Canada/La Ville de Montréal s’attaque aux « chantiers fantômes »

Publié le 31/03/2023 | La rédaction

Canada

Réunie avec ses partenaires dans le cadre d’un « sommet sur les chantiers », l’administration municipale a présenté jeudi, à l’aube d’une nouvelle saison des cônes orange, une stratégie pour améliorer la gestion des chantiers qui s’éternisent dans les rues et réduire la « signalisation superflue » qui entrave inutilement la circulation.

Lors de ce sommet qui regroupe notamment des donneurs d’ouvrage, des promoteurs immobiliers, des entrepreneurs, des représentants de la société civile et des représentants municipaux, la Ville a proposé dans un premier temps d’instaurer un délai maximal de 12 heures pour l’installation et le démontage de la signalisation des chantiers afin de réduire les entraves routières.

Cette fenêtre de temps imposée vise à éliminer les chantiers fantômes où la signalisation et les détours restent en place pendant des jours autour de chantiers qui n’ont pas encore commencé ou qui sont terminés.

Soulignant qu’il arrive que les travaux doivent être suspendus sur certains chantiers pour diverses raisons, la Ville compte néanmoins octroyer des pouvoirs supplémentaires aux agents de l’Escouade mobilité pour démobiliser les chantiers inactifs et retirer, au besoin, les permis d’occupation du domaine public à la suite de la remise de deux avis d’inactivité non justifiée.

La signalisation, il faut qu'elle soit là juste au début du chantier, il faut qu'on l'enlève juste après le chantier. Pas trois semaines après, a expliqué le maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin.

« On veut que les gens puissent voir des changements dès cet été, pendant la saison des chantiers. »

— Une citation de  Luc Rabouin, maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal et membre du comité exécutif

Enfin, pour donner plus de mordant à sa réglementation, la Ville envisage d’augmenter la valeur des constats d’infraction remis par les agents de l’Escouade mobilité. Les nouveaux montants des amendes seront révélés plus tard.

Sept agents de plus seront également engagés dans l'Escouade mobilité, dont les effectifs passeront à 23 personnes dès cette année.

Les chantiers routiers qui s’éternisent et qui entravent la circulation trop longtemps sont un irritant majeur à Montréal et une source de perte de temps et d'argent importante autant pour les citoyens et pour les entreprises que pour les visiteurs qui affluent dans les rues de la métropole l’été.

Selon une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain publiée en janvier, 94 % des rues du centre-ville ont été partiellement ou totalement entravées à un moment ou à un autre entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022.

En tout, pas moins de 5521 permis d'occupation temporaire du domaine public ont été délivrés par l'arrondissement de Ville-Marie cette année-là. L’étude a également montré que la quasi-totalité de ces demandes avaient été approuvées par la Ville, soit 96,4 %.

Un exercice de recensement réalisé en septembre 2022 dans un quadrilatère précis du centre-ville a par ailleurs révélé que 27 % des cônes orange, panneaux et autres signalisations n’avaient aucune raison de se trouver dans la rue.

Coordination plus centralisée des chantiers

À Montréal, ce sont les arrondissements et non l’administration centrale qui délivrent les permis d’occupation du domaine public aux entrepreneurs et aux donneurs d’ouvrage relativement aux travaux routiers, ce qui fait beaucoup de permis sur une île qui compte 19 arrondissements et 16 municipalités.

Afin de coordonner le tout, la Ville utilise une plateforme interne baptisée AGIR (Assistant à la gestion des interventions dans la rue) où on trouve tous les permis de travaux accordés par les arrondissements, que ce soit à la CSEM, à la STM ou aux RTU.

Cependant, force est de constater que, depuis quelques années, la gestion globale des chantiers soulève de nombreuses questions à Montréal, où la congestion a atteint des sommets dans certains secteurs, notamment au centre-ville et aux abords des grandes voies rapides. Il faut dire que les chantiers majeurs comme ceux de l'échangeur Turcot, du nouveau pont Champlain et du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine ont aussi beaucoup contribué aux entraves.

Consciente du problème, la Ville propose de mettre à contribution l’expertise de son service central des infrastructures du réseau routier avant que les permis de travaux soient accordés au centre-ville, sur les grandes artères et dans les secteurs considérés comme névralgiques.

De cette façon, les professionnels disposant de la vision d’ensemble de la circulation et des entraves routières pourront s’assurer d’une meilleure coordination et d’un impact minimal sur l’ensemble du réseau, explique la Ville dans un communiqué.

L’administration municipale annonce par ailleurs que la Ville exigera désormais qu’un plan de maintien de la circulation soit présenté par les entrepreneurs et donneurs d’ouvrage avant qu’un permis leur soit accordé pour travailler sur des artères jugées prioritaires. Ce plan devra comprendre l’espace occupé et les détours anticipés. Il fera l’objet d’une analyse par la Ville avant la remise du permis, précise-t-on.

Des cônes orange plus petits et moins nombreux

D’un point de vue esthétique, la Ville souligne que la signalisation des chantiers et travaux constitue un irritant pour la qualité de l’environnement et s’engage par le fait même à étudier avec le ministère des Transports la possibilité de remplacer les traditionnels cônes orange par des bollards de plus petite dimension ou tout autre dispositif de signalisation sécuritaire.

La Ville compte non seulement réduire la taille des cônes orange, mais aussi leur nombre sur la chaussée afin de préserver l’esthétisme des rues.

La technologie n’ayant pas de frontières, l’administration municipale envisage également de munir les équipements de signalisation, dont les cônes orange, d’une puce ou d’un code QR afin de savoir à qui ils appartiennent et de faciliter ainsi le ramassage du matériel abandonné dans les rues.

Toutes ces propositions de la Ville sont à l'ordre du jour des discussions de ce sommet sur les chantiers.

La Ville a fait ses devoirs, assure Luc Rabouin, maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. On a mis au jeu des propositions concrètes. On est en discussion, parce qu’on veut s’assurer évidemment que nos propositions sont faisables et c’est ce dont on discute avec le milieu aujourd’hui.

On veut aussi entendre des propositions additionnelles parce qu’on souhaite que les choses changent maintenant, poursuit M. Rabouin, qui affirme sentir une ouverture de la part des partenaires de la Ville qui veulent eux aussi améliorer les choses.

Source:    ici.radio-canada.ca


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.