Canada/Le Village Transitiôn de Gatineau fait des petits au Québec

Publié le 11/09/2025 | La rédaction

Canada

Reconvertir des conteneurs en logements temporaires pour personnes en situation d’itinérance? L’idée semblait ambitieuse il y a un an, mais voilà que le Village Transitiôn de Gatineau commence à réaliser l’effet qu’il a sur la vie de ses résidents plusieurs mois après leur arrivée. Un effet que tentent de recréer en partie des villes comme Montréal et Québec.

Montréal mène les derniers préparatifs en vue de l’ouverture officielle en septembre d’un premier village de roulottes de chantier transformées, qui serviront de logement pour une trentaine de Montréalais sans domicile fixe dans le secteur de l'Hippodrome.

Deux autres projets semblables doivent également voir le jour en 2026 dans la métropole, dans les quartiers Ahuntsic et Outremont.

À Québec, trois conteneurs comptant six logements accueilleront leurs premiers résidents dans les prochains jours, dans le secteur D’Estimauville. L’Office municipal d’habitation de Québec pilote le projet.

À Montréal, le projet a reçu un certain vent de face avant même l’ouverture, comme à Gatineau.

Cependant, dans la plus grande ville de l’Outaouais, les résultats commencent à se faire sentir.

Transitiôn, huit mois plus tard

Depuis le lancement du Village Transitiôn, en décembre 2024, près d’une quarantaine de personnes ont trouvé refuge dans les conteneurs. Transition Québec, l’organisme derrière le projet, de même que d’autres intervenants, mènent des entrevues avec de potentiels locataires pour en accueillir une centaine au total, répartis dans 85 conteneurs.

L’emplacement est situé à côté du campement itinérant installé depuis plusieurs années là où se tenait l’ancien aréna Robert-Guertin.

Transitiôn est le fruit d’une collaboration entre le promoteur immobilier Devcore, la Ville et la province.

Dans cet espace clôturé, chaque résident a son logement, son lit, sa salle de bain, sa petite cuisine et a accès à des espaces communs, le tout chauffé et climatisé. Il en coûte entre 200 $ et 500 $ par mois, l’équivalent de 25 % de l’aide sociale du locataire.

L’objectif est d’offrir un toit aux gens dans le besoin sur un horizon de cinq ans, tout en leur fournissant un accompagnement psychosocial. Les résidents peuvent entrer et sortir du terrain comme bon leur semble, mais pas n’importe qui peut y accéder.

Je suis chez moi, raconte Mike Tremblay, locataire depuis quelques mois. Tout y est : un micro-ondes, un grille-pain, une machine à café. Tout était prêt pour y vivre. Auparavant, il obtenait l’aide du Gîte ami, un refuge situé à quelques pas du Village Transitiôn.

Mike apprécie l’esprit de communauté du secteur. On se connaît tous, on se garoche des cigarettes.

Les résidents doivent composer avec la présence de travailleurs de proximité et d’agents de sécurité. Ces employés aident les résidents à se procurer des biens et à se rendre à des rendez-vous. C’est correct qu’il y ait un peu de surveillance, dit Mike. J’ai rien contre ça.

Manon Dessureault trouve cette présence parfois envahissante. Cependant, elle apprécie ce sentiment de sécurité et la paix de savoir que t’es pas dehors. Ça fait une grosse différence. Cette grand-mère a emménagé avec son chat dans un des conteneurs il y a environ 4 mois, après avoir passé 14 ans en itinérance. Maintenant, je vois un avenir, lance-t-elle.

Des règlements à respecter

Tous n’ont pas vécu la même expérience. Pour vivre et rester dans un logement, un locataire doit respecter un code de vie.

Le non-respect de ces règles peut entraîner l’expulsion, ce qui a représenté un défi pour Jean-François Bourgon. Le fait d’avoir fumé dans son logement et de ne pas avoir respecté les règles de propreté, malgré un avertissement, l’ont poussé vers la sortie.

Depuis, il est retourné vivre dans sa tente avec ses 12 chiens – qu’il qualifie de famille – à côté du terrain de Transitiôn.

C’est impossible d’être propre comme ils le veulent, surtout après avoir vécu quatre ans dans une tente où tu accumules, raconte-t-il. Les limites sur les visites et le nombre d’animaux permis lui ont aussi causé problème.

Dès un jeune âge, Jean-François Bourgon a été placé en famille d’accueil. Depuis, il s’est retrouvé régulièrement à la rue. Après s’être déniché un appartement, le fait de vivre seul l’a poussé à se retrouver sur le terrain de l’ancien aréna Guertin. Être en situation d’itinérance, c’est se sentir en isolement, confie-t-il.

Il aimerait bien retrouver un logement au Village Transitiôn, qui lui donnerait, à ses yeux, 50 % de chances de s’en sortir. Il préfère toutefois des règlements plus flexibles. C’est triste d’être seul tout le temps. C’est vraiment difficile, résume-t-il.

Des bienfaits pour les personnes sans-abri… et les contribuables?

C’est une offre de service qui n’existe pas en ce moment dans le réseau, explique Nancy Martineau, directrice générale de Transition Québec. C’est un terrain occupé par l’itinérance depuis plusieurs années, avec des gens vivant dans des roulottes et des tentes, dans la désorganisation

Transition Québec estime également que son projet permet aux contribuables d'économiser de l’argent. Elle s'appuie sur des données de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qui évalue qu’une personne en situation d’itinérance coûte en moyenne 72 500 $ à la province.

L’UMQ calcule que le Village Transitiôn coûte 21 500 $ par personne, ce qui permettrait des économies de 51 000 $.

On est capables d’arriver avec une solution rapide à moindre prix.

Une citation de Nancy Martineau, directrice générale de Transition Québec

Nancy Martineau explique qu’une personne souhaitant loger au Village Transitiôn doit être prête à s’engager dans un processus pour faire du cheminement.

Il y a des gens pour qui ça va être d’aller chercher leur carte d’aide sociale. Pour d’autres, ce sera de faire ses impôts, ajoute-t-elle.

Certains décident aussi de prendre les mesures nécessaires pour réduire leur consommation de drogue. Le rôle de son organisme sera ensuite de les accompagner vers les ressources adéquates. 

Source:    ici.radio-canada.ca/ 


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