Zambie/Un haricot transforme des vies dans l’ouest de la Zambie
Le niébé, un haricot à œil noir résistant à la sécheresse, aide les agriculteurs à s’adapter au changement climatique et à renforcer leur sécurité alimentaire.
Memory Chilombo Chitengi passe ses matinées à s’occuper de sa ferme à Lukanda, en Zambie. Elle se lève avant l’aube et passe les premières heures de la journée à planter, désherber et cultiver ses récoltes. Pendant des années, les récoltes de Memory, 34 ans (maïs, riz et légumes de potager), lui ont permis de subvenir aux besoins de sa famille de 12 personnes. Mais la sécheresse de cette année, qui a récemment été qualifiée de catastrophe nationale, a menacé les moyens d’existence de Memory et d’un million d’autres familles en Zambie. Elle a détruit les récoltes et dévasté le secteur agricole.
Heureusement, Memory a pu résister à la tempête grâce à un petit haricot appelé niébé.
Le niébé, également appelé haricot à œil noir, résiste à la sécheresse, pouvant pousser dans des sols secs. En Zambie, c’est une culture traditionnelle qui est produite dans certaines fermes de la province de l’Ouest du pays. En raison de ses propriétés résilientes au changement climatique, Action contre la Faim aide des agriculteurs comme Memory à produire cette culture à plus grande échelle. Memory et près de 1 300 autres personnes apprennent actuellement à s’adapter au changement climatique, à renforcer leur sécurité alimentaire et à récolter une grande quantité de cette légumineuse.
« Nous pouvons mettre un terme à la faim en tirant parti des données et de l’innovation pour surmonter les défis à long terme », explique le Dr Charles Owubah, PDG d’Action contre la Faim, qui a récemment visité la ferme de Memory. « En Zambie, nous avons découvert que nous pouvions produire une culture qui prospère malgré la sécheresse. »
En Zambie, Owubah a rencontré le ministre de l’Agriculture, Reuben Mtolo Phiri, pour discuter de moyens de renforcer l’approche d’Action contre la Faim dans la province de l’Ouest, ainsi que de soutenir les agriculteurs comme Memory.
Pour Memory et sa famille, la vie à Lukanda n’est pas facile. La sécheresse dure depuis plus de cinq semaines et touche 84 des 116 districts du pays. Le changement climatique et le phénomène météorologique El Niño alimentent une crise qui a déjà détruit plus d’un million d’hectares de cultures, soit près de la moitié des terres cultivées du pays. En plus d’exacerber l’insécurité alimentaire, la sécheresse menace l’approvisionnement en eau et en énergie du pays.
La province de l’Ouest de la Zambie, où habite Memory, a été particulièrement touchée. Plus de 80 % de la population de la province vit avec environ 2 € par jour et dépend de l’aide humanitaire pour survivre. Memory, comme de nombreux autres agriculteurs, a beaucoup souffert de la sécheresse et a décidé de se tourner vers le niébé.
Le niébé est riche en nutriments et constitue un aliment de base dans de nombreuses cultures. Il regorge de vitamines essentielles telles que le fer et le potassium et présente de nombreux avantages pour la santé, tels que la réduction du risque de maladies cardiovasculaires. Le niébé peut être transformé en farine, préparé en houmous, grillé ou bouilli. En Zambie, où 35 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique, les cultures résilientes au changement climatique peuvent sauver des vies.
« La crise climatique est une menace bien réelle », déclare Owubah. « La question est : comment allons-nous nous adapter ? La science va jouer un rôle essentiel. »
Memory et d’autres agriculteurs continueront de récolter le niébé dans les mois à venir. Leur travail est soutenu par Action contre la Faim, qui dirige un programme décennal visant à lutter contre la faim et à renforcer la résilience grâce à une agriculture intelligente face au climat. Le programme vise à aider les communautés locales à générer un changement durable. Memory va apprendre à récolter le niébé, à trouver de nouveaux marchés où vendre ses récoltes, à investir dans sa ferme et à entrer en contact avec des institutions financières pour épargner pour l’avenir.
« Memory est très forte. Elle est confrontée à des difficultés tous les jours, mais elle ne perd jamais espoir », explique Owubah. « Les personnes comme Memory nous prouvent que pour réussir, il suffit de disposer des bons outils et de faire les bons investissements. »
La transition du maïs au niébé n’a pas été facile pour Memory, qui a dû faire face à de nombreux défis, tels que le manque de terres cultivables et l’absence de charrues et de bœufs. Mais plusieurs membres de sa famille l’ont aidée à cultiver son champ, et il ne leur a fallu que 10 jours pour préparer la terre et sept jours pour planter le niébé.
Son dur labeur a porté ses fruits : elle prévoit de récolter 20 sacs de niébé, chacun pesant plus de 45 kilos. Grâce à ses revenus, Memory pourra payer les frais de scolarité de ses enfants, acheter des aliments nutritifs et agrandir sa ferme.
Action contre la Faim en Zambie
Le programme de résilience au changement climatique d’Action contre la Faim en Zambie a été conçu pour atténuer l’impact du changement climatique et y faire face au cours des dix prochaines années. Dans la province de l’Ouest, Action contre la Faim est en train de construire un réseau intelligent face au climat qui aidera les agriculteurs à produire des cultures résistantes à la sécheresse, comme le niébé.
Nos équipes travaillent aux côtés des membres de la communauté pour renforcer les systèmes d’irrigation, faciliter la plantation et la récolte et sensibiliser la population à la gestion des ressources, à la conservation des aliments, au stockage de l’eau, etc. Le personnel s’efforcera également de renforcer l’économie locale et de connecter les agriculteurs à des réseaux financiers plus larges.
Source: www.actioncontrelafaim.org