Développement local au Burkina : Saisir vite la balle au bond

Publié le 05/03/2018 | La rédaction

Burkina Faso

Démarrée en juin 2013, la troisième phase du Programme national de gestion des terroirs (PNGT 2-3) arrive à échéance en décembre 2018. Ce qui inquiète bien les acteurs favorables au développement local, clef de voûte du développement durable au Burkina Faso. Nous allons découvrir ensemble pourquoi

conference PNGT

Le PNGT est un programme étatique. Il s’agit d’un outil qui permet d’accompagner les populations locales actives, à travers les communes, à prendre leur destin en main en vue du développement de leurs localités respectives. Le programme mobilise les ressources auprès des bailleurs principalement la Banque Mondiale, les met ensuite à la disposition des communes pour accompagner les populations à la base ayant manifesté un besoin quelconque dans les domaines sociaux, économiques, environnementaux, etc.

Une sortie terrain nous a conduits dans quatre régions du Burkina dans le but de mesurer le degré de satisfaction des populations depuis la mise en place de cet instrument qui change leur vie. La mission nous permet d’en dire davantage sur ce partenariat Gouvernement local/PNGT 2. Le moins que l’on puisse souligner, c’est que les élus locaux et les populations à la base souhaitent que le PNGT soit transformé en une structure pérenne de l’Etat.

Construction d’écoles, de boutiques de rue, de dispensaires, de maternités, amélioration de l’accès à l’eau, aménagement de jardins maraîchers, renforcement de la sécurisation foncière, restauration du couvert végétal, ralentissement du processus de dégradation des sols, amélioration de la protection des ressources naturelles. Bref ! Les réalisations faites dans le cadre du partenariat Communes/PNGT sont perceptibles. Commençons l’immersion dans une richesse culturelle du pays, le Marigot Houet.

« Certaines personnes ici viennent pour faire des sacrifices rituels. Des bambous plantés également permettent à des tradipraticiens de soigner notamment la fièvre typhoïde. Il faut exploiter les berges du marigot Houet pour l’écotourisme. C’est ce que le Conseil régional et le PNGT ont démontré ici », explique Alain Sanou, l’adjoint au Maire chargé des questions culturelles.

Des impacts considérables, mais des défis demeurent…

Le marigot Houet est situé non loin du Musée communal Sogossira Sanou. Le défi actuel des autochtones, à l’image de Dinsou Thomas Dembélé, Chargé de l’assainissement du marigot, est de trouver une solution durable pour la survie des silures qui y vivent. D’aucuns sont convaincus que sans les silures, l’on ne parlerait pas de Bobo-Dioulasso.

Egalement appelés « enfants de Dafra », les silures de la ville de Sya sont considérés comme sacrés, donc protégés. Mais le marigot souffre de l’infiltration des eaux usées et de l’insalubrité. Le Conseil régional des Hauts-Bassins avec l’appui du PNGT 2-3, en collaboration avec les Chefs coutumiers, a apporté une bouffée d’oxygène au marigot Houet en 2015 et en 2017, en termes de conservation des eaux et de restauration des sols.

Balkissa Sawadogo est une vendeuse de poissons à Sidéradougou, commune située à environ 150 km de Bobo-Dioulasso et à 65 km de Banfora. Ses poissons ne proviennent naturellement pas du marigot Houet. Elle travaille avec son mari dans une boutique de rue engendrée par le couple Communes/PNGT 2.

La jeune dame ne tarit pas d’éloges sur ce partenariat multisectoriel gagnant-gagnant. « Nous payons 8.000 FCFA par mois. Nous sommes bien installés et notre commerce marche assez bien », confie dame Sawadogo qui espère un jour avoir son propre lieu de commerce similaire à celui de son mari. Les vœux de Balkissa sont réalisables si le couple Communes/PNGT 2 reste uni. Un groupe de femmes était presque dans la même situation.

Courageuses et visiblement épanouies, les femmes boulangères et pâtissières de Douna se frottent aujourd’hui les mains. Nous sommes dans une localité située à une trentaine de kilomètres de Banfora. « On n’avait pas assez d’activités rémunératrices de revenus auparavant. Nous avons appris que les femmes peuvent être formées dans le domaine de la pâtisserie.

On s’est alors confiées aux responsables de la Mairie de Douna qui a fait appel au PNGT 2. Le programme, sans hésiter, a appuyé la Mairie qui a déployé une mission pour nous former et mettre à notre disposition des fours et du matériel », témoigne Mariam Kambou/Traoré, Présidente du groupement des femmes.

Le groupement a été mis en place en 2016. 54 personnes y produisent du pain, du gâteau et du biscuit à base de maïs, de petit mil, de manioc et de patate. Le bénéfice par mois avoisine 100.000 F CFA. Une partie est versée à la caisse et le reste est dispatché entre les membres. « Ça marche bien. On arrive à aider nos maris à subvenir aux besoins de la famille et à inscrire les enfants à l’école », se réjouit Mme Kambou.

Les réalisations faites par les communes rurales avec l’appui du PNGT n’en finissent pas. A Poa, la « Capitale du poulet », située à 30 km à l’est de Koudougou, nous avons également visité l’école Loaga C, des boutiques de rue et le périmètre maraîcher pour femmes de Yaoghin. C’est la localité qui a accueilli la conférence de presse à la fin de la caravane médiatique du 26 février au 2 mars 2018.

« Plusieurs problèmes de terres ont été résolus. Des leaders locaux ont même été formés dans le cadre du partenariat Gouvernement local/PNGT 2 », précise Jean Victor Ouédraogo, Secrétaire exécutif du réseau de journalistes « IJACOD ».

Les journalistes se sont essentiellement intéressés aux perspectives du PNGT et le degré de satisfaction du ministère de tutelle. « Le PNGT a fait ses preuves. Pourquoi vouloir créer autre chose ? Souvent, ce que le gouvernement local dit et ce que l’Etat central pense ne sont pas les mêmes. Sinon, l’Etat burkinabè réfléchit depuis un certain temps sur l’après PNGT 2. Peut-on s’attendre à un éventuel PNGT 3 ? », scrute le Maire de la Commune de Soa, Tambi Pascal Kaboré.

La Gouverneure de la région des Cascades, Joséphine Kouara Apiou/Kaboré, semble plutôt optimiste : « Avec tout ce qui a pu être fait jusque-là, il y aura le PNGT 3 ».

La Banque Mondiale prête à accompagner le Burkina…

De son côté, le ministère peut se réjouir des résultats engrangés dans le cadre de cette coopération décentralisée. « C’est l’impression des populations locales qui est la plus importante. Si les populations sont satisfaites, le ministère ne peut que s’en réjouir », soutient Brama Barro, Chargé d’étude au Secrétariat général du ministère de l’agriculture.

Le Coordonnateur national du PNGT 2-3, Souleymane Nassa, ajoute que le bilan du programme sera connu en avril 2018. Mais lui, également, se peut s’empêcher de se demander « comment seront les communes en 2019, 2020, 2021, … sans cet instrument efficace de développement local ? ».

Rappelons que le représentant résidant de la Banque Mondiale au Burkina Faso, Cheick Kanté, a renouvelé, le 17 juin 2017, la disponibilité de son institution à « accompagner le Burkina Faso dans toutes ses priorités de développement ».

Le Chef de file des bailleurs de fonds du PNGT a également invité les autres partenaires techniques et financiers à se joindre à la dynamique, car le développement durable du Burkina passe nécessairement par le développement à la base.

Démarrée en 2013, la troisième phase du PNGT 2 arrive à échéance en 2018. À son actif, l’on retient entre autres la réalisation de 1.680 microprojets dans les 302 communes grâce au financement de la Banque Mondiale à près de 93 millions de Dollars US. Aussi, n’oublions pas la communalisation intégrale du territoire burkinabè en 2004 grâce au programme. Le gouvernement burkinabè est invité à saisir la balle au bond.

Source: burkina24.com


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