Belgique/Les Journées du Matrimoine : une quatrième édition bruxelloise, une première à Charleroi

Publié le 24/09/2022 | La rédaction

Belgique

Si les Journées du Patrimoine existent depuis de nombreuses années, les Journées du Matrimoine n’ont fait leur apparition que très récemment. D’abord initiées à Paris en 2015, ces journées – mettant en lumière l’héritage matrimonial architectural, sculptural, urbanistique, social… – se sont répandues chez nous. Comme à Bruxelles depuis 2019, mais aussi à Charleroi qui a rejoint le mouvement pour cette nouvelle édition.

Matrimoine, n. m. : Désignant en ancien français le mariage (matrimonium en latin), le mot a été repris dans les années 2010 dans l’expression matrimoine culturel, créant un parallèle féminin à " patrimoine " pour désigner ainsi les biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique ou historique hérités des femmes.

À l’initiative de l’asbl L’architecture qui dégenre, les Journées du Matrimoine se déroulent depuis 2019 à Bruxelles. Elles mettent en lumière, d’une part, l’héritage matrimonial bruxellois historique, d’autre part, le patrimoine actuel qu’il soit artistique, politique et féministe.

L’année dernière, les Journées du Patrimoine ont été rebaptisées Heritage Days à Bruxelles afin de nommer de manière plus inclusive la richesse de la culture bruxelloise. Dans cette optique, les Heritage Days ont été organisées cette année en bi-programmation avec les Journées du Matrimoine, qui ont lieu ces 23, 24 et 25 septembre.

Depuis cette édition 2022 des Heritage Days, L’architecture qui dégenre fait partie du comité scientifique de sélection et d’accompagnement ", explique Apolline Vranken, fondatrice de l’asbl et organisatrice des Journées du Matrinoine, dans l’émission Hors-Cadre de Bx1. " On va par exemple s’assurer que le contenu est en adéquation avec la ligne éditoriale, que la manière dont les activités sont décrites soient ok. Cette année, on avait une thématique sur les " Traces de colonisation ", ça demande donc un vrai sur la décolonisation. "

>> " J’ai l’espoir de cette ville inclusive, une Bruxelles pour tous et toutes " : l’émission hors-cadre de BX1 nous présente l’association l’Architecture qui dégenre, en charge de l’exposition

 

Des figures dans l’espace architectural

Diplômée en architecture à l’ULB en 2017, Apolline Vranken se passionne pour les questions de rapport de genre dans l’espace et d’égalité urbaine. Avec son asbl, elle souhaite rendre compte de la participation des femmes et des minorités de genre dans les multiples corps de métiers liés au matrimoine.

" Le MAD Brussels, c’est un bâtiment assez connu des Bruxellois. Mais ce que les gens savent moins, c’est que c’est un bâtiment qui a été construit pas une femme, Eliane Havenith, qu’on met en lumière cette année pour les Journées du Matrimoine ", précise Apolline Vranken. " Si on ne connaît pas les architectes femmes aujourd’hui, c’est parce qu’il y a vraiment un processus d’effacement de l’histoire, mais aussi parce qu’elles étaient vraiment en minorité de genre et de nombre. […] Il y a des architectes comme Simone Guillissen-Hoa et Odette Filippone qui ont vraiment marqué le paysage architectural bruxellois. "

En pratique : du 23 au 25 septembre

Lors de chaque édition des Journées du Matrimoine, plusieurs femmes qui ont marqué l’histoire de la Belgique sont mises à l’honneur sur les affiches de l’événement. Cette année, outre Elliane Havenith, ces figures sont Berthe Dubail, peintresse-expressionniste, Marie Mineur, ouvrière dans la lutte pour l’amélioration des conditions de travail des femmes et des enfants, Maria N’koi, guérisseuse congolaise qui a mené un mouvement d’insurrection contre la colonisation belge du Congo et Stella Wolff, avocate qui a joué un rôle important dans le mouvement féministe et dans la lutte pour les droits des femmes en Belgique.

Dans le cadre de cette 4ème édition, une trentaine d’activités sont organisées dans la ville : des visites guidées, ateliers, conférences et activités pour enfants seront menées par des experts et expertes de tout horizon et aborderont différentes thématiques comme l’accès à la propriété et aux professions liées au matrimoine, les luttes intersectionnelles ou encore les traces coloniales et décoloniales dans la ville, en écho au thème annuel des Heritage Days. Les activités sont gratuites mais limitées.

Du 10 septembre au 21 novembre 2022, l’exposition Queering Brussels se tiendra aux Halles Saint-Géry en libre accès et gratuitement. Le projet, porté par l’association L’architecture qui dégenre, met en avant une critique et un futur possible de la ville de Bruxelles par des prismes queer. Cette exposition est à découvrir gratuitement jusqu’au 21 novembre aux Halles Saint-Géry dans le centre de Bruxelles. Le vernissage de l’exposition se tient ce jeudi 22 septembre 2022.

Une première à Charleroi

Après Paris et Bruxelles, c’est au tour de Charleroi d’organiser ses premières journées du Matrimoine. Quatre jours consacrés aux femmes, qui se dérouleront du 22 au 25 septembre prochains. " Ce sont quatre journées pour mettre en avant les femmes qui ont fait la cité ", précise Margaux Joachim, animatrice régionale chez Présence et Action Culturelles, auprès de Télésambre. " Depuis des siècles et des siècles, elles ont été invisibilisées. Donc aujourd’hui, l’idée est de rééquilibrer tout ça, de leur donner de l’espace, de questionner le pourquoi de cette invisibilisation de l’histoire et questionner l’accès à l’espace public pour tous et toutes, pour une ville plus inclusive. "

Ces Journées du Matrinoine de Charleroi, organisées par le collectif Charliequeen, l’associatif et la ville de Charleroi, partiront à la découverte de ces artistes, artisanes et ouvrières qui ont façonné Charleroi mais aussi de ces militantes, les intellectuelles, les femmes emblématiques qui ont marqué la région et influencé nos sociétés.

Au programme : des expositions, des conférences, des débats mais aussi un colloque sur l’aménagement du territoire pour un espace public plus inclusif. " Le colloque, c’est vraiment l’idée de mettre autour de la table les acteurs et actrices de la ville, ceux et celles qui pensent la ville ", explique Alicia Monard, échevine de l’égalité des chances. " C’est la première opportunité à Charleroi de penser l’urbanisme genré. On a beaucoup d’inquiétude de l’associatif et c’est l’occasion de centrer le débat là-dessus et de mener des actions concrètes. "

Source:   www.rtbf.be

 


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