Lot-et-Garonne: L’économie locale à l’heure du sans contact

Publié le 27/05/2020 | J&P

France

Le confinement a poussé les entreprises du Lot-et-Garonne a se réinventer et à miser sur le numérique pour continuer à fonctionner. Analyse d’une transition avec Hubert Corbalan, président de l’association Etic 47.

Des sociétés obligées de mettre ses salariés en télétravail ; des commerces qui déposent les marchandises — préalablement commandées sur internet — dans les coffres des voitures ; ou encore des restaurateurs mettant des plats en boîtes puis dans les sacs des coursiers d’Uber Eats ou Deliveroo.

Les entreprises du Lot-et-Garonne ont réussi à se réinventer pendant le confinement grâce aux multiples possibilités qu’offre le numérique. Une transition "forcée", malgré les nombreux appels du pied de l’association Etic47. "La crise du Coronavirus a permis aux entrepreneurs d’avoir une prise de conscience sur la nécessité du numérique" analyse le président d’Etic 47, Hubert Corbalan. "Il y a eu une accélération de la transition chez les professionnels, notamment les commerçants, qui ont dû trouver d’autres moyens pour fonctionner." L’expert en digital a, lui aussi, subit une perte pendant ces deux mois de confinement, "une baisse de 15 à 20 % du chiffre d’affaires", mais qui n’est rien comparé à d’autres secteurs. "Certains professionnels du numérique ont pu maintenir un bon niveau d’activité, notamment avec la recrudescence de mise en ligne de site internet ou de plateforme pour les drives".

Un "Amazon local"

Un boom des interfaces virtuelles qui auraient dû se faire bien avant cette crise sanitaire selon le président d’Etic 47. "Les commerces les plus touchés sont ceux qui n’ont pas anticipé, qui n’avaient pas conscience de la nécessité des outils numériques. Il y a 20 ans, quand on a mis des ordinateurs dans les entreprises pour les cadres, ils n’avaient pas le choix. Ils ont dû s’adapter. Les commerces n’ont pas été obligés. Il y a une nécessité de faire évoluer les mentalités. On a vu qui était en retard." Un mal pour un bien donc, puisque la grande majorité des commerces du Lot-et-Garonne ont misé sur Internet pour continuer à vendre malgré tout. "Le numérique pour un commerçant, c’est un nouveau canal de vente. Amazon (le géant américain de la vente sur internet, NDLR) envisage d’ouvrir des boutiques physiques." Hubert Corbalan estime qu’il faudrait copier le site américain et envisager un "Amazon local", où les consommateurs lot-et-garonnais auraient une vue d’ensemble des produits "made in 47" et ainsi pouvoir les commander en ligne.

Le monde rural en avance ?

Les entrepreneurs installés en pleine campagne s’en sont-ils mieux sorti que ceux de la ville pendant le confinement ? Impossible pour le moment de tirer quelconque conclusion, mais ils étaient peut-être mieux préparés. "Le fait d’être assez éloignés des lieux de passage, des grandes zones commerciales, a poussé les entreprises du monde rural à faire cette révolution numérique avant les autres. Peut-être ont-ils été plus protégés pendant la crise car tout était mis en place." Encore faut-il une bonne connexion internet et ne pas se retrouver dans une commune sans la fibre ou en zone blanche.

Les restaurateurs aussi ont eu à miser sur le numérique pour sauver les meubles. Profession qui est encore privée de contact avec la clientèle, elle a dû s’appuyer sur des applications comme Uber Eats ou Deliveroo pour nourrir les gourmands de la capitale lot-et-garonnaise. Les restaurants n’ont eu d’autres choix que d’opter pour la livraison. En centre-ville d’Agen, le nombre de coursiers-cyclistes a été démultiplié. "C’est mieux que rien. L’ambiance à l’intérieur du restaurant manque énormément, mais le fait de pouvoir faire tourner la cuisine malgré tout apporte un peu de réconfort" témoigne ce restaurateur agenais, attendant l’arrivée d’un livreur-cycliste.

Oui, le numérique a du bon. Mais au vu de l’affluence dans les magasins de la zone O’Green de Boé ce week-end, il n’est pas près de détrôner "l’économie du réel" sur la planète 47.

Le monde agricole a lui aussi misé sur le numérique pour écouler ses produits. La fermeture des marchés de plein vent a laissé de nombreux producteurs sur le côté, sans lieu pour vendre leur marchandise. C’est une des raisons qui ont poussé les producteurs à s’unir pour mettre en place des "drives", calqués sur le modèle de la grande distribution. Des clients qui se connectent sur le site cagette.net, plateforme où chaque producteur-participant est référencé avec ses produits, et font leur marché. Comme sur les sites de vente traditionnels, chaque consommateur constitue son "panier" et vient récupérer sa commande le jour où est organisé le drive de son secteur. "Les drives fermiers correspondent à l’impératif qu’impose la crise sanitaire" analyse Hubert Corbalan. "C’est un mode de consommation très actuel, facile pour les clients comme pour les agriculteurs. Il y a aussi une traçabilité, qui correspond à l’attente des consommateurs qui veulent revenir aux circuits courts." À la mode il y a quelques années pour la grande distribution, le drive est sans nul doute l’avenir de la vente pour les agriculteurs.

Source: www.petitbleu.fr

J&P


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