Belgique/Hainaut : de moins en moins de dentistes dans les zones rurales

Publié le 29/11/2023 | La rédaction

Belgique

1 pour 1700. C’est la proportion de dentistes par habitant en province de Hainaut, la province la plus mal lotie en Belgique. On peut même parler de pénurie dans certaines régions comme le Borinage. Les dentistes de village disparaissent, au profit de centres dentaires beaucoup plus importants. Comment expliquer cette situation ? Peut-on y remédier ? Nous avons rencontré des dentistes hennuyers qui s’inquiètent pour l’avenir des soins dentaires, dans la province.

A La Bouverie, dans le cabinet de Sylvie Finet, le téléphone sonne énormément. Et c’est Sylvie qui décroche, pendant ses consultations ou entre deux patients. "Ah oui, c’est sûr : je reçois beaucoup de demandes. Surtout des urgences… Ce matin, par exemple, j’ai dû refuser trois personnes parce que je suis complet toute la journée. Je ne peux pas travailler jusqu’à 23h comme certains le font…"
Sylvie tente de s’arrêter vers 19 heures, mais le rythme reste difficile à tenir : des journées sans pause, avec un sentiment de pression. "C’est surtout le poids des demandes qui pèse !" Elle nous explique faire parfois l’impossible pour trouver une place, pour des patients "habitués". "Mais je ne peux pas faire ça pour tout le monde". Quand ce sont des personnes sans moyen de locomotion qui l’appellent, ou des personnes très âgées, à mobilité réduite, refuser un rendez-vous lui fait mal au cœur. "Je me dis que sans dentiste de proximité, chez qui elles peuvent aller à pied, ces personnes vont devoir prendre le bus, et les transports en commun, dans les villages… ce n’est pas toujours bien desservi !"

Quand Sylvie a commencé son activité, ils étaient trois à exercer à La Bouverie. "Et il y avait du travail pour tout le monde". La dernière consœur a pris sa pension au mois de mai. Elle a longtemps cherché un repreneur. "Mais personne n’a voulu s’installer dans son cabinet" Pourquoi ? Hé bien pour Sylvie la première réponse est très terre à terre S’installer seul, comme dentiste, ça coûte cher. Plus cher qu’avant. "Je pense qu’à moins de 100.000 euros, à l’heure actuelle, et hors bâtiment, ce n’est plus possible. L’informatique s’est généralisé, le matériel a évolué. C’est beaucoup plus coûteux qu’auparavant…"
Mais il n’y a pas que des questions financières. Les horaires de travail, la qualité de vie entrent en ligne de compte, et peuvent pousser de jeunes dentistes à rejoindre des gros centres dentaires. Cet argument, Sylvie l’entend souvent. "Les horaires ne sont pas les mêmes, selon qu’on travaille dans un petit cabinet ou dans un grand centre. Au-delà de 17, 18h, la plupart des consultations s’arrêtent. Pareil à l’hôpital !"
S’ajoute à cela la tentation pour les jeunes diplômés de rester à Bruxelles, ou du moins dans les grandes villes. Ce phénomène, le dentiste Christophe Maillard nous en a parlé. Il est chef de service chez Epicura, un groupement hospitalier dans le Hainaut.
"S’éloigner de la capitale, pour beaucoup c’est un frein. C’est plus vivant. Beaucoup ont fait leur stage dans un cabinet à Bruxelles, ils y restent ensuite, et ne rentrent plus en région. Et c’est dommage, car on se retrouve nous, ici, à l’hôpital, avec des délais qui ne sont pas considérables, mais qui peuvent être importants !
Pour réduire les délais, Epicura a créé son propre centre dentaire, le plus gros centre de Mons Borinage. Un pas dans la bonne direction, estime Christophe Maillard, même si, pour lui, il manque à l’échelle de tout le pays, des incitants. Pour aider à l’installation de dentistes dans les zones rurales. On en parle, c’est vrai, mais rien n’est encore concrétisé pour les dentistes. De son côté, Sylvie Finet fait la promo du métier qu’elle aime tant. Auprès de ses jeunes patients. "A partir de 15 ou 16 ans, quand ils sont installés dans le fauteuil, je leur demande comment ça va à l’école, ce qu’ils voudraient faire plus tard. J’essaie de motiver. Mais depuis deux ou trois ans, aucun de mes jeunes patients ne m’a dit qu’il était tenté par la dentisterie". Passionnée par son métier, Sylvie ne manque pas d’arguments pourtant. "Je leur dis que c’est en pleine évolution, à l’heure actuelle. On dispose de nouvelles technologies, de nouveaux matériaux, des résines qu’on n’avait pas avant, la dentisterie esthétique se développe beaucoup…" Pour Sylvie, il est urgent de voir "la relève" arriver. "Tout a fait, et pas uniquement pour la dentisterie. Pour l’orthodontie. Pour des disciplines plus récentes comme l’endodontie : tout le monde est dé-bor-dé."
 

Source:    www.rtbf.be/


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