Belgique/Une réforme de la fonction publique locale en vue pour aider les communes wallonnes à recruter

Publié le 05/02/2023 | La rédaction

Belgique

C’est un constat que font beaucoup de communes wallonnes : recruter du personnel est de plus en plus compliqué. Cette difficulté, d’autres pouvoirs locaux, comme les CPAS ou les provinces la rencontrent aussi.

Des barèmes peu attractifs, des perspectives d’évolution de carrière peu encourageantes sont autant de freins pour les candidats à un emploi au niveau local.

Pour rendre la fonction publique locale plus attractive, le ministre des Pouvoirs locaux du Gouvernement wallon prépare une réforme.

L’exemple de Gesves, en Province de Namur : des postes vacants parfois depuis plus d’un an

C’est une commune rurale comme la Wallonie en compte beaucoup. A quelques encablures de Namur, Gesves cultive un certain charme, entre vallées, bois, étendues agricoles, rivières, ruisseaux, maisons de pierre et châteaux.

L’administration communale occupe 150 personnes. A l’heure actuelle, une quinzaine de postes sont vacants. "On recherche un maximum de profils, à la fois techniques, des agents en charge de l’énergie, des taxes. On recrute aussi pour le moment des spécialistes en matière énergie et climat", explique le bourgmestre Martin Van Audenrode (PS). A ces postes s’ajoutent des offres d’emploi à pourvoir pour du personnel infirmier ou aide-soignant pour la maison de repos du CPAS, pour des ouvriers qualifiés et pour des chauffeurs de bus. Dans certains cas, cela fait longtemps que la commune cherche la perle rare. "Le conseiller en énergie, on le recherche depuis un an et demi, depuis le mois d’août 2021", explique le bourgmestre. "On a lancé trois ou quatre fois l’offre d’emploi, mais elle reste sans suite", poursuit-il.

Dans le cas du conseiller en énergie, la technicité du poste explique en partie la difficulté de recrutement. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi "l’attractivité des pouvoirs locaux qui, malheureusement sont de moins en moins compétitifs sur un marché de l’emploi qui est de plus en plus complexe", avance Martin Van Audenrode. "On a peu de possibilités de promotion au sein d’une commune et les salaires ne sont pas toujours très attractifs", ajoute le bourgmestre. Ainsi, le futur conseiller en énergie que cherche à recruter la commune gagnera, en net, 1800 euros par mois.

Un plan pour lever les freins au recrutement dans les pouvoirs locaux

Vouloir travailler pour une commune, pour sa commune, dans le but de rendre service au public, ce sont souvent des valeurs qui animent ceux qui sont employés par des pouvoirs locaux, communes ou CPAS, par exemple. Mais ces valeurs ne suffisent plus à attirer et motiver les candidats à un emploi.

Il faut rendre la fonction publique locale à nouveau attractive. C’est le constat que fait le ministre wallon des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon, qui a présenté son plan d’action au Gouvernement wallon il y a quelques jours.

Le plan prévoit ainsi d’instaurer des procédures de recrutement et d’engagement "adaptées et souples". On veut des procédures de recrutement objectives, mais qui ne mettent pas six mois pour aboutir, si l’on veut éviter que les candidats à un poste ne filent vers le privé.

On prévoit aussi de mettre les moyens pour recruter certains profils plus recherchés, les informaticiens, par exemple. Il s’agirait pour ces profils d’avoir des salaires plus attractifs, "des échelles plus attractives".

Il s’agirait aussi de créer des nouveaux titres de compétence pour permettre l’accès à certaines fonctions publiques locales. Par exemple, à côté des titres de compétence tels qu'"employé administratif", "fossoyeur", "jardinier", "fontainier", on créerait de nouveaux titres tels qu'"ouvrier polyvalent" ou "ouvrier forestier", plus larges.

Le plan du ministre se penche aussi sur la carrière et les perspectives d’évolution de cette carrière. Avant, on postulait dans une commune dans l’espoir d’y être nommé. Et le fait d’être nommé ouvrait la porte à une évolution hiérarchique. Tout cela appartient progressivement au passé. Les communes ne nomment plus. En Région Wallonne, à peine 28% des agents locaux de la fonction publique sont des fonctionnaires nommés. Dans les communes et CPAS, cette proportion est encore moindre et descend à 16,1%.

Or, ne pas être nommé freine actuellement les contractuels dans leur carrière au sein d’une commune ou d’un CPAS, par exemple. "Le problème, quand on n’est pas nommé, c’est qu’il y a une certaine évolution de carrière à laquelle on n’a pas droit", explique Marie-Astrid Hardy, la Directrice générale de la commune de Gesves. C’est en effet la RGB, la Révision générale des Barèmes, une vieille circulaire de 1994 qui fixe les règles à l’avantage du personnel statutaire (nommé). "Et donc, c’est un problème parce que, même si au niveau communal on veut essayer de valoriser des agents rapidement en fonction de leurs compétences, on ne sait pas le faire parce qu’on est bloqué par la RGB", poursuit-elle.

Le plan du ministre prévoit donc d’ouvrir les promotions aux agents contractuels. Il serait également question de décloisonner les carrières administratives, techniques et ouvrières pour permettre aux agents de passer plus facilement de l’une à l’autre.

On veut aussi permettre aux pouvoirs locaux de partager plus facilement leur personnel. Par exemple, à Gesves, le futur conseiller en énergie devrait travailler en partie pour Gesves et en partie pour la commune voisine d’Ohey. "Actuellement, c’est très compliqué. Cela pose différents problèmes", explique Marie-Astrid Hardy, la Directrice générale de Gesves. "Il faut déjà passer au niveau syndical pour pouvoir travailler dans deux communes différentes", poursuit-elle. Et puis, "c’est toujours une seule commune qui pilote, qui engage et qui est responsable administrativement de la personne, alors que si ça tombe il y a peut-être des problèmes qui vont survenir avec l’autre commune", continue Marie-Astrid Hardy.

Le ministre veut aussi que les pouvoirs locaux soient dotés de moyens plus professionnels pour gérer leurs ressources humaines.

Le plan doit encore être négocié avec le secteur et les organisations syndicales.

A Gesves, comme ailleurs, on attend cette réforme, car comme l’explique la Première échevine, Cécile Barbeaux (Ecolo), "ici, sur la commune, on peut proposer des jobs qui ont du sens". Ce que ne contredira pas Nathalie Seine, secrétaire à la commune de Gesves depuis 18 ans et qui qualifie son travail de "valorisant". "C’est bien de rendre service aux citoyens dans une bonne ambiance de travail", conclut-elle.

Source:    www.rtbf.be


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