Maroc/Stress hydrique: la situation devient préoccupante dans la région de Béni Mellal-Khénifra

Publié le 17/10/2020 | J&P

Maroc

La saison agricole 2019-2020 est l'une des plus rares en ressources hydriques dans la région de Béni Mellal-Khénifra, alors que les barrages affichent un recul des apports en eau de 63%, ce qui soulève des inquiétudes quant à la prochaine campagne agricole et à l'approvisionnement en eau potable.

Selon les données de l'Agence du Bassin hydraulique de l'Oum Er Rabia, récemment présentées lors de la session ordinaire d'octobre du Conseil de la région, le taux de remplissage du barrage de Bin El Ouidane ne dépasse pas 22%, celui de Hassan 1er 17%, alors que le taux de remplissage du barrage Ahmed Al Hansali s'établit à 13% jusqu’à la date du 5 octobre.

Une situation pour le moins préoccupante, notamment avec le retard des précipitations jusqu'à la mi-octobre, et l'augmentation constante de la demande en eau, qu'elle soit destinée à l'irrigation de plus de 200.000 hectares de terres arables dans la région ou dédiée à l'industrie et à l'approvisionnement en eau potable de plusieurs zones urbaines de la région.

Ainsi, et pour surmonter cette pénurie en ressources hydriques, l'Agence a opté pour la réglementation des quotas d'eaux et la gestion rationnelle des eaux de la région dans le cadre d’une approche participative impliquant toutes les parties prenantes. Cette réglementation est basée sur une stratégie qui tend à répondre aux besoins d’approvisionnement en eau potable à 100% sans interruption ni déficit pendant une durée de deux ans.

De ce fait, les quotas minimaux des eaux destinées à l'irrigation ont été déterminés en début de saison, et une révision de ces quotas s’imposera, selon l'Agence, en fonction de l'évolution de la situation hydrique tout comme dans le cas d’un déficit sévère où il a été décidé d'orienter lesdits quotas exclusivement pour sauver les arbres.

Par ailleurs, un comité de suivi a été mis en place avec la participation de toutes les parties concernées par la situation hydraulique de la région, qui se réunit tous les mois pour établir un diagnostic de la situation et prendre les mesures nécessaires. Ce, alors que les travaux sont en cours pour renforcer le programme d'exploration des ressources en eau souterraine dans le monde rural, en particulier dans les régions montagneuses. Un programme pour lequel l'Agence a alloué 4 millions de dirhams au niveau de la région.

Toutefois, la raréfaction des précipitations pendant les saisons 2018-2019 et 2019-2020 a considérablement impacté les ressources en eau au niveau du bassin d'Oum Errabia.

En effet, la moyenne des précipitations dans le bassin est de l'ordre de 414 mm, en ce sens que la saison en cours (du 1er septembre 2019 au 31 août 2020) a enregistré 287 mm. Pour la saison 2018-2019, les précipitations étaient de 362 mm.

Au cours de la saison actuelle, les précipitations ont atteint dans le sous-bassin d’Oum Errabia 410 mm, soit moins de 27% par rapport à la moyenne, qui est de 559 mm.

Pour Oum Errabia central, les précipitations sont de 316 mm, soit moins de 13% de la moyenne qui est de 361 mm. Même situation pour Oued El Abid, dont les débits ne dépassent pas 285 mm, soit moins de 20% de la moyenne, qui est de 357 mm.

Hormis cette situation, le manque de pluies s'est considérablement reflété sur les apports en eaux des barrages. Ainsi, le barrage de Bin El Ouidane (1.215,5 Mm3) qui a une enregistre annuellement 955 millions de mètres cubes, n'a pas dépassé en 2019-2020 (entre le 1er septembre 2019 et le 31 août 2020) un total de 310 millions de mètres cubes, soit moins 68%, alors qu’en 2018-2019, il a atteint un total de 607 millions de mètres cubes.

Pour le barrage Ahmed El Hansali, qui a une capacité annuelle moyenne de 796 millions de m3 d'apports en eaux, il n'a pas dépassé au cours de la saison 2019-2020 un total de 357 millions de m3, moins de 55%, alors que pour la saison 2018-2019, un total de 622 millions de mètres cubes ont été enregistrés.

Quant au barrage d’Al Massira, (2.657 Mm3) dont le volume annuel d'apports en eaux est en moyenne de 783 millions de mètres cubes, il n'a pas dépassé 260 millions de m3 en 2018-2019, soit moins de 67%.

Cependant, le bassin connaît également un problème de gaspillage des ressources en eau et de leur exploitation excessive par les propriétaires des domaines agricoles le long de la rivière Oum Rabia en l'absence de tout contrôle, ce qui nécessite l'intervention urgente de la police de l'eau pour faire face à cette situation.

L'Agence marocaine de Presse (MAP) a ainsi constaté que des centaines de pompes étaient utilisées dans le remplissage de réservoirs d'eau le long de la rivière Oum Errabia à l’aide de bonbonnes de gaz butane subventionné, asséchant ainsi tout le long de la rivière, alors que seules de petites quantités d’eaux atteignent le barrage d’Al Massira (2657 m3), le deuxième plus grand barrage au niveau national dont le taux de remplissage ne dépasse pas 13%.

Source:    m.le360.ma

J&P


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