Canada/Gatineau veut se doter d’un quartier à toponymie sportive

Publié le 04/01/2025 | La rédaction

Canada

Installé près d’une intersection, Gilles Chagnon tient précieusement dans ses mains un livret de 32 pages qui relate l’histoire derrière les noms d’une quarantaine de rues du district que le conseiller représente depuis sept ans.

Passionné d’histoire et du patrimoine, l’élu de Lucerne caresse ces jours-ci un projet qui lui tient encore plus à cœur à titre de président du Comité de toponymie de la Ville de Gatineau. Ses collègues et lui veulent rendre hommage à des athlètes, entraîneurs, bâtisseurs et bénévoles de la scène sportive locale en nommant de nombreuses rues d’un important projet immobilier à venir dans les prochaines années dans le secteur d’Aylmer.

Il s’agirait d’un quartier qui serait développé à l’ouest du chemin Klock, à la hauteur du chemin Antoine-Boucher.

Rien n’a été encore approuvé, avertit Gilles Chagnon en parlant du projet nommé Les Portes de l’Ouest par le promoteur.

Le Comité de toponymie se prépare toutefois déjà.

On a décidé que ça serait une thématique sport et culture. Nous allons pouvoir donner à des rues les noms de plusieurs personnes qui ont fait leur marque, confirme le conseiller municipal.

On va commencer à regarder les noms qui sont disponibles, ajoute-t-il.

La Ville de Gatineau possède déjà une banque de 273 noms, de tous les domaines, qui rencontrent les divers critères en matière de toponymie. La personne célébrée doit être décédée depuis au moins une année en plus d’avoir apporté une contribution à sa communauté.

Gilles Chagnon donne l’exemple de Pauline Foran, une bénévole dont le nom a déjà été retenu pour une rue dans un quartier déjà en chantier au nord de la piscine Paul-Pelletier. À titre de membre de l’organisme communautaire Aydelu, elle avait joué un rôle dans le financement menant à la construction de l’aréna Frank-Robinson au début des années 1970.

Avant d’avoir des subventions, elle [Mme Foran] avait hypothéqué sa maison pour l’aréna. Il faut le faire, affirme M. Chagnon. Il y a de belles histoires comme ça dans notre ville.

Éviter « des oublis »

L’idée d’un quartier à thématique sportive est bien accueillie par le Réseau du patrimoine de Gatineau et de l’Outaouais. Le président du conseil d’administration Frédéric Marchand estime toutefois que la composition du comité qui choisira les noms sera très importante pour éviter des oublis.

Lorsqu’on se lance dans un projet de plusieurs noms à la fois, il y a toujours cette crainte, avoue-t-il. Est-ce que nous avons oublié quelqu’un? Est-ce qu’il y quelqu’un qui a eu une vie un plus étoffée au niveau sportif qui aurait dû être sur la liste?

M. Marchand avait déjà collaboré dans le passé avec le défunt Musée des sports de Gatineau, qui a fermé ses portes en 2019. Une partie des artéfacts se trouve maintenant au Panthéon des sports du Québec, à Montréal.

Selon lui, la Ville de Gatineau peut s’inspirer de sa consœur de Sherbrooke, qui a aménagé un Panthéon des sports à l’extérieur, le long du lac des Nations. On y retrouve des plaques qui commémorent le nom de l’athlète, sa discipline et son implication dans la société.

En ce moment à Gatineau, dit-il, il y a des parcs, quelques arénas et une piscine qui portent les noms d’athlète ou de bénévoles qui ont eu un impact, rappelle M. Marchand, qui croit que la Ville a passé à côté d’une occasion dans la dernière décennie avec l’ouverture d’un immeuble important.

Nous avons un grand centre sportif qui s’appelle juste centre sportif de Gatineau, qui mériterait de recevoir le nom d’un ou d’une athlète.

Une citation de Frédéric Marchand, président du C.A., Réseau du patrimoine de Gatineau et de l’Outaouais

Nous avons une mairesse qui semble aimer sa ville au niveau du patrimoine. Et bien, c’est une occasion pour elle de dire : vous voyez, c’est ça que je suis capable de faire pour le patrimoine, en autres, sans que ça coûte un bras puis une jambe. On pourrait en faire plusieurs exemples comme ça.

Détenteur d’une maîtrise en muséologie, Frédéric Marchand note que Gatineau possède une histoire riche en sports, et non seulement en hockey. Il cite notamment le milieu du curling, du baseball, du ski de fond, du ski alpin et du cyclisme qui ont produit des athlètes doués et entraîneurs respectés.

De son côté, Gilles Chagnon croit que la toponymie peut être un outil permettant de stimuler le sens d’appartenance chez les citoyens d’un quartier ou d’une ville.

C’est important pour moi de se souvenir de nos personnages et de nos bâtisseurs, mentionne-t-il.

D’ailleurs, la Ville de Gatineau a vu son engagement à ce chapitre être primé par la Commission de toponymie du Québec, l’été dernier, recevant le prix Mérite en toponymie 2024.

Ses efforts déployés pour désigner des lieux de son territoire, notamment en honorant la mémoire de femmes de même que la culture et la langue de la communauté Anishinabeg, ont été soulignés.

Source:    ici.radio-canada.ca/


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.