A la Sorbonne, des bourses de 10 000 euros en partenariat avec Safran

Publié le 14/09/2019 | Thierry Roland Simen

France

C’est un dispositif qui ne concerne encore qu’un tout petit nombre d’étudiants. Mais pour le président de Sorbonne Université, Jean Chambaz, il apparaît comme une véritable réponse face à la « ségrégation sociale » creusée tout au long du parcours scolaire.

Appelées « passeport pour le master », des bourses d’excellence de 10 000 euros par an sont délivrées par le mastodonte parisien, issu de la fusion des universités Pierre-et-Marie-Curie et Paris-Sorbonne. Elles sont destinées à des étudiants de milieux défavorisés (des boursiers, sur critères sociaux), grâce au soutien d’un mécène privé, l’entreprise Safran.

Ce soutien important est promis dès le départ pour cinq ans aux jeunes sélectionnés sur leurs bons résultats et sur leur motivation – quatre étudiants par an, soit une vingtaine de bénéficiaires actuellement. La seule condition est de valider son année. « C’est cela qui permet d’oser s’engager dans des études longues », soutient Jean Chambaz, dont l’université diplôme ses premiers boursiers d’un bac + 5.

100 % de réussite

Si les grandes écoles sont actuellement épinglées pour leur absence de mixité sociale – une mission a été lancée en juin par le gouvernement pour aller vers plus de diversité –, l’université, plus ouverte aux jeunes des milieux modestes, rencontre également des difficultés. Avec une problématique bien identifiée : « La proportion de boursiers [sur critères sociaux] baisse nettement à mesure que le niveau d’études s’élève », résument les auteurs d’une note statistique ministérielle publiée en janvier. Les boursiers représentent 43 % des effectifs en licence, mais plus que 31 % en master (ex-maîtrise et DEA-DESS). Les enfants d’ouvriers représentent quant à eux 13 % des étudiants en licence, 9 % en master.

Avec 100 % de réussite chez les bénéficiaires de ces « super-bourses », l’université parisienne espère étendre le dispositif, jusqu’ici concentré sur les cursus de sciences et technologie. Mais pour cela, il lui faut d’autres mécènes. « Nous avons des pistes », indique Mélina Mercier, directrice de la Fondation Sorbonne Université. Une campagne de levée de fonds a été lancée à la rentrée 2018, avec l’objectif d’atteindre 100 millions d’euros d’ici à 2022.

Accompagnés par des tuteurs

Depuis 2014, l’investissement du partenaire Safran, qui intervient dans le cadre de ses actions pour « favoriser la diversité », s’élève à 1,2 million d’euros. « Ce dispositif permet de faire connaître Safran aux étudiants, souligne Sabrina Gottlieb, responsable de la politique de recrutement du grand groupe industriel. Les diplômés de l’université n’osent pas toujours postuler chez nous. » En interne, cela participe à « montrer qu’il n’y a pas que les écoles d’ingénieurs qui peuvent nous apporter de bons profils ».

Chaque boursier est suivi, tout au long de ses cinq années d’études, par un tuteur salarié de l’entreprise. Un accompagnement tout aussi crucial que l’aspect financier, estime Sara Rejeb, 23 ans, boursière du dispositif, qui vient de décrocher son master. La jeune femme a, grâce à sa tutrice, trouvé ses stages et le métier de ses rêves : data scientist. « Quand on arrive à savoir ce que l’on veut faire après, dans des filières où ce n’est pas évident comme les mathématiques, on est beaucoup plus motivé », souligne la jeune femme, actuellement en stage de fin d’études chez Safran. Elle espère y rester avec un contrat pour réaliser une thèse en entreprise.

Source: www.lemonde.fr

Thierry Roland Simen


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