France 2030 : 500 millions d'euros déjà injectés dans le tissu économique de l'Essonne
La Rentrée économique de la CCI Essonne a été l'occasion de faire un bilan après 18 mois de déploiement du plan France 2030. Quelque 500 millions d’euros de concours financiers publics ont été injectés dans le tissu économique local.
Donner le coup d’envoi pour les 12 mois à venir. Tel est l’esprit de la Rentrée économique de la CCI Essonne, qui a accueilli cette année plus de 300 dirigeants, élus, institutionnels et partenaires du développement économique du territoire. L’événement est devenu, au fil des années, une véritable “institution”, avec l’ambition d’aider les dirigeants essonniens à y voir plus clair, dans un monde en mouvement.
Comme l’a souligné en introduction Patrick Rakotoson, président de la CCI Essonne, la situation économique est aujourd’hui contrastée. Certains l’analysent comme étant l’une des plus difficiles depuis 2009 et la crise des subprimes. Le remboursement des PGE “grève lourdement la trésorerie d’entreprises déjà fragilisées par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières”. Patrick Rakotoson a aussi évoqué les difficultés d'approvisionnement, la baisse généralisée du pouvoir d'achat, l'augmentation des taux d'intérêts ou encore la dégradation des marges.
La menace qui plane sur les recrutements
Sur un autre plan, le président de la CCI Essonne a évoqué la “menace qui plane sur les entreprises et les recrutements à venir”, avec la réduction des financements des contrats d’apprentissage. “Alors que l’apprentissage était promu par l’Etat, alors que c’est un dispositif qui marche, que les entreprises s’en étaient emparées, c’est une voie vers l’emploi qui est mise à mal”, a-t-il déploré, rappelant que la FDME (Faculté des métiers de l’Essonne), le plus grand CFA interconsulaire du Sud Île-de-France qui accueille plus de 3000 apprentis, avait ouvert de nouvelles filières.
“Un an plus tard, le programme de formation est déjà remis en question. Je ne peux que regretter cette décision budgétaire complètement décorrélée des pénuries de main-d'œuvre qu’on ne cesse de signaler, dans l’industrie notamment”, a-t-il ajouté.
Le programme France 2030
Evoquant ensuite, sur un plan plus positif, la “très grande détermination des acteurs économique” à faire face aux défis actuels, Patrick Rakotoson a salué la grande ambition des projets du Gouvernement, notamment le programme de réindustrialisation France 2030.
En Essonne plus particulièrement, près de 150 lauréats ont été accompagnés par la CCI, les organisations patronales et les collectivités locales, le réseau de développeurs animé par la préfecture.
“En tant que bras armés de l'État pour l'économie, nous, CCI, sommes donc un des interlocuteurs des entreprises pour accéder au dispositif France 2030, en relevant le défi de réussir à faire coïncider les ambitions de réindustrialisation avec les exigences liées aux ZAN (zéro artificialisation nette), issues de la loi climat et résilience de 2021,” a rappelé ensuite le président de la CCI, ajoutant que la planification foncière économique impliquait une concertation efficace entre les intercommunalités, les communes, les entreprises et l’ensemble des acteurs économiques dont la CCI.
Aussi, un travail de recensement et de préconisation quant aux zones potentiellement concernées par la nouvelle loi est en cours au niveau régional. Selon Patrick Rakotoson, des points de blocage ont déjà été identifiés. En effet, la loi préconisant de rapprocher habitants, lieux de travail, industrie et commerces pour limiter l’impact carbone des déplacements, les parties prenantes vont devoir gérer de nouvelles nuisances. Bruit des livraisons tôt le matin, risques d’accidents du fait du trafic des camions et des engins près des lieux de résidence sont autant de problèmes à ne pas oublier.
La réindustrialisation en ligne de mire
Revenant sur le sujet principal de l’événement, à savoir la réindustrialisation, le préfet de l’Essonne, Bertrand Gaume, a rappelé la prise de conscience qui a suivi la rédaction du rapport Gallois (ou pacte pour la compétitivité de l’industrie française) en matière de dégradation des marges des entreprises et de l’impact de la désindustrialisation sur l’ensemble de l’économie. “Si l’on veut tendre vers le plein emploi, il faut renforcer le tissu industriel. C’est vrai en Essonne, qui affiche un taux de chômage marquant une nette amélioration de 0,1 point à 6,2 % de la population active”, a-t-il indiqué, précisant que la moyenne régionale était supérieure de 0,4 points et la moyenne nationale de près d’un point.
Bertrand Gaume a également révélé qu’au 31 juillet, 442 millions d’euros de concours financiers publics avaient été injectés dans l’économie Essonnienne, au titre de France 2030, plaçant le département au cinquième rang des “régions” (devant le Grand Est notamment) si elle en était une. “C’est tout de même une performance spectaculaire”, a salué Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, qui a mis à jour le chiffre et évoqué un montant de 500 millions d’euros.
Cette prouesse est notamment liée à la présence de grands instituts de recherche nationaux et internationaux sur le territoire, dont sur le plateau de Saclay. Le pourcentage de PME a augmenté et tangente aujourd’hui les 20 %, “ce qui marque quand même une vraie dynamique territoriale”, selon Bertrand Gaume. Ce dernier a également rappelé que les préfets d’arrondissements étaient mobilisés au titre du plan France 2030 notamment, pour accompagner les entrepreneurs dans la simplification des procédures administratives de toutes sortes.
20 milliards d'euros engagés
Au niveau national, il faut savoir que plus de 20 milliards d’euros ont été engagés pour 2 500 projets. Comme Bruno Bonnel l’a rappelé, ce plan devrait permettre de générer 600 000 emplois supplémentaires dans des domaines divers comme le quantique, le spatial, ou encore les énergies renouvelables. L’idée est de passer de la “chenille fossile” au "papillon électrique", selon les termes du SGPI, qui estime que cette transformation se fait au bénéfice des territoires et des villes périphériques. Par ces aides publiques, il ne s’agit pas de “boucher des trous”, mais de “construire les marches de la croissance”, pour se projeter collectivement vers la France du futur.
“N’hésitez pas à regarder si des appels à projets vous concernent et à candidater. Même si c’est un plan d’excellence, c’est votre énergie. Vous êtes membres de l’équipe de France 2023 et moi j’en suis le sélectionneur”, a-t-il ajouté, filant la métaphore sportive.
Le point conjoncture
Appelé à donner son regard sur la conjoncture, le journaliste économique Dominique Seux a indiqué ne pas être inquiet sur la croissance à venir, évoquant une période de “croissance molle”. Selon lui, la très bonne nouvelle est que les prix alimentaires se calment. Ceux de l’énergie “sont en train d'atterrir”. Sur la question du travail à distance évoquée plus tôt, une dirigeante essonnienne spécialisée dans la fabrication de macarons à Yerres a estimé que l'on avait tendance à oublier que tous les postes n'étaient pas télétravaillables - surtout dans l'industrie -. Un autre dirigeant a encouragé ses pairs à acquérir le "réflexe du temps partiel" en faisant appel aux groupement d’employeurs, notamment celui situé à Dourdan (Res’source). "Cela vous permet d’augmenter très peu la masse salariale tout en disposant des compétences adéquates très rapidement", a-t-il indiqué.
93 000 emplois créés
Finalement, à l’occasion d’une table ronde sur l’industrie, Anaïs Voy-Gillis, chercheuse et spécialiste du sujet, a appelé à démystifier le secteur et à changer son image. “Avec 93 000 emplois créés, on observe un léger rebond du poids de l’industrie dans le PIB. En revanche, la dynamique reste fragile et la réindustrialisation est loin d’être gagnée”, a-t-elle souligné.
“Vous pouvez compter sur nous pour vous accompagner dans la définition d’une vision et d’une stratégie commune pour un développement économique maîtrisé, partagé et durable. C’est tous ensemble, avec l’alliage de nos compétences et de nos savoir-faire que nous arriverons à faire de notre territoire un exemple de développement économique”, a conclu Patrick Rakotoson.
Source: mesinfos.fr/