Burkina : Une table ronde pour conscientiser la jeunesse
L’Initiative pour la coopération économique et financière (ICEF-Burkina) /Brics a organisé, conjointement avec l’association Bolo Yan et African Initiative, une table ronde bilatérale autour du thème : « La lutte pour la souveraineté de nos Etats face au néocolonianisme : états des lieux aujourd’hui au Burkina Faso ». L’événement s’est déroulé le samedi 10 février 2024, à Ouagadougou.
La table ronde bilatérale fait suite à la tenue d’une conférence sur la santé et souveraineté. Répondant à l’appel de l’ICEF-Burkina/Brics et de l’association Bolo Yan et African Initiative, étudiants, autorités religieuses, enseignants, et commerçants se sont rendus massivement au jardin Bogolo pour participer à cette importante activité. En initiant cette table ronde, les trois structures organisatrices visaient un objectif bien précis : mieux conscientiser la population à prendre le train de la liberté en marche, le Burkina Faso, disent-ils, étant dans un nouveau dynamisme.
« Nous voulons que la population comprenne sur quoi le pays est engagé et en quoi nous devons aspirer à cette souveraineté qui est très importante pour le développement de notre pays. Tant qu’elle n’aura pas les informations, il sera très difficile d’avoir des dirigeants qui aspirent à la liberté », a déclaré Mbaye Barry, le président de l’association Bolo Yan, créée en 2010 avec pour objectif de promouvoir l’amitié entre les peuples. D’où la présence d’un drapeau russe. Ce geste est interprété comme une prise de position. « La Russie est un partenaire sincère qui parle de la souveraineté et qui pense que la vraie souveraineté c’est de laisser les pays choisir leurs amis et être indépendants. Avec la Russie, c’est un partenariat gagnant-gagnant pour le Burkina Faso », se justifie M. Barry.
Cette table ronde a eu pour thème « La lutte pour la souveraineté de nos Etats face au néocolonianisme : états des lieux aujourd’hui au Burkina Faso ».
Des sous thèmes ont été abordés par des experts. Les panélistes étaient composés de Dr Pepin Ollo Hien, enseignant chercheur et politologue, Hassane Bationo, activiste, Bernard Yoda, ingénieur du génie civil, Seni Cami, et Soumaila Cissé, auditeur comptable. Dans sa communication, le Pr Hien a clarifié certains concepts clés du thème central à savoir la souveraineté et le néocolonialisme et fait le lien avec les enjeux de la lutte pour la souveraineté au Burkina Faso qui, selon lui, passe nécessairement par des regroupements solides et la lutte contre le terrorisme, la dernière manifestation de l’impérialisme. Il a poursuivi en insistant sur les défis à relever pour aboutir à un développement endogène.
Ces défis concernent essentiellement la rupture avec les systèmes de domination néocoloniaux. « Le Burkina Faso a construit une voie de développement endogène qui est une voie juste. Une voie qui pourra sortir le Burkina Faso de la situation de décadence politique et économique dans laquelle les Burkinabè sont aujourd’hui », a-t-il souligné.
Le développement endogène doit également se faire à travers la création d’un autre espace communautaire pour poser les bases d’une vraie solidarité entre les peuples. Laquelle solidarité devrait permettre de mutualiser les efforts et les ressources pour parvenir à un développement endogène dans un espace communautaire intégré, a laissé entendre Dr Hien.
Pour lui, la rupture avec le néocolonialisme a des avantages à tout point de vue.
Elle permettra au pays d’avoir une autonomie de gestion au plan politique comme au plan économique. Cette rupture permet également de mieux responsabiliser la population. « Désormais, le peuple doit compter sur ses propres ressources et non sur les vendeurs d’illusions qui viennent ici pour leur proposer des solutions. Alors qu’en réalité ce sont eux-mêmes qui constituent le problème ».
L’autre aspect, c’est de bâtir un modèle de développement basé sur un système démocratique qui puisse convenir aux aspirations du peuple. « Il y a des institutions politiques qu’on nous a imposé de l’extérieur mais qui n’arrivent pas à s’arrimer à nos réalités socio-anthropologiques. C’est pour dire qu’à ce niveau, il faut une réinvention démocratique qui puisse permettre à tous les acteurs de prendre une part active au processus politique dans notre pays. Auquel cas, si on doit toujours être dans le schéma de l’occidentalisation, il est difficile que nous puissions parvenir à un développement endogène », soutient-il. Le développement endogène suppose aussi une mobilisation populaire à tous les niveaux et un leadership de qualité, a-t-il conclu.
Source: lefaso.net/