Burkina Faso/Hauts-Bassins - Education : Dafinso bilingue, une école primaire qui cultive savoir et légumes

Publié le 27/05/2025 | La rédaction

Burkina Faso

Située à 18 kilomètres de Bobo-Dioulasso, l’école primaire bilingue de Dafinso se distingue à plusieurs niveaux. En plus d’y enseigner en français et en dioula, l’établissement utilise des solutions endogènes pour améliorer l’alimentation de ses élèves. Grâce à un jardin nutritif, la cantine scolaire est approvisionnée en légumes et céréales produits localement.

Ce jardin, aménagé dans un espace clôturé par une grille métallique, s’étend sur 900 m², découpé en plusieurs planches de terre rectangulaires, séparées par des allées bien entretenues. En ce mois de mai, le concombre y est à pleine maturité. « À l’intérieur du jardin, nous cultivons différentes spéculations : concombres, haricots, arachides, oseille, épinards, quelques plants de moringa, ainsi que des feuilles appelées borombourou et win-win en langue locale », explique Rachelle Traoré Kam, directrice de l’établissement. Elle précise que les premiers bénéficiaires de cette initiative sont les élèves. « L’objectif est d’améliorer la cantine scolaire. Et si les récoltes le permettent, nous vendons l’excédent au marché local pour générer des économies et acquérir du matériel pédagogique. Tout le monde est impliqué, aussi bien les élèves, les enseignants, les partenaires, notamment l’Association des parents d’élèves (APE) et l’Association des mères éducatrices », ajoute-t-elle.

Le jardin ne joue pas qu’un rôle alimentaire. Il devient un outil pédagogique. « Lors des cours de géométrie, nous venons observer les dimensions des rectangles. En sciences, lorsqu’on étudie les jeunes plants ou les parties de la plante, les élèves apprennent sur le terrain », poursuit la directrice. L’école, confrontée à des attaques d’insectes sur les cultures, envisage pour l’année scolaire à venir l’utilisation d’insecticides naturels. « Les deux premières productions n’ont pas connu de problèmes. Je suis très satisfaite, surtout de la récolte des concombres, car c’est notre première tentative et elle a été fructueuse », confie-t-elle avec enthousiasme.

Pour Tahirou Sanou, président de l’Association des parents d’élèves (APE), ce jardin a un impact concret sur l’alimentation des enfants. « L’APE soutient activement le jardin : nous avons participé au découpage des parcelles. Les enfants sont motivés à y travailler, et leurs repas sont désormais plus variés et plus riches », explique-t-il. Cependant, l’irrigation reste un défi. « Nous sollicitons l’aide des bonnes volontés pour améliorer l’accès à l’eau, surtout pendant la saison sèche. Cela permettra aux enfants de jardiner toute l’année sans inquiétude », lance-t-il en appel.

Une pédagogie bilingue

L’école primaire de Dafinso applique un programme bilingue. Les cours sont dispensés en dioula et en français, mais l’enseignement débute dans la langue maternelle. Le cycle primaire y dure cinq ans, contre six dans les écoles classiques. « De la première à la troisième année, l’enseignement se fait principalement en dioula. Le français est introduit progressivement à partir de la troisième année. Cela permet aux élèves de mieux comprendre les notions et de s’exprimer aisément. Ils arrivent à rivaliser avec ceux des écoles francophones classiques », explique Seydou Teignan, enseignant de 3ᵉ année. Cet encadreur de Dafinso bilingue souligne que, pour l’année 2023/2024, l’école a réalisé un taux de succès de 100 % au CEP. La rédaction et la lecture sont administrées en langue lors de l’examen. Malgré ces résultats, certaines familles restent sceptiques, estimant que l’apprentissage du français devrait être plus précoce. Un défi que l’équipe pédagogique continue de relever avec pédagogie et conviction.

Un modèle éducatif présenté aux journalistes

C’est dans le cadre d’une caravane de presse organisée par le Club des journalistes et communicateurs pour la nutrition et la sécurité alimentaire (CJCN-SA), avec l’appui de la coopération allemande, qu’une vingtaine de journalistes venus de différents médias ont visité le jardin nutritif de l’école primaire bilingue de Dafinso. Cette immersion leur a permis de découvrir des solutions endogènes de lutte contre la malnutrition, mises en œuvre dans un cadre éducatif.

À travers cette initiative, l’école montre qu’il est possible d’allier apprentissage, sécurité alimentaire et valorisation des ressources locales. L’expérience de Dafinso a suscité l’admiration des journalistes qui ont assisté à la récolte de légumes sur place. Selon eux, cet exemple pourrait inspirer d’autres établissements dans les zones rurales afin d’améliorer la nutrition des élèves.

Source:    lefaso.net/


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