France/ Ces initiatives locales créent une économie plus solidaire
Cultiver des aromates sur des bassins d’élevage de poissons… c’est de l’aquaponie. Ce principe entre dans le registre de l’économie sociale et solidaire au même titre que des secteurs du réemploi de matériaux ou de la réinsertion professionnelle. Un village des solutions à l’hôtel du Département montre l’étendue du spectre.
Au côté de Chaynesse Khirouni, présidente du conseil départemental, Béatrice et Typhanie arborent un fier sourire aussi large que la reconnaissance qui leur est octroyée : les deux responsables de l’atelier couture de l’ESAT de Chanteheux sont chargées d’ouvrir officiellement la quatrième édition du Village des solutions de demain.
Ciseaux dorés en main, voici le ruban en bâche, recyclée, coupé. En plein mois de novembre dédié nationalement à l’économie sociale et solidaire, ce rendez-vous qui se prolonge ce samedi à l’hôtel du Département, à Nancy, se veut éclairant, et pourquoi pas, phare face au dérèglement climatique et ses pessimistes promesses de marasme économique.
Du milieu associatif aux Scop en passant par les microentreprises, l’économie sociale et solidaire (ESS) est sans doute devenue essentielle mais aussi comparable au sucre dans le lait chaud : partout mais invisible, plus on le cherche moins on le trouve.
Légalement reconnue depuis la loi Hamon de 2014, l’économie sociale et solidaire a depuis fait effectivement son chemin, du moins peut s’identifier et se mesurer. Selon Pascal Plumet, directeur du Groupe régional d’animation et d’initiation à la nature et à l’environnement de Lorraine : « 10 % du salariat privé en France est permis par l’économie sociale et solidaire (ESS) et 12 % dans notre département. »
Département pilote
Chaynesse Khirouni soulignait pour sa part : « Il s’agit de 30 500 emplois non délocalisables pour 780 millions d'euros de masses salariales. » Tout sauf un petit enjeu, pour un département devenu, en la matière, poisson pilote de la région Grand Est. Cela valait bien un village.
Sous le brouhaha des classes de cinq établissements scolaires du département, ces premières minutes du Village des solutions avaient des allures de grande kermesse permises au sein de l’hôtel du département. Image trompeuse et vite dissipée face à l’étalage de proposition d’initiatives.
Bien sûr parmi les 81 stands, tous n’ont pas de processus révolutionnaires pour une économie verte et sociale, mais à défaut de vouloir changer le monde, certains lancent des pistes, sèment des graines.
Ainsi du côté de Herbéviller, ingénieur en qualité, Denis Gatineau a lâché son travail pour se lancer depuis trois ans dans l’aquaponie avec La Ferme des trois rivières.
Sous le système agricole peu énergivore, il cultive ainsi des aromates pour des grandes tables dont des étoilées, sur des bassins de poissons d’élevage (silure, carpe et poisson rouge) : « Ce système est très économe, écologique mais encore peu utilisé dans le département. Là, le silure d’élevage est de plus en plus recherché pour sa chair, mais je n’ai pas encore d’atelier de transformation, ce sera la prochaine étape. »
Un vélo en chêne
Mood Bike, lui, est un vélo de course pesant moins de 10 kilos, au cadre… en chêne présenté par des étudiants de l’Université de Lorraine. Créateurs et étudiants ingénieurs en dernière année à l’ENSTIB, Maxandre Mity et Thibault Royer travaillent actuellement sur une version urbaine : « C’est notre dernier sujet d’étude mais on veut ensuite trouver un process d’industrialisation. »
L’économie sociale et solidaire est là pour cela, faire les rencontres et créer le réseau. Remise, association nancéienne présentée par Alix Bineau espère concrétiser des opportunités dans le week-end : « Nous faisons du réemploi de matériaux de chantier et BTP. On a créé une application pour mettre en relation les entreprises qui peuvent s’informer sur les stocks ou monnayer ces matériaux. » Cent tonnes ont été ainsi réemployées en moins de deux ans. Faire du réseau, c’est aussi un objectif du village.
Source: www.estrepublicain.fr/


