Valorisation des déchets : Quel rôle des collectivités territoriales ?
Dans un contexte marqué par une augmentation considérable des risques du changement climatique et de la rareté des ressources naturelles, la mise en œuvre des Objectifs du Développement Durable des Nations Unis (ODDs) et des Contributions Nationales Déterminées (CNDs) devient une urgence.
Conscient de la nécessité de mobiliser toutes les instances d’un pays pour atteindre les objectifs escomptés, l’Association des ingénieurs de l’école Mohammedia et l’Ecole Mohammedia D’ingénieurs en partenariat avec l’Association marocaine des présidents des conseils communaux et la Direction générale des collectivités locales organisent une conférence-débat sur « Valorisation des déchets ménagers : vers un modèle innovant et fédérateur ».
Aujourd’hui, les gouvernements locaux ont un rôle important dans la territorialisation des politiques publiques notamment en matière de réalisation des ODDs et des CNDs. Ils sont les principaux acteurs publics responsables du déploiement des engagements nationaux et internationaux en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
Et l’un des axes importants de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) figure la gestion des déchets, compte tenu de son impact sur la qualité de vie et sur la santé des citoyens-contribuables.
Et pour cause, en plus des citoyens qui sont devenus de plus en plus exigeants en matière de qualité du service rendu, de participation citoyenne, de transparence et d’information objective sur la destinée du service et les indicateurs de gestion et environnementaux, la gestion des déchets renferme beaucoup d’opportunités.
D’après Mohammed Benahmed, Expert international dans développement territorial durable « la chaîne de valeur des déchets est porteuse de beaucoup d’innovations et d’innombrables opportunités économiques, industrielles et sociales qu’il conviendrait de saisir de manière écologique, socialement inclusive et économiquement efficiente ».
Il rajoute que les enjeux sont tout autant socioéconomiques, technologiques et environnementaux. « C’est pourquoi l’Etat et les CT doivent se mobiliser pour que la mise en perspective du développement soit en phase avec les ambitions d’une croissance économique verte et inclusive, en mettant l’agenda de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique au cœur des politiques et outils de planification territoriale », a-t-il précisé.
Les défis à relever dans ce secteur sont énormes. En effet, les dysfonctionnements dont souffre la gestion des déchets au Maroc sont une réalité que tout le monde connaît et subit. « Ces dysfonctionnements compromettent l’efficacité et l’efficience du service à cause notamment d’une gouvernance qui a montré ses limites que ce soit au niveau national, régional ou local et d’une approche basée sur tout en décharge et l’enfouissement », tient à préciser Mohammed Benahmed.
Outre la bonne gouvernance, la gestion des déchets connaît également une autre contrainte notamment financière. Comme nous l’explique notre expert, le poids budgétaire et économique de la gestion des déchets grève de plus en plus les capacités de financement des Collectivités Territoriales qui peinent à trouver des solutions financièrement soutenables et écologiquement efficaces pour faire face à :
- L’ampleur des enjeux et défis de ce secteur capitalistique, nécessitant une forte technicité et des moyens financiers souvent hors de portée des CT ;
- La montée en charge d’une société civile active et frondeuse quant aux niveaux sanitaires et écologiques inquiétants sur l’écosystème humain et naturel, notamment dans la métropole de Casablanca et les autres grandes agglomérations urbaines.
C’est pourquoi, il faut impérativement l’implication de tous les acteurs mais aussi d’un changement de paradigme. « Il faut favoriser l’instauration d’une véritable culture écologique et des synergies collaboratives multi-acteurs et multi-échelles en vue d’optimiser les actions menées et projetées, tout en capitalisant sur les résultats des expériences éprouvées, et en aidant à l’émergence de solutions technologiques et financières innovantes, moins coûteuses et facilement duplicables, à même de relever les défis de la mutation vers un modèle de gestion des déchets inclusifs et décarbonés », explique Mohammed Benahmed.
Cette rencontre qui réunira plusieurs acteurs sera l’occasion de mettre la lumière sur ce secteur ô combien important. Mais pas seulement, il sera question de tirer parti de l’alignement des intelligences des acteurs publics, associatifs et privés de l’écosystème de l’innovation autour de la chaine de valeur des déchets : Etat, collectivités territoriales, société civile, université, secteur privé, etc. ; partager l’expérience et le savoir-faire acquis, les facteurs clés de succès, les meilleures pratiques et les écueils à éviter pour une gestion durable du secteur.
Ainsi qu’explorer des pistes innovantes, tant stratégiques qu’opérationnelles, de progrès et de modernisation des filières de la chaine des déchets, notamment en matière de gouvernance, durabilité, socio-politique, technologique, organisationnelle, financière, contractuelle et évaluative.
Source: www.ecoactu.ma
