CÔTE D'IVOIRE : UNE USINE DE BRIQUES EN PLASTIQUE RECYCLÉ POUR CONSTRUIRE DES SALLES DE CLASSE

Publié le 13/09/2019 | Thierry Roland Simen

Côte d'ivoire

En Côte d'Ivoire, UNICEF pose la première pierre d’une usine de briques en plastique recyclé, unique en son genre en Afrique. Fruit d’un partenariat innovant, l’usine produira des briques en plastique afin de construire des salles de classe pour les enfants.

Abidjan/New York/Paris, le 29 juillet 2019 - UNICEF, en partenariat avec l’entreprise sociale colombienne Conceptos Plásticos, a annoncé aujourd’hui avoir posé la première pierre d’une usine unique en son genre, qui transformera les déchets plastiques collectés en Côte d’Ivoire en briques modulaires. Peu coûteuses, durables et faciles à assembler, celles-ci seront utilisées pour construire les salles de classe qui font tant défaut à ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« Cette usine avant-gardiste proposera des solutions intelligentes et modulables pour répondre à certains défis éducatifs majeurs auxquels sont confrontés les enfants et les populations en Afrique », déclare la directrice générale d'UNICEF, Henrietta Fore. « Sa vocation est triple : plus de salles de classe pour les enfants en Côte d’Ivoire, moins de déchets plastiques dans l’environnement et des sources de revenus supplémentaires pour les familles les plus vulnérables. »

La Côte d’Ivoire doit se doter de 15 000 salles de classe si elle veut accueillir tous les enfants actuellement privés d’un lieu d’apprentissage. Pour aider le pays à atteindre cet objectif, UNICEF s’est associé à Conceptos Plásticos en vue de recycler le plastique collecté dans les zones polluées d’Abidjan et ses alentours. Ensemble, ils souhaitent construire 500 salles de classe pour plus de 25 000 enfants parmi les plus défavorisés dans les deux prochaines années, avec, au-delà, la possibilité d’accroître la production.

Seuls 5 % des déchets plastiques sont recyclés

« L’une des plus grandes difficultés des écoliers ivoiriens est liée au manque de classes. Parfois, les infrastructures sont inexistantes, et lorsqu’elles existent, elles sont surchargées, ce qui rend l’apprentissage compliqué et désagréable », explique le représentant d'UNICEF, Aboubacar Kampo, qui soutient ce projet depuis le début. « Dans certaines zones, les enfants de quartiers pauvres n’iront plus en classe avec une centaine d’autres écoliers : ce sera une première. Des enfants qui n’avaient jamais imaginé qu’il y aurait une place pour eux à l’école pourront s’instruire et s’épanouir dans de nouveaux locaux tout propres. »

Sur plus de 280 tonnes de déchets plastiques produites chaque jour rien qu’à Abidjan, seuls 5 % sont recyclés. Le reste finit généralement sa course dans des décharges situées dans les quartiers pauvres. Cette pollution ne fait qu’exacerber les problèmes d’hygiène et d’assainissement préexistants. La mauvaise gestion des déchets est responsable de 60 % des cas de paludisme, de diarrhée et de pneumonie chez les enfants, autant de maladies qui figurent parmi les principales causes de mortalité infantile en Côte d’Ivoire.

Lorsqu’elle fonctionnera à plein régime, l’usine recyclera 9 600 tonnes de déchets plastiques par an et procurera une source de revenus aux femmes vivant dans la pauvreté grâce à l’émergence d’un marché officiel du recyclage. Neuf salles de classe ont été construites à Gonzagueville, à Divo et à Toumodi à l’aide de briques en plastique fabriquées en Colombie, démontrant ainsi la viabilité de ces méthodes et matériaux de construction.

Des briques pour construire l'avenir des enfants

Thierry Beccaro, Ambassadeur d’UNICEF France, a pu se rendre en Côte d’Ivoire il y a quelques mois visiter une de ces écoles à Gonzagueville. « En visitant ces salles de classe construites avec des briques fabriquées avec des déchets de plastique, j’ai été frappé, notamment, par le bonheur des gamins à aller à l’école. J’ai vu des petits enfants se précipiter sur leurs tables et leurs chaises, dans des t-shirts sur lesquels était écrit : "L’école fait des forts". Avoir un savoir, un bagage, pour eux, c’est capital. On a perdu de vue, en France ou ailleurs, l’idée qu’apprendre à écrire, à lire, à écouter le professeur, être ensemble tout simplement, est une chance. »

« Nous nous sommes associés à UNICEF sur ce projet car nous voulons que notre modèle économique ait un impact social. En transformant la pollution en une source d’opportunités, nous souhaitons aider les femmes à sortir de la pauvreté et laisser un monde meilleur à nos enfants », précise Isabel Cristina Gamez, co-fondatrice et présidente de Conceptos Plásticos.

Les briques, faites exclusivement de plastique, sont ignifugées. Elles sont 40 % moins chères que les matériaux de construction conventionnels, 20 % plus légères et durent des centaines d’années de plus. En outre, elles sont étanches, bien isolées et conçues pour résister à des vents violents.

Outre les investissements dans la construction en Côte d’Ivoire, des projets sont également à l’étude pour étendre cette initiative à d’autres pays de la région, voire au delà. Un tiers du nombre total des enfants en âge de fréquenter l’école primaire à l’échelle mondiale et un cinquième des enfants en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire non scolarisés vivent en Afrique de l’Ouest et centrale.

« Parfois, certains de nos enjeux les plus pressants recèlent les opportunités les plus prometteuses », conclut Henrietta Fore. « Ce projet est bien plus qu’un simple chantier de gestion des déchets et d’infrastructure éducative ; c’est une métaphore tout à fait adaptée, celle du défi croissant des déchets plastiques littéralement transformés en briques pour construire l’avenir d’une génération d’enfants. »

Source: www.unicef.fr

Thierry Roland Simen


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