Burkina Faso/Production de petits ruminants : Le projet Yidgiri renforce les capacités de 30 producteurs sur les nouvelles pratiques de fauche
Le projet « USAID Yidgiri » a organisé, du 14 au 16 novembre 2024, un voyage d’étude au profit de 30 producteurs de petits ruminants sur les nouvelles pratiques de fauche, de conservation, de stockage et de commercialisation du fourrage naturel dans la zone de Bobo-Dioulasso. Cette visite a permis à ces acteurs de s’imprégner des nouvelles pratiques et technologies de la station de recherche de l’Institut de l’environnement et de recherche agricole (INERA), mais aussi de nouer des relations d’affaires avec d’autres acteurs de la zone de Bobo-Dioulasso.
Ce voyage d’étude entre dans le cadre de la mise en œuvre des activités du projet Yidgiri, financé par l’USAID sur la période de 2020 à 2025. Ce projet est mis en œuvre par l’organisation internationale CNFA (Cultiver de nouvelles frontières dans l’agriculture) dans les régions du Centre-nord, du Sahel et l’Est du Burkina Faso. Selon le coordonnateur régional-Kaya dudit projet, Edouard Sédogo, il vise à améliorer durablement les revenus des ménages et l’état nutritionnel des populations de sa zone d’intervention. Cela est rendu possible grâce au renforcement de la performance des systèmes de marchés, l’accroissement de l’utilisation des intrants et services agricoles de qualité et l’augmentation de la consommation d’aliments locaux sains et riches en nutriments.
Le projet Yidgiri appartient à un programme global de l’USAID appelé RISE. Il vise à toucher 85 000 personnes dont 80% de femmes et de jeunes. Pour atteindre donc ses objectifs, Yidgiri a fondé sa stratégie d’intervention sur le renforcement de trois chaînes de valeurs que sont le niébé, la volaille et les petits ruminants. Pour cela, le projet a décidé de mettre les populations en coopérative ou en union de coopérative, afin de les mettre en relation avec des fournisseurs de services d’intrants, mais aussi avec des acheteurs et des transformateurs.
« Nous avons développé des plateformes de marché qui sont des foires que nous organisons avec les unions chaque année. Nous avons aussi ce qu’on appelle l’approche GRAP qui consiste à organiser des rencontres B2B afin de mettre les responsables des unions en relation avec des acheteurs et les résultats sont palpables sur le terrain », a appuyé Edouard Sédogo. A l’en croire, pour ce qui concerne les petits ruminants, le projet ambitionne améliorer leur productivité d’au moins 50%. Et cela ne peut se faire sans une amélioration de la disponibilité du fourrage qui est une des contraintes majeures des agropasteurs. Pourtant des techniques de production et de conservation de fourrage sont mises au point mais leur adoption par la majorité des éleveurs reste timide.
C’est ainsi que le projet USAID Yidgiri a entrepris, depuis 2021, plusieurs actions afin d’encourager la production du fourrage par les membres des sociétés coopératives à travers notamment des sessions de formation sur les techniques de coupe et de conservation du fourrage naturel avec des outils conçus et amélioré par des acteurs de la recherche dont l’INERA. Ainsi, au cours des années 2023 et 2024, le projet a pu former des producteurs leaders des trois zones d’intervention aux techniques de production de fourrage et a fourni à ces producteurs, des kits de semences de fourrage pour la production. Cette formation a été renforcée également par des visites de partage d’expériences.
Renforcer les capacités des producteurs
« Certes, les résultats étaient satisfaisants, mais nous avons constaté des insuffisances à l’évaluation. Le suivi régulier des activités réalisées a donc montré que les paramètres de production ne sont pas maîtrisés totalement par ces producteurs. Donc nous avons poursuivi l’accompagnement avec encore des voyages d’études afin de renforcer leur confiance et leurs capacités techniques. A l’orée de la fin du projet, nous sommes dans les solutions de durabilité. C’est vrai que l’approche même contient sa solution de durabilité, mais des initiatives sont encore développées et c’est ce qui nous a amené à l’INERA Farakoba », a-t-il expliqué.
Ce voyage a concerné 30 producteurs leaders, en plus des responsables des unions. Il était question de renforcer ainsi leurs compétences dans les techniques de fauchage et de conservation du fourrage afin qu’ils puissent servir de modèles à reproduire dans leurs communautés. Ainsi, du 14 au 16 novembre, ils ont pu visiter plusieurs sites dont le site des essais sur la recherche de fourrage, celui de la recherche sur le fourrage ainsi que d’autres technologies qui sont en train d’être innovées. « Il y a aussi les techniques de conservation du fourrage qu’ils ont appris parce que si le fourrage est produit et qu’il ne peut pas être bien conservé, il perd sa valeur nutritive », a indiqué Edouard Sédogo. Les acteurs ont pu visiter aussi des producteurs modèles de la zone de Bobo-Dioulasso pour un partage d’expériences. Le coordonnateur du projet a souhaité que ces producteurs, une fois dans leurs localités, puissent, à partir des connaissances acquises, se lancer véritablement dans la culture du fourrage et impacter d’autres acteurs.
Cette visite a permis aux producteurs d’échanger avec des techniciens de l’INERA sur de nouvelles connaissances, mais aussi d’échanger avec d’autres producteurs modèles sur les opportunités commerciales de la production de fourrage. Elle a été aussi l’occasion pour eux de nouer des relations d’affaires avec d’autres acteurs de la zone de Bobo-Dioulasso.
INERA, partenaire du projet Yidgiri
Dr Nouhoun Zampaligré est maître de recherche en système de production animale, par ailleurs directeur général de l’Ecole nationale de l’élevage et de la santé animale. Il a rappelé que la recherche, notamment l’INERA, est chargée de développer des technologies d’innovation au profit du monde rural pour résoudre des questions de développement. Dr Zampaligré a saisi cette occasion pour faire le cours de l’histoire du partenariat entre le projet Yidgiri et l’INERA. A l’en croire, c’est à l’initiative du projet qui évaluait les besoins des producteurs notamment la chaîne de valeur petit ruminant, volaille et niébé que cette collaboration a vu le jour.
« Nous avions présenté des technologies que la recherche a pu mettre en place et ils ont choisi celle sur la production fourragère pour faire face aux difficultés liées à l’alimentation du bétail. C’est ainsi que le projet a noué un partenariat avec la recherche notamment avec l’INERA Farakoba. Nous avons eu à former ces producteurs aux techniques de production de fourrage et à les accompagner avec des semences de qualité », a-t-il laissé entendre. A l’en croire, plusieurs autres formations ou de recyclage ont été organisées au profit des acteurs pour mieux s’approprier la technologie sur les productions fourragères.
Au cours de leur séjour à l’INERA Farakoba, ils ont appris les techniques de conservation du fourrage qu’ils auraient produit en saison pluvieuse, pour nourrir les animaux en saison sèche ; ils ont appris la technique de valorisation de la paille avec les traitements à l’urée et à la mélasse pour augmenter la valeur nutritive ainsi que la technique de l’ensilage. Ils ont par ailleurs pu visiter des champs avec les différents fourrages au sein de la station de Farakoba.
Toutes ces techniques apprises visent à conserver le fourrage produit et améliorer sa qualité au profit du bétail. « Avec une maîtrise de l’alimentation et la disponibilité de ces aliments enrichis, ils pourront ainsi améliorer la production de leurs petits ruminants et améliorer leurs revenus. Donc l’animal sera de qualité et le prix sera plus intéressant pour eux. La viande sera de qualité pour le consommateur », a laissé entendre Dr Nouhoun Zampaligré.
Les bénéficiaires saluent le projet
Mady Sawadogo est le président de l’Union provinciale Nèem noma des éleveurs de petits ruminants de Sanmentenga. Pour lui, l’initiative du projet Yidgiri est la bienvenue ainsi que ce voyage d’étude car il dit avoir appris beaucoup de choses. « Le projet Yidgiri nous accompagne depuis maintenant 5 ans. En collaboration avec l’INERA, nous avons été formés et cela nous a permis de mettre en pratique nos champs fourragers. A travers ces champs, nous avons vu que c’est une activité très rentable parce que la question de l’alimentation du bétail est un problème majeur. Donc la culture fourragère va nous permettre de minimiser ces problèmes liés à l’alimentation du bétail surtout des petits ruminants », a souligné Mady Sawadogo.
Avant de poursuivre : « Nous allons pouvoir produire du fourrage pour nos petits ruminants, mais aussi créer du business pour nous permettre d’avoir beaucoup de revenus. La population pourra aussi avoir de la viande de qualité. La production de fourrage est très rentable et nous comptons la mener comme une activité principale au niveau du Centre-nord. Aujourd’hui c’est le projet qui nous accompagne et nous avons pu avoir une bonne collaboration avec l’INERA et nous allons travailler à garder cette collaboration même après le projet ».
Asséta Ouédraogo/Sawadogo est également bénéficiaire du projet. Elle a apprécié le mécanisme du projet car, dit-elle, le projet a permis de renforcer notre connaissance en technique d’élevage surtout dans la production du fourrage. « Nous avons appris à faire la production, la conservation et le dosage pour donner aux animaux afin d’avoir des ovins de qualité. Le projet Yidgiri nous a vraiment apporté beaucoup de connaissances en termes de renforcement de capacités. Nous avons également reçu du matériel de la part du projet. A travers cette visite, nous avons appris beaucoup choses et cela va nous faciliter l’embouche », a-t-elle salué.
Source: lefaso.net