Canada/Victoriaville se dote d’une mesure d’écofiscalité pour protéger sa canopée
Les promoteurs immobiliers devront désormais payer une redevance pour couper des arbres dans le but de construire à Victoriaville. La ville se dote d’une mesure d’écofiscalité pour préserver, mais aussi pour augmenter sa canopée. Ainsi, il en coûtera 25 $ par mètre carré d’arbres coupés, afin que la ville puisse les replanter ailleurs.
Cette mesure est une première au Québec. Jamais une ville ou une municipalité n’avait mis en place des redevances pour protéger ou restaurer ses écosystèmes naturels.
Pour ce faire, Victoriaville a travaillé avec la Société pour la nature et les parcs au Québec (SNAP) pendant environ deux ans.
La Ville s’est fixé comme objectif que la canopée couvre 30 % de son territoire. Présentement, les arbres de plus de trois mètres occupent 22 % de la superficie de la ville.
Selon la science, on recommande un idéal d'environ 40 %. Donc il y avait un grand chemin à faire au niveau de la ville de Victoriaville à cet effet-là, observe la directrice des finances de Victoriaville, Catherine Ouellet.
Pour la SNAP, il est très important de conserver ou de restaurer la canopée urbaine, formée d’arbres, d'arbustes et de feuillage, afin de moins ressentir les impacts des changements climatiques.
L’avocat de la SNAP, Jean-Philippe Lemay, explique justement que la canopée a toutes sortes de bénéfices pour les citoyens.
Ne serait-ce que pour les îlots de chaleur, pour la santé mentale, pour l'exercice physique, [...] l’adaptation aux changements climatiques et la séquestration du carbone par la canopée urbaine, indique-t-il, sans oublier le rôle qu’elle joue dans la gestion des eaux pluviales.
Couper au minimum
Pour atteindre son objectif à long terme, Victoriaville devra avant tout s’assurer de préserver la canopée déjà existante sur son territoire, prévient M. Lemay.
C’est dans cet ordre d’idée que la Ville a choisi d’aller de l’avant avec cette mesure d’écofiscalité hors de l’ordinaire, ne souhaitant pas non plus mettre un frein au développement en pleine crise du logement.
L'idée, c'est que les promoteurs ont maintenant un incitatif à couper le minimum d'arbres lors de la construction, précise Jean-Philippe Lemay.
Ce système de redevance vise ainsi à changer le comportement des promoteurs ou des propriétaires.
Ce serait probablement plus simple de tout simplement couper tous les arbres qui permet de replanter quelques une fois que la construction est faite. Par contre on perd toute cette canopée-là avec des arbres matures, souligne M. Lemay.
Bien que la Ville compte reboiser l’équivalent de ce qui aura été coupé, la canopée actuelle mérite d’être protégée, car elle a beaucoup plus de valeur. Les arbres d'un plus grand âge ont beaucoup plus de valeur au niveau écologique qu'un nouvel arbre, dit Catherine Ouellet.
Les arbres qui n’éviteront pas le couperet permettront de financer la plantation d’arbres ailleurs dans la ville.
Catherine Ouellet tient à rappeler qu'une redevance permet à la Ville d’aller chercher de l’argent, mais que celle-ci s’engage à réserver cet argent à des fins particulières et ne peut l’utiliser à d’autres fins.
Dans ce cas-ci, l’argent servira en grande partie à la plantation d’arbres, mais aussi aux campagnes de sensibilisation. Ce sont les seules fins pour lesquelles va être utilisé l’argent recueilli, assure-t-elle.
Projet similaire à Nicolet
Jean-Philippe Lemay affirme que la SNAP est en discussion avec presque la totalité des municipalités au Québec.
Elle travaille entre autres avec Nicolet dans le but d’implanter un projet similaire.
L’objectif serait avant tout d’augmenter la canopée sur les terrains déjà développés. La gestion des eaux pluviales est aussi une préoccupation, comme c’est le cas dans plusieurs villes de la province en raison des inondations dues aux changements climatiques.
Selon M. Lemay, les municipalités réfléchissent presque toutes à l’écofiscalité. Ça devient un peu incontournable, dit-il.
Il estime que les mesures semblables à celle qu’a instaurée Victoriaville sont appelées à se multiplier au Québec dans les prochaines années.
Source: ici.radio-canada.ca/