Belgique/La Zinne, la monnaie locale bruxelloise en plein essor

Publié le 17/09/2021 | La rédaction

Belgique

Deux ans et demi après son lancement, la Zinne, la monnaie locale et citoyenne bruxelloise, poursuit son déploiement.

Les Bruxellois le savent : Zinneke, c’est un chien aux origines métissées, à l’image de la Région capitale. « Avoir une zine », c’est avoir un grain de folie, dit-on. Et puis, la Zinne, c’est le nom bruxellois de la Senne. Depuis mars 2019, c’est aussi le nom de la monnaie locale, citoyenne et complémentaire en circulation sur les 19 communes bruxelloises.

Mais pourquoi troquer ses euros contre des Zinnes ? Comme toutes les monnaies citoyennes, la Zinne permet de soutenir l’économie locale, circulaire et éthique dans la Région de Bruxelles Capitale. La Zinne est à la fois une alternative à l’euro, tout en étant complémentaire de celui-ci. Question comptabilité, pas de prise de tête : 1 Zinne = 1€.

Valoriser le circuit court

Payer en Zinnes, c’est privilégier, grâce à son pouvoir d’achat, des commerçants et producteurs locaux. L’argent reste dans un réseau fermé : la richesse captée circule donc à l’intérieur du territoire bruxellois. À l’image de toutes les monnaies locales, la Zinne permet également de contrer les effets néfastes de la spéculation financière.

Lancée en mars 2019 par un collectif citoyen et soutenue par l’asbl Financité, la Zinne poursuit aujourd’hui son expansion. À l’heure actuelle, les Bruxellois peuvent dépenser leurs Zinnes auprès de 204 prestataires : restaurants, bars, boulangeries, épiceries, massages, vétérinaires, magasins de jouets, vêtements, artisanat, réparateur de vélo… La liste du réseau ne cesse de s’étendre. « Nous avons vraiment à cœur de diversifier ce réseau, notamment vers le secteur culturel, le médical et paramédical », nous précise Benoît, membre fondateur du collectif de la Zinne et membre du CA. « L’arrivée du cinéma Nova en est une belle illustration. Un autre exemple, c’est un artisan qui crée des parfums lui-même avec des produits locaux ».

Tous ces prestataires (listés et cartographiés sur le site) adhèrent à une charte de valeurs. Ils sont sélectionnés avec attention sur base de critères tels que le circuit court, le respect de l’environnement, l’artisanat, la finalité sociale ou culturelle… Avoir des Zinnes dans son portefeuille aide donc aussi à s’orienter vers des choix de consommation socialement responsables et respectueux de l’environnement.

Pour se procurer des Zinnes, rendez-vous dans l’un des 40 comptoirs de change ou chez l’un de ces nombreux prestataires. Aujourd’hui, quelque 100.000 Zinnes sont en circulation, sur les 200.000 imprimées. « La monnaie circule relativement bien », indique Benoît. « Dans l’ensemble, cela permet à la boucle de fonctionner, à l’exception de quelques gros prestataires ». Quant aux euros échangés en Zinnes, ils ont été placés dans une réserve de contrepartie, un compte épargne ouvert par l’association dans une banque éthique et solidaire (Triodos).

La Zinne digitale arrive

La pandémie n’a pas freiné l’engouement pour la Zinne, au contraire. « Pendant les confinements, il y a eu un phénomène général : chacun a réfléchi à sa manière de consommer », constate Benoît. « De nouveaux prestataires se sont manifestés, avec l’envie de promouvoir le local et le circuit court. » Le réseau Zinne ne cesse donc de croître, à tel point que le collectif est en recherche continue de nouveaux bénévoles.

Cette année 2021 marque aussi l’apparition du paiement digital pour la Zinne. « Le déploiement se fait petit à petit et la procédure est en cours de finalisation », nous confirme l’Anderlechtois. Les paiements électroniques pourront se faire via une application et un QR code. En s’enregistrant sur l’appli, l’utilisateur peut convertir lui-même son argent en Zinnes et payer directement depuis son smartphone. Une manière aussi d’étendre le réseau et de toucher de nouveaux publics.

Les monnaies locales se multiplient en Belgique

La Zinne est l’une des 17 monnaies locales qui circulent aujourd’hui en en Wallonie et à Bruxelles. Liège a son Val’heureux, Mons a son Ropi, Charleroi son Carol’Or et Malmédy son Sous-Rire. À Ottignies et Louvain-la-Neuve, c’est le Talent qui circule, tandis que les Namurois peuvent payer en Lumsou. De la première monnaie citoyenne lancée en Wallonie (l’Epi lorrain, à Virton en 2012) à la plus récente (la Brawette, lancée le 5 septembre dans le Brabant wallon ouest), près de 200 communes francophones ont désormais leur monnaie locale. À Binche, le Fèstu devrait bientôt voir le jour.

Selon Financité, en 2020, ces monnaies citoyennes représentaient plus d’1,35 millions équivalent euros en circulation et 2.171 prestataires participants. Et ces monnaies locales ont le vent en poupe : sur les deux dernières années, la masse monétaire en circulation a plus que doublé.

Source:    fr.metrotime.be


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