Canada/Des recommandations pour répondre aux lacunes du bilinguisme à Sudbury
L'Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury a présenté lundi un rapport d’enquête intitulé Progrès, résistances et opportunités : le bilinguisme municipal dans le Grand Sudbury (1973-2023), qui met en lumière certaines lacunes, surtout depuis la fusion municipale de 2021.
Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du grand Sudbury, affirme que le rapport montre qu’il y a eu au fil des décennies un certain recul concernant les services en français.
Les gens en général depuis des décennies se pètent les bretelles, [disent] qu'on est une communauté bilingue, mais en réalité, la communauté prend du recul dans les services qu’elle reçoit, ajoute-t-elle.
Plusieurs francophones, dont moi-même, ne savaient pas à quel point nous avions pris un recul.
Une citation de Joanne Gervais, directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario du grand Sudbury
L'auteur du rapport, l'historien Serge Dupuis, qualifie la fusion municipale imposée en 2001 par le gouvernement progressiste-conservateur de l'époque de drame pour les francophones du Grand Sudbury.
À ce moment, le règlement sur le bilinguisme adopté par la Ville du Grand Sudbury, nouvellement formée, a été mis en place seulement pour les secteurs qui avaient une telle politique avant l’amalgamation, c’est-à-dire les anciennes villes de Sudbury, de Rayside-Balfour et de Vallée Est, rappelle-t-il dans son rapport.
Cela ne donnait donc pas de garanties pour les résidents des anciennes villes de Capreol, Nickel Centre et Onaping Falls et Walden, même si elles recevaient auparavant des services en français de la Municipalité régionale de Sudbury
Il précise que plusieurs pratiques mises en place dans les années 1970, comme de faire du français la langue de travail officieuse dans les hôtels de ville de Val Caron (Vallée Est) et de Chelmsford (Rayside-Balfour), ont été perdues en 2001.
Il affirme que les administrations municipales bilingues qui ont un certain succès, comme celles de Moncton, au Nouveau-Brunswick, ont des services de formation linguistique pour leur personnel.
Notre but n’était pas de pointer du doigt, mais nous voulions dresser un portrait réel, note Joanne Gervais.
Le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre, admet que les reculs concernant les services en français sont inquiétants.
Je pense [que nous pouvons avoir] une bonne discussion au Conseil [pour voir] quelle politique publique on doit mettre de l'avant pour faire en sorte [corriger] les lacunes qui existent, les reculs qu'on a pris.
Une citation de Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury
Il ajoute toutefois qu’il souhaite faire grandir la ville, tout en assurant un bilinguisme dynamique.
Des recommandations pour aller de l'avant
Le rapport énumère sept occasions que la Ville peut saisir alors que la révision de la politique sur les services en français demandée avant les dernières élections par Joscelyne Landry-Altmann, conseillère municipale du quartier 12, et René Lapierre, conseiller du quartier 6, sera débattue plus tard cet automne.
Joanne Gervais raconte que le règlement de 2001 était perçu comme un premier jet. Nous voilà 22 ans plus tard et on n’y a pas touché depuis ce temps-là.
Le rapport de l’ACFO sera par ailleurs présenté officiellement lors de la réunion du conseil municipal de mardi soir, et un rapport de l’administration municipale est attendu fin octobre ou début novembre.
Je crois que nous avons besoin d’un conseil municipal qui a le courage d’arriver à un règlement municipal plus costaud et respecté, affirme Joanne Gervais.
Pour sa part, Paul Lefebvre assure qu’il ne veut pas voir le rapport de l’ACFO du grand Sudbury se retrouver sur les tablettes. Je pense que ça va faire le bon début d’une conversation obligée.
Source: ici.radio-canada.ca/