Comment Financer Une Mission D’Aide Au Développement ?

Publié le 26/05/2020 | J&P

Si l’aide humanitaire internationale n’a augmenté que de 1 % l’année dernière d’après Global Humanitarian Assistance Report 2019, le montant total de celle-ci a connu une augmentation de près 30 % depuis 2014. De nouvelles méthodes, comme le crowdfunding, permettent aussi de financer l’aide au développement plus directement et avec plus de transparence. Retour pour Forbes France sur le financement original d’une mission humanitaire avec l’exemple d’ESSEC Développement International (EDI).

Quand l’humanitaire finance l’entrepreneuriat…

L’aide au développement, grâce aux microcrédits, peut-être une importante source de financement pour des entrepreneurs dans des régions où le seed financing est limité, voire impossible. En effet, comme c’est le cas en Argentine depuis plusieurs années, la forte inflation tire les taux d’intérêt à la hausse empêchant l’accès aux crédits pour une grande partie de la population. L’ambition de l’association EDI est de soutenir l’entrepreneuriat en Amérique du Sud où l’accès au crédit bancaire est encore très peu développé. L’objectif est donc de permettre à des personnes exclues du système bancaire traditionnel de se lancer dans leurs projets. 

Un exemple parlera de lui-même: Alexander est l’un des entrepreneurs ayant bénéficié de micro prêts pendant trois années consécutives. Il a ainsi monté une véritable entreprise de fabrication artisanale de meubles. Ses canapés furent testés et approuvés par les membres de l’association. « Son chiffre d’affaires a augmenté de 300 % en seulement 2 ans et il emploie maintenant 2 personnes. L’année dernière, il a choisi de se spécialiser dans les fauteuils. Il livre en moyenne 3 à 4 fauteuils par jour. La majorité des ventes se fait d’ailleurs via un intermédiaire qui vend les réalisations d’Alexander sur son propre site. » explique Anastasia Le Renard, en charge de la communication pour l’association. Grâce à l’association basée à Cergy-Pontoise, Alexander devrait pouvoir être éligible l’année prochaine à un prêt bancaire traditionnel. « C’est quelque chose dont nous sommes très fiers car il s’agit vraiment là de l’objectif du microcrédit ! Nous sommes plus que ravis d’avoir atteint cet objectif avec Alexander et ne pouvons qu’espérer y parvenir avec d’autres entrepreneurs ! » témoigne Anastasia.

Alexander, entrepreneur financé par microcrédit 

Financement de la mission : crowdfunding, concours, partenariat entreprise et ventes de nourriture

Les sources de financement sont multiples, modernes et doivent être dans la mesure du possible diversifiées. Retour avec l’exemple d’ESSEC Développement International (EDI).

  • Le crowdfunding et le financement 2.0 : de plus en plus d’associations humanitaires ont recours à des campagnes de crowdfunding qui fonctionnent aujourd’hui très bien. Pour le crowdfunding, EDI utilise la plateforme Hello Asso, très facile d’utilisation : les reçus fiscaux sont directement préparés et à disposition des donateurs, le virement est automatique et groupé vers le compte de l’association, les informations des donateurs sont disponibles sur la plateforme. Un des avantages clés de cette plateforme est qu’elle ne prend pas de commission et que l’argent est viré même si nous n’atteignons pas l’objectif fixé initialement. Des conseils pour réussir une campagne de crowdfunding ? « Rendre la page la plus humaine et la plus concrète possible en détaillant par exemple l’utilisation des fonds de l’année passée de façon à ce que les personnes comprennent qu’elles investissent dans un projet concret avec un réel impact» selon Raphaëlle Paret, trésorière de l’association EDI.
  • Partenariat avec les entreprises: Chaque année, EDI comme d’autres associations envisage des partenariats avec des entreprises. La majorité des entreprises ont déjà mis en place de nombreuses politiques RSE et soutiennent déjà des associations, projets ou initiatives solidaires qui souvent ont une plus grande portée qu’EDI et apportent à l’entreprise davantage de visibilité. « Cette année, nous innovons en travaillant en partenariat avec une entreprise, Your Orientation, qui fait appel à des associations étudiantes pour corriger et aider les élèves de terminale à rédiger leurs lettres de motivations pour la plateforme Parcoursup en échange d’une rémunération. » explique Swann Heuveline, président de l’association.
  • Les concours: les associations humanitaires participent aussi à de nombreux concours d’entreprises et de fondations d’entreprise qui souhaitent soutenir des projets de développement et réalisent chaque année des appels à projets solidaires. EDI a par exemple gagné le premier prix des Campus Awards Natixis l’année dernière, leur permettant ainsi de remporter 5000 euros pour la mission 2019.
  • Les évènements: l’association organise enfin à plusieurs reprises des évènements sur le campus de l’ESSEC dans le but de rassembler une partie des fonds nécessaires. « Nous essayons de trouver diverses petites sources de financement qui souvent s’avèrent particulièrement efficaces, parmi ces dernières, figurent par exemple des sessions papiers cadeaux dans les magasins de jouets à Paris. Nous organisons aussi des “ventes de bouffe” sur le campus de l’ESSEC durant lesquelles nous proposons aux étudiants des menus à petit prix! Enfin, chaque année nous revenons d’Argentine avec pulls et accessoires typiques que nous revendons ensuite sur le marché de Noël de l’Essec. » De quoi donner des idées pour les autres associations humanitaires !

Les 3 conseils pour financer avec succès une mission d’aide au développement

« 1. Le conseil le plus important : la ténacité ! » nous expliquent les membres de l’association. « Récolter des fonds n’est pas chose facile surtout quand vous êtes une association encore peu connue. Cela prend du temps. Il ne faut pas se décourager et toujours redoubler d’efforts pour trouver des partenaires, des idées d’évènements ponctuels innovantes afin de récolter des fonds et surtout ne pas négliger les solutions “système D” qui parfois ne payent pas de mine, mais peuvent rapporter gros.

2. Il faut aussi savoir cibler les bonnes entreprises pour les partenariats : choisir des projets qui vous ressemblent, proches de vous, trouver les bons mots lorsque vous parlez de votre projet ! Cette année, par exemple, nous avions réussi à nouer un partenariat avec Wildness Organic Chocolate, entreprise de production de chocolats initialement basée à l’intérieur d’une prison en Nouvelle-Zélande. Les prisonniers, payés avec un salaire classique, travaillent à la fabrication des chocolats. L’entreprise nous a fourni gratuitement du chocolat pour notre Gala afin de gagner en visibilité ! 

3. Rassembler les différentes générations d’une association constitue enfin un élément clé. Même si cela peut paraître superflu pour une association d’aide au développement au premier regard, , ces évènements intergénérationnels permettent de mobiliser celles et ceux qui furent engagés par le passé à cette association. Et c’est donc bien évidemment un moyen de récolter efficacement des fonds. Pour ma part, d’ici quelques années, je serai plus que ravie de pouvoir faire un don à EDI ! » conclue Anastasia

Source: www.forbes.fr

 

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