France/Les petites communes de l’Eure vont lutter contre les violences intrafamiliales

Publié le 22/02/2024 | La rédaction

France

C’est un chiffre qui fait frémir dans l’Eure. En 2023 dans le département normand, près de la moitié des faits d’atteinte à l’intégrité physique des personnes (AVIP) - comprendre « violences physiques, menaces de violences et violences sexuelles » - concernent des violences intrafamiliales. Très exactement 3044 faits recensés sur 6451, soit 82 victimes par jour, majoritairement des femmes et majoritairement en territoire rural. Des chiffres en hausse de 26,2 % entre 2022 et 2023.

Dans le département, plusieurs dispositifs existent déjà pour accueillir les personnes victimes de violences au sein du foyer. « Notre première priorité, c’est l’accueil des victimes, rappelle le préfet de l’Eure Simon Babre. Dans tous les commissariats de police, nous avons des policiers formés qui se spécialisent sur l’accueil des victimes de violences intrafamiliales, pour que, à la fois l’accueil et ensuite la qualité de l’enquête soient de la meilleure qualité possible, pour avoir des résultats en termes de répression des auteurs. »

Il existe également, au sein du centre hospitalier Eure-Seine, à Évreux, une cellule dite CASEVA. Composée de médecins légistes pour caractériser les blessures, de psychologues et médecins généralistes qui coopèrent pour prendre en charge une victime, « le CASEVA est aussi en pointe sur l’accueil des enfants avec une salle Mélanie. Cette salle, spécialement conçue pour les enfants avec des jouets et des peluches, des caméras et autres systèmes d’enregistrement camouflés derrière une vitre sans tain, va aider les professionnels formés à prendre en charge les enfants et leur fournir des supports pour mieux décrire les actes dont ils ont été victimes.

« Quand on est élu local, on n’est pas forcément au fait de ce qui existe (en matière de prévention et d’action autour des violences intrafamiliales), on découvre au fil de l’eau et, bien souvent, on n’est pas équipés pour répondre correctement face à ces situations », témoigne cependant Bernard Aubry, le maire d’Harcourt, une commune d’un millier d’habitants à une trentaine de kilomètres au nord-ouest d’Évreux. Pour tenter d’apporter une réponse supplémentaire et combler ce manque de connaissances des outils en place, le préfet de l’Eure a signé ce vendredi un partenariat avec l’association des maires ruraux du département, afin d’appliquer le programme ERRE (Élu Rural Relais de l’Égalité) sur le territoire.

« On va envoyer le courrier cosigné par le préfet et moi-même à tous les maires des communes sur le territoire, explique Laurence Bussière, présidente de l’Association des maires ruraux de l’Eure. Au sein des conseils municipaux, des élus seront invités, par ce courrier, à être formés et à devenir référents. » Ces référents ERRE, au nombre d’un millier en France aujourd’hui, sont chargés de mettre en place des actions de sensibilisation et de prévention, de rediriger les victimes de violences vers des structures locales adaptées ou des associations susceptibles de les aider, afin de mieux valoriser leurs droits et lutter contre les violences perpétrées.

Pour endiguer ces violences, la préfecture de l’Eure souhaite se pencher sur la question des conduites addictives, y compris au sein du foyer. « La politique globale de prévention contre les violences intrafamiliales, dans notre département doit vraiment passer par la prévention des addictions, alcool, stupéfiants, précise Simon Babre. Les dérapages dans les cellules familiales semblent beaucoup apparaître, ou en tout cas prendre des proportions, avec de la violence physique et des blessures chez les victimes, dans des contextes alcoolisés ou sous stupéfiants. »

Des conduites plus souvent repérées dans des familles éloignées de l’emploi ou isolées culturellement ou socialement. À Harcourt ce vendredi 16 et ce samedi 17 février, c’est une association locale qui s’empare du sujet. L’ATCPH, pour Association Tourisme, Culture, Patrimoine Harcourt, organise deux jours d’ateliers, de conférences et de débats pour interpeller les élus et le grand public sur cette question des violences au sein de la famille. Ils seront suivis, samedi après-midi, par la représentation du spectacle « Enfance heureuse » de la comédienne Antonella Questa.

 

Des ateliers d’empathie pour raviver la vigilance

« La culture apporte une ouverture bienvenue face à l’entre-soi, bien souvent responsable de comportements inadaptés et inacceptables », revendique Annie Gorju, de l’ATCPH. L’artiste, qui s’appuie sur la théorie de la pédagogie noire de la psychanalyste Alice Miller, a imaginé un conte où les questions de l’obéissance, de l’expression de ses émotions et de l’écoute de soi et des autres sont remises en cause pour repenser la place de chacun et notamment des enfants au sein de la famille. En amont de son spectacle, elle anime deux ateliers avec des élus et membres d’associations pour valoriser leurs capacités d’empathie. Sous forme de jeu, elle ravive l’attention, l’écoute et la vigilance des participants, toujours dans l’objectif de leur rappeler l’importance de l’empathie en première réponse.

Autre temps fort de l’événement, une conférence sur la lutte contre les conflits animée par Rachida Laoufi-Saber. La déléguée au programme ERRE y donne la parole aux élus locaux et aux associations, revient sur les processus et les parcours existants et rassure pour aider à libérer la parole. « Une dénonciation seule n’entraînera jamais de condamnation, rappelle une participante dans la salle, mais elle sert d’alerte pour ensuite prendre en charge » un foyer en difficulté pour éviter que la situation ne dégénère. « Ce que l’on souhaite, c’est ne pas avoir à faire le 17, car cela signifie que la personne est en danger, mais agir en amont. »

Source:    www.msn.com/fr-fr/


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