En Centrafrique, la lutte contre la faim passe par les organisations locales

Publié le 20/01/2023 | La rédaction

République Centrafricaine

En République Centrafricaine, le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire ne cesse d’augmenter et atteindra 3,4 millions de personnes en 2023, soit plus de la moitié de la population du pays.

L’inflation, les violences exercées par les forces et groupes armés, les épidémies et le manque d’infrastructures et de services de base contribuent à aggraver les conditions de vie des populations. Pendant quatre ans, Action contre la Faim a mis en œuvre « Confluences », un projet de développement s’appuyant sur des organisations et des initiatives locales pour améliorer la sécurité nutritionnelle et alimentaire de nombreuses familles.

 

Former les femmes au maraîchage dans l’Ouham

 

Bossangoa est le chef-lieu de la préfecture de l’Ouham. Dans cette région du nord-ouest du pays, près de quatre personnes sur dix n’ont pas accès à l’eau potable en quantité suffisante. En 2021, c’est là où il y a eu le plus grand nombre d’épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 5 ans. Cette situation entraîne des taux de malnutrition aiguë sévère au-delà des seuils d’urgence.

Cette zone est très fertile et propice à l’agriculture, mais depuis 2003, la ville et sa périphérie ont connu des épisodes de violences et de déplacement de population répétés. « Bossangoa, avant, c’était le grenier de la RCA, mais avec les crises à répétition, ça a régressé. Les gens ont fui dans la brousse, ils ont tout perdu. Les gens veulent retrouver leur ancienne vie désormais. On a des producteurs [et] des femmes qui ont la volonté, mais à qui il manque les moyens nécessaires pour avancer », note Paulin Giraud, responsable du volet sécurité alimentaire sous le projet Confluences.

Pour aider les agriculteurs et les agricultrices, Action contre la Faim soutient le centre local de formation agricole et rurale – le CFAR – qui les forme à l’agroécologie et au maraîchage. Nos équipes ont équipé le centre d’outils agricoles et de semences, mis en place des champs d’expérimentation, et assuré la formation technique de conseillers de proximité qui désormais forment à leur tour des paysans. Juvénal est le directeur de ce centre qui existe depuis les années 80. « Le centre a été saccagé suite aux crises qu’a connues notre pays. De 2002 à 2020, ce centre était inactif parce qu’il avait été saccagé, et nous avons relancé officiellement les activités du centre à partir de 2020 grâce à l’appui de certains partenaires. »

 

Un accent tout particulier est mis sur la formation des femmes, qui sont également accompagnées par nos équipes pour apprendre de nouvelles façons de transformer et valoriser leurs légumes, et la gestion de leurs bénéfices. Certaines se sont organisées en associations villageoises d’épargne et de crédit, ce qui leur permet d’épargner des sommes plus importantes que si elles étaient toutes seules, et d’investir ainsi dans des activités ou des projets.

Beaucoup se sont retrouvées veuves suite aux violences dans la région et sont désormais les seules à pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles : « Ce sont les femmes qui multiplient les ventes de beignets, la restauration ambulante, les ventes de cacahuètes… Ce sont les femmes qui maîtrisent tout ce qui est ‘activités génératrices de revenus’. Donc le mieux, c’est de les accompagner, et comme ça, ça peut aussi nourrir les familles. », conclut Paulin Giraud.

Soutenir la filière apicole dans l’Ouham

 

Philippe Modompte était¹ le secrétaire général de CAPICO, la Coopérative des Apiculteurs de l’Ouham, et il n’en démord ait jamais, pour lui le meilleur miel de Centrafrique se trouvait à Bossangoa : « Oui, le miel est meilleur à Bossangoa qu’ailleurs, parce que nous avons beaucoup de plantes mellifères et savoureuses qui donnent du nectar de qualité, et il y a beaucoup d’arbres fruitiers – les orangers, les papayers, les pamplemoussiers, les bananiers – qui donnent des fleurs et des fleurs sauvages qui sont indispensables aux abeilles. »

Action contre la Faim a équipé et formé cette coopérative à des techniques apicoles plus efficaces et respectueuses des abeilles que celles utilisées jusqu’alors, qui leur permettent aujourd’hui de produire et d’écouler d’importantes quantités de miel jusqu’à Bangui.

Au total, via notre soutien aux apiculteurs et aux apprenties maraîchères, 93 femmes, 43 jeunes de 24 à 34 ans et 9 hommes ont été formés, 25 microprojets individuels ont été mis en œuvre après ces formations, et 40 associations villageoises d’épargne et de crédit se sont développées.

Former les médecins et les infirmiers à une meilleure prise en charge de la malnutrition dans tout le pays

 

Enfin, le projet Confluences a permis de former les professeurs de l’université de médecine et des écoles d’infirmiers à une meilleure prise en charge de la malnutrition aiguë sévère chez les enfants de 0 à 5 ans, pour que ceux-ci reçoivent le meilleur traitement possible au Complexe Pédiatrique de Bangui et partout ailleurs dans le pays.

Un des conséquences de la malnutrition peut être le retard de croissance et de développement moteur ou psychomoteur. Le projet Confluences a permis de compléter le traitement médical par une prise en charge psychologique et psychomotrice des enfants, pour que ceux qui souffrent de retards de développement soient réalimentés, soignés, mais aussi cajolés et stimulés intellectuellement et physiquement tout au long de leur hospitalisation. Ainsi, nos équipes ne se contentent pas de traiter médicalement les enfants. Elles réfèrent aussi ceux qui en besoin au CRHAM, le Centre de Rééducation pour Handicapés Moteurs de Bangui.

Marlyse est la mère d’Emmanuel. Son mari est décédé quand elle était enceinte. Peu après la naissance d’Emmanuel, elle s’est aperçue que son fils montrait des signes de paludisme et n’arrivait pas à marcher. Elle s’est alors rendue dans différents hôpitaux qui l’ont orientée vers Action contre la Faim. Emmanuel a été pris en charge au Complexe Pédiatrique de Bangui par nos équipes qui l’ont ensuite référé au CRHAM. « Les traitements ici ont beaucoup amélioré sa santé. Maintenant, il s’efforce de tenir debout et de marcher. Tout mon souhait, c’est qu’Action contre la Faim continue de me soutenir jusqu’à ce que, avec l’aide de Dieu, mon enfant marche. »

Nous couvrons le paiement des séances de rééducation des enfants référés et les frais de transport de leurs accompagnants, comme Marlyse. Nos équipes suivent les progrès des enfants en assistant à certaines de leurs séances, ce qui permet à la fois au personnel du CRHAM de bénéficier de l’expertise du personnel d’Action contre la Faim en santé mentale, pratiques de soins et nutrition, mais également au personnel d’Action contre la Faim de développer ses connaissances en termes de psycho-stimulation.

Source:    www.actioncontrelafaim.org

 


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