Canada/Une unité mobile de consommation supervisée, le plan B imparfait de Charlottetown
Après le refus du conseil municipal de Charlottetown d’accorder au gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard un permis pour ouvrir ce qui aurait été le premier site de prévention des surdoses de la province, d’autres options sont envisagées.
Les sites de consommation supervisée, aussi appelés sites d’injection supervisée ou centres de prévention des surdoses, font partie d’une approche de réduction des méfaits causés par l’usage de certaines drogues.
On n’y donne pas de drogue. Les usagers amènent la leur. Consommer dans ces endroits, dans de bonnes conditions sanitaires, aide à diminuer la transmission de maladies par le partage d’aiguilles, les surdoses mortelles et les déchets comme les seringues à l’extérieur.
Le conseil municipal dit non à la province
Les conseillers municipaux de la capitale provinciale ont refusé lundi soir de permettre un tel site sur la rue Park. Bob Doiron est l’un des sept conseillers qui ont voté contre le site. Son raisonnement est que si Charlottetown dit non, cela forcera la province à s’occuper du problème toute seule.
Il est de ceux qui suggèrent la création d’une unité mobile par le gouvernement prince-édouardien.
Des unités mobiles existent déjà à Montréal et à Grande Prairie, en Alberta. Il s’agit de véhicules, comme des fourgonnettes, qui se promènent dans les rues.
Le principe est le même que pour un site de consommation supervisée, à la différence que les usagers doivent se rendre au véhicule.
Utile, mais pas idéal
Dalyce Sather-McNab, directrice de Northreach Society, un organisme à but non lucratif qui lutte contre la transmission du VIH en Alberta, estime que 200 surdoses mortelles ont été évitées depuis l’ouverture de l’unité mobile de consommation supervisée à Grande Prairie, en 2019.
La crise des opioïdes tue en moyenne 21 personnes par jour au Canada (Nouvelle fenêtre). Presque tous les décès sont accidentels, car la drogue est souvent contaminée. Un site de consommation supervisée permet aux intervenants d’administrer immédiatement de la naloxone, qui renverse les effets d’une surdose d’opioïdes.
Dalyce Sather-McNabb croit néanmoins qu’un lieu permanent, fixe et connu des personnes susceptibles d’en avoir besoin, est beaucoup plus efficace, et préférable à une unité mobile plus difficile d'accès.
Le gouvernement de l'île privilégie aussi un emplacement fixe à une unité mobile.
La Dre Heather Morrison, médecin hygiéniste en chef de l’Île-du-Prince-Édouard, a indiqué qu’un site de consommation supervisée n’est pas la méthode qui permet de régler tous les problèmes liés aux abus de substances, mais qu’il s’agit d’une stratégie pertinente dans un arsenal de moyens pour faire face à cette crise de santé publique.
Source: ici.radio-canada.ca