Élus locaux et coopération décentralisée: recevoir et donner

Publié le 01/10/2018 | La rédaction

Côte d'ivoire

La coopération décentralisée est un moyen de promotion du développement local qui permet la mutualisation des efforts, des énergies, des forces et des stratégies.

Plusieurs collectivités décentralisées peuvent décider de se mettre ensemble et s’organiser de manière à venir à bout d’un ou des problèmes dont l’ampleur et la gravité dépassent généralement leur capacité d’intervention, individuellement considérée. Autrement dit, une compétence qu’une collectivité territoriale ne peut convenablement assumer, toute seule, peut être collectivement exécutée en partenariat avec une autre.

La coopération décentralisée permet, par exemple, de minimiser les coûts financiers de certaines activités ou encore assurer l’utilisation optimale des ressources et des équipements mis à disposition par des partenaires nationaux ou internationaux. La réalisation de grands projets sociaux, culturels et économiques peut se faire par le biais de la coopération décentralisée. Elle constitue un excellent moyen de solidarité ou de complémentarité entre les collectivités. Elle leur permet de progresser vers une culture communautaire de résolution des problèmes auxquels elles font face. Par la coopération décentralisée à l’échelle de la Côte d’Ivoire, les collectivités locales peuvent se porter mutuellement assistance et conseil.

La coopération décentralisée ne signifie pas seulement des échanges économiques, matériels et financiers. Il y a surtout des échanges à caractère social, culturel, touristique, scolaire ou universitaire. Chaque collectivité décentralisée de Côte d’Ivoire peut offrir à son partenaire du Nord les valeurs culturelles, la chaleur humaine et même le sourire de ses habitants. C’est donc le rendez-vous du donner et du recevoir au pluriel.

Dans un contexte de coopération décentralisée, deux ou trois communes peuvent soumettre à une organisation de financement du développement local un ou des projets communs. Nous avons encore en mémoire les accords de coopération entre les communes de l’Ouest montagneux ivoirien et ceux de la Franche Comté (France) dans les années 90. De bons résultats avaient été enregistrés et cela avait fait des émules. C’est ainsi que des unions de villes et communes avaient été créées dans plusieurs régions de Côte d’Ivoire. Mais, aujourd’hui, la quasi-totalité de ces unions se retrouvent dans la léthargie.

En réalité, nos différentes crises politico-militaires ont négativement affecté cette coopération. La coopération décentralisée ne peut se réaliser que dans un climat politique et social apaisé. Ainsi, malgré son importance dans le processus de développement local, la coopération décentralisée n’a pas encore atteint ses lettres de noblesse en Côte d’Ivoire. Elle a besoin de retrouver un nouveau souffle.

Pour certains élus locaux, la coopération décentralisée se fait uniquement selon l’axe Nord-Sud. Ils préfèrent, en effet, être en relation de coopération avec une collectivité du Nord plutôt qu’avec celle qui se trouve à côté. Psychologiquement, il parait plus ‘‘valorisant’’ de dire qu’on est en relation de coopération avec une collectivité du Nord qu’avec celle d’un pays de l’hémisphère Sud. Il n’y a pas de complexe d’infériorité ou de supériorité à manifester. Il est plutôt primordial, selon les experts du management, d’aller prendre conseil auprès de ceux qui ont réussi dans le même domaine.

Le District Autonome d’Abidjan ou toute autre commune du pays peut coopérer, par exemple, avec la communauté urbaine d’Accra ou avec toute autre ville du Ghana notamment en matière de lutte contre l’insalubrité urbaine chronique d’ici. Les collectivités décentralisées du Nord sont mieux nanties que celles du Sud, techniquement, matériellement et financièrement. Mais, elles ne peuvent pas appuyer toutes les actions des collectivités partenaires du Sud. Par ailleurs, l’une des principales difficultés liées à la coopération décentralisée Nord-Sud est l’existence de différences d’ordre socio-anthropologique, culturel, technique ou technologique, économique et financier.

La coopération décentralisée comporte également un volet ‘‘transfert de technologies’’ d’une collectivité à une autre. L’une des questions que l’on peut se poser est de savoir ce qui peut être transféré. La réussite de ce transfert passe par l’existence d’une bonne capacité d’absorption technologique au niveau des collectivités locales. Cette capacité des techniciens locaux se traduit par la maîtrise de l’entretien et de la maintenance des machines transférées.

Au total, la coopération décentralisée, malgré les opportunités multiples qu’elle offre, demeure un champ encore insuffisamment défriché par les collectivités locales ivoiriennes. Aussi, les élus locaux doivent-ils accorder un intérêt tout particulier à la coopération décentralisée afin de renforcer leur potentiel d’intervention.  
 

Source: www.fratmat.info


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