à l’avenir".
Un endoscope équipé d’une caméra et qui retransmet les images sur un écran 4K, ce qui permet au chirurgien une vision très détaillée du chemin parcouru dans le corps du patient. "On a une visualisation incroyable sur un écran 55 pouces. L’avantage également avec la technique endoscopique, c’est de pouvoir coaguler les tout petits vaisseaux qui saignent sans faire de grosse coagulation et d’être le moins agressif possible sur le tissu. Et enfin, on déséquilibre moins la colonne parce qu’on ne doit pas couper d’os, on ne doit pas couper de muscle, on passe vraiment à travers jusqu’à la colonne", explique le docteur Costa.
Des patients ravis
Une méthode qui bénéficie aussi au patient selon le chirurgien. "Autre gros avantage, c’est que la chirurgie qu’on a faite aujourd’hui a duré dix minutes. En général, une chirurgie ouverte, on varie plutôt entre 40 et 50 minutes. Il faut donc moins d’anesthésie avec la chirurgie endoscopique. Le temps d’hospitalisation est aussi diminué parce que les patients ont moins de douleurs postopératoires et donc on a une récupération qui est simplement plus rapide".
Une analyse confirmée par Tristan Renquin, il s’est fait opérer d’une hernie discale en septembre 2024. "Quelques mois après avoir été opéré et une revalidation sérieuse, j’ai pu reprendre les compétitions sportives. Lorsque j’étais sur le brancard pour aller en salle d’opération, je me tordais de douleur. Au réveil, plus rien. C’est comme s’il y avait eu un bouton on/off de la douleur avant et après l’opération", explique-t-il.
Pas que des avantages
Si cette chirurgie endoscopique ne présente que des avantages, on peut se demander pourquoi elle n’est pas encore généralisée alors qu’elle existe depuis de nombreuses années. "C’est une technique qui coûte deux à trois fois plus cher qu’une chirurgie classique à cause du matériel mais ce sont des surcoûts à charge de l’hôpital", explique le docteur Emmanuel Costa. "Maintenant, le patient passe beaucoup moins de temps en hospitalisation, il a moins besoin de médicaments, moins besoin de soins, il est plus vite sur pied et retourne plus vite au travail. Donc finalement le coût global diminue".
De plus, la chirurgie endoscopique nécessite une très longue formation. "Le souci, c’est que c’est une courbe d’apprentissage qui est assez faible, c’est-à-dire qu’il faut pratiquer beaucoup avant de maîtriser cette opération. Donc il y a des formations à faire en Allemagne. Il faut pratiquer sur des cadavres à de nombreuses reprises. Il y a ensuite des neurochirurgiens ou des orthopédistes allemands qui viennent en Belgique nous former pour être certains qu’on puisse utiliser le matériel en toute sécurité pour le patient. Nous commençons à opérer autour des vertèbres les plus basses car c’est là qu’il y a le plus d’espace pour opérer et l’évolution se fait pas à pas vers des chirurgies plus hautes au niveau de la colonne".
Une méthode qui est assurément l’avenir des chirurgies de hernies discales. Le docteur Julien Delaunois et actuellement formé par le docteur Costa. "Tout est accéléré en postopératoire donc c’est clairement dans l’intérêt du patient. C’est un investissement à discuter avec les hôpitaux mais c’est tout bénéfice", conclut-il.
Source: www.rtbf.be/