Canada/ Favoriser l’inclusion sociale grâce au parrainage civique

Publié le 24/07/2024 | La rédaction

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Depuis plus de 40 ans, un organisme appelé le Parrainage civique de la Vallée-du-Richelieu permet à des personnes ayant un trouble de développement intellectuel de pouvoir sortir de leur solitude en étant jumelées avec un bénévole avec lequel elles vivront une relation significative contribuant ainsi à leur inclusion sociale. Le jumelage de Louise et Julie montre la réussite d’une telle initiative.

Un trouble de développement intellectuel inclut la déficience intellectuelle (terme qu’on tente d’éviter maintenant, le TSA (Trouble du spectre de l’autisme) et problème de santé mentale. Merlin Fournier-Jean, directeur général de l’organisme, préfère, quant à lui, parler d’un état plutôt que d’une problématique.

Besoins à Sorel-Tracy

Si au début, l’organisme, qui est situé à Belœil, ne couvrait pas la MRC de Pierre-De Saurel jusqu’en 2014, les besoins criants ont changé la donne au cours des années. « La région de Sorel-Tracy n’était pas desservie adéquatement à cause de l’éloignement, mais aussi parce que ce territoire était plutôt mal aimé. Le concept de parrainage pour les personnes ayant un trouble de développement intellectuel n’était pas très répandu ici, mais les besoins pour des services comme les nôtres s’étaient manifestés grandement », explique M. Fournier-Jean.

Les besoins sont tels que pas moins de 30 % du membership de l’organisme provient de Sorel-Tracy et de la MRC de Pierre-De Saurel. « Sorel-Tracy est une belle communauté et nous avons beaucoup développé le territoire. Sur 29 jumelages, on en compte 7 à Sorel-Tracy. Mais plusieurs sont en attente de jumelage », révèle le directeur général de l’organisme.

Un bénévolat moins sexy, mais…

Merlin Fournier-Jean le concède, le parrainage d’une personne ayant un trouble de développement intellectuel séduit peut-être moins, mais il est pourtant majeur dans la vie d’une personne soutenue par un bénévole. « Il y a une méconnaissance de cette clientèle, des préjugés, mais chez nous, elle est triée sur le volet, comme les bénévoles d’ailleurs. Il n’y a pas d’enjeux de comportement, violent ou autre. Il leur faut, de prime abord, une capacité d’entrer en relation avec une autre personne », explique-t-il.

Le filleul peut-être référé par une ressource communautaire et parfois par le parent. « Nous évaluons ensuite le filleul pour voir s’il ou elle peut bien s’intégrer. Nous nous informons ensuite sur ses intérêts, ses passions et l’invitons ensuite à participer à nos activités. Ensuite, nous passons au jumelage proprement dit avec un bénévole qui correspondra le plus fidèlement possible au profil du filleul. Pour le bénévole, il y a évidemment une rencontre avec un intervenant et deux options s’offrent à lui. Il ou elle peut être jumelé ou faire du bénévolat de soutien. Il y a ensuite un filtrage policier et la participation à des activités, ce qui permet au bénévole de se familiariser avec la clientèle et voir les concordances avec les filleuls potentiels. Suivent ensuite une probation de trois mois et un suivi. Nous sommes là pour encadrer et soutenir cette relation d’amitié puisque c’est de cela qu’il s’agit. Ils vivent beaucoup d’isolement et le soutien d’un bénévole leur est précieux. Ça prend parfois une toute petite chose pour que la personne parrainée soit heureuse et ils ne se font pas prier pour partager leur bonheur », assure le directeur général.

L’organisme demande au bénévole, parrain ou marraine, de consacrer trois heures par mois au minimum au filleul, mais cela peut-être plus, à la discrétion du bénévole. Les parrains et les marraines ne sont pas des spécialistes en psychologie, mais ce sont des gens provenant de milieu divers. C’est monsieur et madame tout le monde. Les heures consacrées au filleul peuvent être comblées de différentes façons. Les possibilités sont innombrables. De simples activités sociales ou sportives, le cinéma, une balade dans un parc ou simplement aller prendre un café.

« Le parrainage apporte à la personne plus d’autonomie, une participation citoyenne et une valorisation importante. Il est peut-être plus difficile de trouver des bénévoles. On parle d’une clientèle fragile, mais ces derniers doivent savoir que les filleuls ont une richesse incroyable à partager », de conclure Merlin Fournier-Jean.

Louise et Julie ont développé une belle relation d’amitié

Ce n’est peut-être pas le genre de bénévolat le plus séduisant, car il subsiste encore beaucoup de préjugés envers la clientèle du Parrainage civique de la Vallée-du-Richelieu, dont la mission est de jumeler des bénévoles avec des personnes aux prises avec un trouble de développement intellectuel, mais tous les jumelages se veulent pourtant de belles réussites.

C’est le cas de celui de Louise Lussier et Julie Legault qui, depuis sept ans, vivent une belle relation d’amitié. Au départ, Louise Lussier, 78 ans, n’était pas destinée à devenir marraine. Comment est-elle devenue la marraine de Julie?

« C’est un concours de circonstances. J’étais bénévole au CAB du Bas-Richelieu à Sorel-Tracy et je faisais du transport pour ceux qui en avaient besoin. Julie, 47 ans, qui est de Saint-Roch, avait besoin régulièrement de nos services, notamment pour du transport médical et j’ai appris à la connaître. Elle était inscrite au parrainage civique et comme elle m’aimait bien, elle m’a suggéré de devenir sa marraine », relate Louise Lussier.

Les deux avaient une chose en commun : elles parlaient, elles parlaient et elles parlaient. « Dire qu’après ma naissance, ma mère disait toujours que je ne parlerais jamais », fait remarquer Julie, qui doit conjuguer avec une trisomie 21.

Après que Julie eût expliqué en quoi consistait le parrainage civique, Louise a accepté après quelques brèves minutes de réflexion. « C’est le destin qui a mis Julie sur mon chemin. Je suis ensuite passée par toutes les étapes préliminaires du jumelage et depuis, on se rencontre pour faire toutes sortes d’activités depuis sept ans », résume Louise Lussier.

Pas exigeant et enrichissant

Le parrainage civique demande que le parrain ou la marraine consacre un minimum de trois heures par mois au filleul. « On se voit une journée par mois et on s’appelle chaque semaine », mentionne Louise. « Nous participons à des activités du parrainage civique à Belœil, nous jouons au golf, aux quilles, on va souper, dîner, ce n’est pas les idées d’activités qui manquent », indique Julie.
Mais qu’apporte ce jumelage? « En ce qui me concerne, cela m’apporte un grand bien-être de donner au suivant de cette façon. Nous avons créé une belle amitié ensemble. Julie est différente, avec ses limitations, c’est sûr, mais elle est tellement dynamique », décrit Louise Lussier.

« Elle fait partie de ma vie. On partage de beaux moments ensemble et on rit énormément, souligne Julie, pour sa part. C’est important pour moi d’avoir une marraine. Cela m’apporte de la joie, du bonheur et me permet de rencontrer du monde. »

« Ça vaut vraiment la peine. On peut changer la vie d’une personne de façon significative en l’accompagnant de cette façon et il y a beaucoup de bénéfices à être parrain et marraine. C’est très enrichissant », croit fermement Louise Lussier.

Le Parrainage civique de la Vallée-du-Richelieu est un organisme très sérieux, qui fait preuve de beaucoup de rigueur dans son processus de jumelage. Son équipe est composée de personnes attentionnées. « Le directeur, Merlin Fournier-Jean, m’a même accompagnée à l’hôpital et il m’a beaucoup rassurée, car j’étais très craintive. Je crois que c’est important que cela soit mentionné », relate Julie qui est une personne très active et qui s’implique dans beaucoup de causes comme bénévole. Elle a même participé à la Guignolée avec Louise, car elle est consciente de l’importance d’aider les autres.
Actuellement, il y sept jumelages dans le secteur de Sorel-Tracy, mais les besoins sont grands et plusieurs filleuls sont en attente de jumelage.

Source:    les2rives.com/


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