Barbara Belle,Banque des territoires-Caisse des dépôts:«Accentuer le contact avec le terrain»

Publié le 25/08/2019 | La rédaction

France

La Banque des territoires – Caisse des dépôts a injecté 1,5 Md€ en 2018 pour le développement des territoires en Auvergne-Rhône-Alpes et pour y renforcer la cohésion. Barbara Belle, directrice régionale adjointe et directrice déléguée Région Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des territoires – Caisse des dépôts perpétue ce qui fait l'ADN de l'institution financière publique : accompagner et financer l'innovation pour contribuer au développement de tous les territoires.

 

La Banque des territoires a été lancée il y a un an, en mai 2018. Quel bilan tirez-vous de ce nouveau positionnement ?

La Banque des territoires est née de la volonté de la Caisse des dépôts de réaffirmer et de rendre plus lisible son action en direction du développement de tous les territoires. La Banque des territoires n'est pas une structure juridique, mais une bannière, une marque, une façon de réaffirmer cet investissement de la Caisse des dépôts dans ses missions d'intérêt général. Ce qui a changé, c'est la manière dont les équipes collaborent ensemble et avec l'extérieur pour désormais avoir une vision plus transversale du besoin d'un territoire.

Concrètement, nous exerçons trois grands métiers : le prêt sur fonds d'épargne, notre activité historique, les investissements en fonds propres et la mission de banquier en direction des professions juridiques réglementées. Il a pu arriver, par le passé, qu'un client, en relation d'affaires sur nos trois métiers, ait trois interlocuteurs différents. Ceci a pu nuire à l'efficacité et à la compréhension du partenaire local. Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, a lancé cette marque Banque des territoires, dans une optique de communication mais aussi pour que les collaborateurs de la Caisse des dépôts apprennent à travailler différemment.

Comment cela s'est-il traduit en région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Une première étape a été la fusion des directions régionales Auvergne et Rhône-Alpes de la Caisse des dépôts, en 2016, au moment des regroupements administratifs des régions. Notre territoire s'est alors organisé en trois délégations à Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand. Sur les 90 collaborateurs régionaux, 70 sont établis à la délégation lyonnaise. Cette nouvelle organisation précédait notre fonctionnement actuel pour conserver, voire accentuer le contact avec le terrain. Ce qui n'est pas toujours une tâche facile pour une région aussi vaste et aussi forte qu'Auvergne-Rhône-Alpes avec ses douze départements. On peut aujourd'hui dire que c'est grâce à ce maillage et à notre organisation territorialisée dès 2016 que nous avons facilement pu diffuser la marque Banque des territoires. La souplesse et l'agilité acquises ont permis à nos équipes territoriales de mettre en œuvre l'ensemble des métiers tout en favorisant un interlocuteur unique qui articule les interventions pour chaque client.

Avez-vous mesuré les résultats de cette nouvelle organisation ?

Nous ne l'avons pas mesuré sur des délais raccourcis pour l'instruction des projets, par exemple. Mais nos clients et partenaires nous ont témoignés une grande satisfaction quant à la réactivité dans nos relations, à des projets mieux sourcés, à avoir une appréhension plus complète d'un projet et être ainsi capables d'y apporter une réponse ou d'orienter vers les partenaires adéquats. Je rappelle que nous ne sommes pas une banque commerciale mais un établissement qui apporte des financements appropriés à des projets territoriaux et des conseils sur le montage d'un dossier. Nous sommes aussi en capacité de comprendre les enjeux d'un projet et de l'orienter vers une filiale du groupe Caisse des dépôts, comme Transdev pour des sujets liés au transport, Bpifrance, CDC Habitat… Nous avons aussi des collaborations intenses avec les collectivités locales, l'Ademe, l'association Auvergne-Rhône-Alpes tourisme et bien d'autres encore pour adresser des projets auxquels nous ne saurions pas répondre directement.

Quels sont vos critères d'investissement ? Avez-vous des critères nationaux et/ou une partie plus spécifiquement locale ?

La Caisse des dépôts et la Banque des territoires accompagnent les projets de développement en co-investissement. Nous ne sommes pas le leader du projet, porté par une collectivité, un institutionnel, une entreprise. Ce projet, qui a besoin d'un coup de pouce financier, doit être au service du développement d'un territoire. On adopte cette position de minoritaire mais qui peut être de 49 %. Nous ne faisons pas de distinctions de critères nationaux ou locaux dans le choix de soutenir un projet. Pour nous, le territoire est unique. Aucune différenciation n'est faite entre un projet dans la grande métropole de Lyon ou dans un territoire plus rural. Ce qui fait toute la différence entre les interventions de la Caisse des dépôts et celles d'une banque commerciale. Le groupe investit sur ses fonds propres, et non l'argent de l'Etat, ce qui lui donne aussi la faculté d'être co-investisseur avec des entreprises privées. Cette position nous donne la faculté de traiter de façon équitable l'ensemble des territoires.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets innovants illustrant vos critères d'investissement ?

Nous servons les thématiques du développement territorial. La Caisse des dépôts appartient au groupement porté par LPA pour construire et exploiter un Hôtel logistique urbain au port Edouard-Herriot de Lyon. Ce projet est au cœur de la métropole de Lyon mais c'est bien un projet complexe et innovant pour porter un objectif de transition écologique et de développement durable. Réaliser les livraisons du dernier kilomètre à vélo électrique intéresse encore peu les entreprises privées. Notre rôle est de soutenir ce type de projet innovant, l'ADN de la Caisse des dépôts. En 1989, quand la Caisse des dépôts crée la Compagnie des Alpes pour accompagner le déploiement des stations de sport d'hiver, peu y croyaient. On en a fait aujourd'hui l'un des plus beaux domaines skiables au monde. Ces deux exemples illustrent nos critères simples : l'utilité d'un projet pour le développement d'un territoire, l'intérêt que les pouvoirs publics locaux lui portent, sa viabilité économique à long terme car nous n'intervenons pas en subventions mais avec un retour sur investissement. Surtout, nous n'avons pas de critères figés. La souplesse de notre organisation et de nos interventions permet d'argumenter pour chaque projet proposé. On prend la rentabilité que nous offre le projet au regard de son utilité pour le territoire : plus d'inclusion, moins de pollution… Nous pouvons investir dans des opérations un peu plus risquées car nous lui offrons le temps pour décoller économiquement. Mais il nous arrive aussi de ne pas aller sur certains projets car nous ne percevons pas une rentabilité économique suffisante, même à long terme.

C'est en quelque sorte un pari sur l'avenir ?

Prenons d'autres exemples. L'aménagement des friches industrielles à Oullins a commencé au début des années 2000. La Caisse des dépôts a co-investi dans un immeuble de bureaux à la Saulaie alors qu'il n'y avait pas le métro et que personne ne voulait y aller. L'opération a finalement très bien marché.

Idem du côté de Confluence. VNF disposait d'un foncier, les Docks, dont elles ne savaient pas quoi faire. Les échanges avec les élus de la Courly, là encore dans les années 2000, a permis de construire le premier immeuble, celui du Progrès. Il suffit de constater aujourd'hui la promenade le long de la Saône et les immeubles construits pour se dire qu'il fallait des élus visionnaires pour enclencher toutes les possibilités que ce territoire avait de se transformer en un lieu extraordinaire.

Comment le programme national Territoire d'industrie va-t-il se déployer en local ?

141 territoires d'industrie ont été identifiés avec les régions et les intercommunalités. En Auvergne-Rhône-Alpes, 18 territoires ont été sélectionnés. Au niveau national, 1,36 Md€ sera fléché. Nous n'avons pas encore les montants alloués pour chaque territoire car les projets sont en cours d'instruction. L'objectif est la réindustrialisation des territoires. Pour cela, les fonds accordés permettront notamment de revaloriser l'image de l'industrie, encore trop perçue comme dans les romans d'Emile Zola dans la tête de nombreux Français. Pour chaque territoire, un programme d'actions, sur mesure, sera défini et mobilisera les compétences locales. Pôle emploi en fera partie, par exemple. Des actions de communication auprès des jeunes pour les inciter à s'intéresser à ces métiers font aussi partie intégrante des actions.

Un autre programme sera déployé en Auvergne-Rhône-Alpes : Action cœur de ville. Quel est son objectif ?

Il ambitionne d'améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et de conforter le rôle de moteur de ces villes dans le développement du territoire. 222 bassins ont été sélectionnés en France pour bénéficier de 5 Md€ en cinq ans issus des fonds propres de la Caisse des dépôts pour 1 Md€, de 700 M€ de prêts, de 1,5 Md€ d'Action Logement et de 1,2 Md€ de l'Agence nationale de l'habitat (Anah). En Auvergne-Rhône-Alpes, 25 communes bénéficieront de ce plan d'investissement.

Comment envisagez-vous l'activité fin 2019 et début 2020, à l'approche des élections municipales et métropolitaines ?

Ces échéances auront peu d'impact car nous finançons des projets. Par contre, nous serons très vigilants quant à la communication à partir du 1erseptembre 2019. Mais ces élections n'auront pas de conséquences sur les financements des projets, nous suivons le calendrier des collectivités. La Caisse des dépôts existe depuis plus de 200 ans, nous savons être réactifs ou s'adapter à des délais plus longs, ce qui n'est, parfois, pas une mauvaise chose.

 

Source:  www.le-tout-lyon.fr


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