Dans Londres confiné, solidarité sur les réseaux sociaux

Publié le 25/03/2020 | La rédaction

Royaume-Uni

Gantée, Stéphanie Cheung dépose un sac de courses sur le pas de la porte d'une inconnue de son quartier. Elle ne l'a rencontrée que récemment, sur l'un des groupes d'entraide apparus sur Facebook au Royaume-Uni face à l'épidémie de nouveau coronavirus.

Cette Londonienne de 31 ans recule de quelques mètres avant d'appeler sur WhatsApp l'habitante des lieux, une femme d'une trentaine d'années atteinte d'une bronchite, qui la rembourse directement par Paypal.

De tels symptômes justifiaient de s'isoler avant même que ne soit décrété lundi soir un confinement général au Royaume-Uni, où le Covid-19 a fait plus de 400 morts et se propage de plus en plus vite.

 

A l'échelle de la ville, du quartier ou de la rue, ces groupes locaux d'entraide fleurissent sur les réseaux sociaux, pour résoudre les problèmes posés par la pandémie, en premier lieu pour aider les personnes âgées ou fragiles.

L'engouement a rapidement dépassé cette mission: ici une maîtresse propose des conseils pour aider à faire l'école à la maison, là un homme cardiaque et asthmatique demande --et reçoit en quantité-- des masques pour pouvoir promener ses chiens en toute sécurité.

xSur le groupe d'entraide du quartier de Lewisham (dans le sud de Londres), on trouve même une demande un brin loufoque mais désespérée: un homme infesté par des rats cherche --face à l'impossibilité de faire venir des dératiseurs-- à "adopter temporairement" le chat d'un de ses voisins.

Apparus dans tout le pays, ces groupes se déclinent presque tous sur WhatsApp en plusieurs conversations hyper-locales --par quartier, voire pâtés de maison--, utilisées pour l'organisation et la coordination.

Le phénomène est massif: plus d'un million de personnes au Royaume-Uni ont rejoint l'un des groupes Facebook d'aide locale, dont 800.000 la semaine dernière, a indiqué lundi une porte-parole du réseau social.

Ces "bons Samaritains" sont désormais connectés via "des centaines de nouveaux groupes locaux", a estimé Brie Rogers Lowery, directrice Facebook Europe des partenariats communautaires, dans une déclaration transmise à l'AFP. Elle juge "réconfortant de voir des gens à travers tout le Royaume-Uni s'unir pour aider leurs voisins et leur communauté".

- Plus grande échelle -

Pour Stéphanie Cheung, le déclic est venu dimanche quand son "coeur s'est serré de frustration" en voyant un couple âgé obligé de venir faire ses courses dans une épicerie bondée.

Auparavant "inquiète" de la crise, elle se sent désormais "revigorée par le travail en communauté".

"Et c'est indéniable que les réseaux sociaux sont essentiels dans ce processus", juge-t-elle. "Ils permettent d'atteindre quelque chose de plus grand que soi, de faire plus de choses que si on mettait des mots dans les boîtes aux lettres".

"Souvent étrillés" ces dernières années, les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la construction de cette nouvelle forme de solidarité en rendant en effet possible des "collaborations à plus large échelle pour résoudre des problèmes communs", explique Nick Bostrom, chargé à l'université d'Oxford d'un programme d'études sur l'impact des technologies.

Ils répondent, selon lui, au "besoin de travailler ensemble contre un ennemi commun". "La plupart du temps, nous n'avons pas de réel ennemi donc nous nous en fabriquons", explique le professeur. "Maintenant que nous avons un véritable ennemi, la solidarité émerge".

"Ca fait du bien de savoir que vous faites quelque chose d'utile et de travailler en équipe", confirme Kim Wilson, membre d'un groupe d'entraide dans l'ouest londonien. Elle espère que cet "esprit de communauté" va perdurer dans le voisinage, "même après le virus".

Cette maîtresse d'école estime cependant que "Facebook est un bon point de départ" mais qu'il faut aussi "penser en dehors d'internet" et distribuer des prospectus, en ayant notamment à l'esprit que les personnes âgées sont loin d'être toutes sur les réseaux sociaux.

Malicieuse, elle vente les mérites des petites annonces papier à l'ancienne, avec un email ou un numéro de téléphone à détacher, qui ressurgissent aussi dans les rues de Londres.

 

Source: france24.com


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