Rainoul – Singerei, cœur battant de la Moldavie exprime son désir de France, d’Europe ainsi que celui de l’ouverture à d’autres terres inconnues dans le monde

Lorsqu’il reçoit « Jumelages & Partenariats-magazine » dans les derniers jours du mois de septembre, encore ci-proche, Mihail BIRSAN, Vice-président délégué du gouvernement du District moldave de Raionul – Singerei l’une des 34 régions que compte la Moldavie choisit la formule de la visite guidée des activités et des infrastructures alors qu’il est questionné sur les missions de cette collectivité territoriale.

 «Je vous invite à une immersion complète et sans complaisance dans ce que nous initions, accomplissons et accompagnons, ici, en tant que pouvoirs organisateurs ou de tutelle » lâche t-il énergiquement en souriant.

Symboliquement, la visite guidée commence par les matières personnalisables qui sont en bonne place parmi les missions dévolues aux autorités des districts. Le lycée d’enseignement général OLIMP, le lycée sport-étude, le Musée municipal de Singerei, des guichets de lecture en pleine rue et en libre accès 24 heures sur 24 dans la capitale régionale, l’orphelinat de la région à bonne distance, une cité scolaire de référence dans une commune située à une cinquantaine de kilomètres de Singerei avec sa crèche géante qui accueille 97% des enfants de la localité, une structure aux multiples activités où des jeux d’éveil s’enchainent avec ceux d’initiation aux traditions, danses et cultures locales - préparant ainsi ces tout petits à l’accès à l’école primaire.

Côté matières économiques, une usine de production des eaux minérales retient l’attention, des plantations de vergers estampillés BIO, à perte de vue, des installations frigorifiques de dernière génération pour le conditionnement des récoltes, des activités sylvicoles, piscicoles, d’élevage d’ovins, de bovins, de lapins ça et là aux normes BIO etc. ainsi que d’animaux de compétions.

« Ici, nos terres sont cultivables et extrêmement riches. Nous savons produire à grande échelle, démultiplier notre production et écourter les délais pour les récoltes sans avoir recours aux pesticides et aux engrais chimiques » déclare Monsieur Nicolaï, producteur agricole et roi local du Bio.

Dans sa volonté de stopper l’exode des populations particulièrement des jeunes vers la région capitale, à Chisinau, puis à l’étranger,  la région appuie, avec des concours extérieurs divers, le développement des services de l’incubateur d’entreprises locales qui accueille des porteurs de projets y compris dans les domaines médico-psycho-sociaux et les accompagne dans les phases de maturation et de développement notamment. 

Grâce à ces facilités, l’installation, au sein dudit dispositif, du premier centre d’imagerie dentaire ainsi que d’une orthophoniste-psycho-pédagogue a été rendue possible, entre autres.

Dans ce même sillage, la tenue dans la région le dimanche 30 septembre dernier de la huitième édition du « Festival International Sarmale de Chiscareni » grand rassemblement populaire, festif, vitrine par excellence des « savoirs faire culinaires, artisanaux » et des « savoirs être traditionnels et culturels » de la région est désormais présenté par les autorités locales, tous niveaux et tendances politiques confondus, comme l‘instrument pour leur quête de rayonnement et d’attractivité à l’intérieur du pays, dans les échanges transfrontaliers par exemple avec des localités roumaines la frontière avec ce voisin membre de l’union Européenne se trouvant, en effet, à quelques encablures de là mais pas que.  Les différents acteurs majeurs de la vie locale,  incubateur des entreprises, établissements d’enseignement, municipalités, musée, producteurs agricole, artisans, région etc. expriment clairement leur désir de bâtir des partenariats multi acteurs avec des homologues en France, ailleurs en Europe et même en direction d’autres terres inconnues dans le monde.

Cette année, le thème générique du festival a été le développement économique par la promotion du tourisme multithématique avec l’inauguration, en guise d’ouverture,  d’un réseau de maisons d’hôtes rurales, le long d’une dorsale desservant plusieurs villages et proposant une variété d’activités/toutes saisons en pension complète : ramassage de champignons et d’herbes aromatique en forêt, randonnée, pistes de luge, excursions en bateau sur le lac, api thérapie – voyage dans le monde des abeilles, parcours de vinification, promenade en calèche, itinéraires à vélo, immersion tresses de fibres végétales, tissage de tapis etc.

Par ailleurs, Sangerei, capitale régional et creuset central de la Moldavie multimillénaire  ambitionne de s’inscrire dans la même dynamique en bâtissant un second front de développement touristique intégré qui pourrait faire adéquatement la boucle. Il s’agit de restaurer les vestiges historiques établissant l’existence du pays entre quatre et six mille ans avant Jésus-Christ. La réalisation d’un tel lieu de mémoire, une sorte de musée ouvert le long d’une dorsale intercommunale, aurait vocation à constituer une attraction à l’image des pyramides d’Egypte. C’est l’obsession  de Brasovschi Gheorghe, Maire de Singerei, qui entend défier tous les pronostics en faisant de Singerei une ville ouverte sur le monde. 

L’une des illustrations de cette volonté manifeste serait l’organisation en 2019 de concert avec le District de Rainoul - Singerei et de la direction de l’incubateur des entreprises locales d’une conférence internationale d’évaluation de l’efficacité des dispositifs décentralisés d’accueil et d’assistance aux entreprises et porteurs de projets. 

Si les séquelles du vide laissé par l’abandon du kolkhoze après l’indépendance en 1991 sont toujours apparentes à Rainoul – Singerei et sans doute ailleurs dans le pays, il n’en demeure pas moins que le territoire est tenu.

Ces élus locaux dont la majorité des maires se trouve être des femmes, sont à la tâche et poursuivent la transformation des édifices hérités de l’ex-empire soviétique en musées, orphelinats, maisons culturelles, maisons communales, bibliothèques, écoles, lycées etc. tout en coordonnant la réalisation d’autres infrastructures sportives, éducatives, sociales et économiques grâce notamment aux concours de la commission européenne, de la fédération européenne de football, de la coopération française, tchèque, roumaine, du corps de la paix américain ou encore du programme des Nations Unies pour le Développement etc. 

A Rainoul – Singerei, on peut observer quotidiennement l’usage courante desdits équipements, avec minutie, par des groupes de jeunes qui se relaient en étant ainsi occupés pendant leur temps libre par des activités sportives. Le sens du bien commun hérité de l’époque soviétique y est légion. 

Avec peu d’emplois, une monnaie faible,  la volonté de contenir la tentation pour les jeunes de continuer à émigrer en Russie ou à l’ouest de l’Europe en vue de gagner sept fois plus d’argent est manifeste ; et si comme réponse, ces élus locaux avaient raison de vouloir faire des territoires de Moldavie des terres d’échanges tous azimuts et une destination touristique courue ?

Nestor HEMLE
Journaliste d’1 Jour auprès de… (à Rainoul – Singerei / Moldavie)
Equipe technique : Eugeniu Prigoci
Correspondant-assistant : Gheorghe Turcan