CONSTRUCTION EN PAILLE : BIENTÔT UNE FILIÈRE RÉGIONALE

Publié le 18/02/2019 | Thierry Roland Simen

France

Dans le cadre de la Troisième révolution industrielle, la Région accompagne le développement d'une filière exploitant la paille comme matériau de construction innovant.

Dans la famille des trois petits cochons, celui qui construit sa maison en paille aurait la cote en Hauts-de-France. Et pour cause : dans la région, l'idée de fabriquer des bâtiments à base de paille fait son chemin.

Un matériau idéal sur le plan environnemental

Frédéric Cousin est concepteur de bâtiments passifs. Cet Amiénois travaille sur cette filière d'avenir depuis plus de dix ans. Pour lui, la technique est aboutie et offre de nombreux avantages. "Sur l'analyse du cycle de vie des bâtiments, l'association paille/ossature bois présente un bilan carbone extrêmement intéressant. La paille est également un matériau biosourcé économique, très isolant, bien plus résistant qu'on ne le croit. À la bonne densité de compression, elle est par exemple très résistante au feu".

L'enjeu pour le constructeur, comme pour toute une filière en devenir : mobiliser davantage d'agriculteurs pour fournir localement les quantités de paille nécessaires. "Une maison c'est 500 à 700 bottes, une école 4 000, un bâtiment industriel jusqu'à 10 000".

 

Les initiatives locales fleurissent

Le marché de la construction en paille est donc aujourd'hui marginal, mais les expériences se multiplient : bâtiments publics, salles polyvalentes, maisons individuelles... "Le procédé existe déjà, mais l'idée consiste à bâtir une véritable filière", planifie Fabien Dutertre. Frédéric Cousin se montre optimiste : "dans le BTP, la construction en paille reste une part minoritaire. Mais la conjoncture est favorable : aux vues des exigences croissantes en matière de performance énergétique, elle pourrait sérieusement se développer".

Tous métiers confondus (fournisseurs de paille, bureaux d'études et architectes ou encore entreprises de construction), les Hauts-de-France comptent aujourd'hui une cinquantaine d'acteurs recensés, dont une dizaine d'agriculteurs.

Adapter la taille des ballots de paille

Le futur défi de la filière paille, pour gagner en compétitivité : l'approvisionnement généralisé auprès des agriculteurs. Comme le révèle Fabien Dutertre, conseiller agricole à la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France, ceux-ci doivent y voir un intérêt économique pour préférer ce marché à ceux auxquels ils destinent actuellement leur paille non utilisée (élevage, enrichissement des sols, horticulture en Belgique ou aux Pays-Bas).

Autre challenge pour les agriculteurs : adapter leurs procédures (calendrier de récolte, matériel, conditionnement, temps de travail, stockage…) pour produire des ballots aux exigences adéquates, en termes de taille par exemple. Et à l'heure actuelle, ils sont encore peu nombreux à pouvoir en assurer la fourniture avec des presses répondant aux critères.

La Région impliquée

C'est sur le terrain de l'adaptation des techniques et du matériel que la Région agit, notamment auprès de l'association Noria et du territoire des Campagnes de l'Artois (62).

Dans le cadre du FRATRI (Fonds régional d'amplification de la Troisième révolution industrielle), la Région soutient notamment des études visant à trouver les meilleures solutions techniques. Les presses actuelles produisent pour la plupart des balles rondes, inutilisables en vue de la construction, ou au mieux rectangulaires mais qui ne sont pas au bon format.

Une charte en construction

Depuis 2012, des règles professionnelles définissent les exigences en termes de qualité de la paille, du niveau de compression, du taux d'humidité, du volume des ballots de paille ou encore des conditions de stockage. Un réseau national (le RFCP) se met aussi en place.

Au-delà de ses avantages environnementaux dans le domaine de la construction, le développement de cette filière laisse entrevoir des créations d'emplois et des montées en compétences des employés, tant du côté du monde agricole que des entreprises de construction.

Source: www.hautsdefrance.fr

Thierry Roland Simen


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