Maroc/Rabat : Focus sur le lien entre les religions et la protection des données à caractère personnel

Publié le 31/01/2023 | La rédaction

Maroc

Un parterre d’experts et de chercheurs marocains et étrangers ont jeté la lumière sur le lien entre les religions et la protection des données à caractère personnel lors d’un panel organisé, samedi au siège de l’Académie du Royaume du Maroc, à Rabat.

Réunis dans le cadre d’une rencontre initiée par la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à caractère Personnel (CNDP), en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas, sous le thème “Données à caractère personnel, civilisation du partage et respect de la vie privée”, les panélistes ont mis l’accent sur les raisons motivant l’importance du partage des données ainsi que les risques que cela peut avoir sur l’être humain si leur usage n’obéit pas à un code moral.

Intervenant lors du 2ème panel de cette conférence, tenue à l’occasion de la journée internationale de la protection des données personnelles, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Ahmed Abbadi, a souligné la nécessité de partager les données afin de lutter contre les fléaux sociaux et de trouver des mécanismes de réponse aux enjeux du monde moderne.

“Dans le but de mieux comprendre la complexité humaine et sociale dans laquelle nous vivons”, M. Abbadi a appelé à “une forme d’altruisme dans le partage des idées pour un bien-être collectif” et à la création d'”une forme d’intelligence transcendante qui dépasse l’intelligence de l’individu”.

De son côté, Mme Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, professeur émérite à l’Institut Catholique de Toulouse a abordé dans son intervention l’évolution du concept de la vie privée, relevant que la protection des données est juridiquement garantie mais menacée par les usagers eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Dans ce sens, elle a préconisé une meilleure prévention et éducation concernant le respect de la vie privée et l’usage de ces données.

Elle s’est aussi attardée sur les principales motivations derrière le besoin pour certaines personnes de partager leur vie privée, évoquant notamment le rôle de l’image, l’influence du cinéma et la dégradation des valeurs de respect dans une société où le moi devient le centre d’intérêt partagé avec les autres.

Pour sa part, Eric Salobir, président de Human Technology Foundation, a déploré le fait que les sociétés modernes manquent d’horizon commun, compte tenu de la diversité qui les caractérise. Pour pallier à ce problème, M. Salobir a appelé à un partage de données généreux mais responsable, en prenant le “bien commun” comme socle.

Père Jean-Michel Poirier, directeur de recherche à l’Institut Catholique de Toulouse, a quant à lui souligné l’ancrage de la pratique du partage dans les religions ainsi que leur “expertise” dans le traitement de certains nouveaux défis du monde moderne.

Selon lui, les traditions abrahamiques peuvent alerter sur de nombreuses problématiques telles que la fracture numérique, compte tenu de l’intérêt qu’elles portent pour les personnes en situation précaire.

Quant à la notion de consentement, il a recommandé une plus grande sensibilisation afin de garantir à chacun “la possibilité de prendre en compte ses données”.

De son côté, M. Farid El Asri, professeur à l’Université Internationale de Rabat et à la Rabita Mohammadia des Oulémas, a insisté sur la nécessité de “comprendre l’environnement civilisationnel dans lequel nous vivions”, où une porosité des frontières entre vie publique et vie privée existe.

Il a par ailleurs fait état d’un changement au niveau des caractéristiques de la civilisation musulmane, qui connaît aujourd’hui une évolution de la monstration, tout en encourageant “la sobriété iconique” et le retour vers “des clôtures qui préservent la dignité de l’autre”.

Source:    www.mapexpress.ma/


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