L’eusko, première monnaie locale d’Europe

Publié le 20/05/2022 | La rédaction

Pays basque Les 3 millions d’euskos en circulation depuis 2013 favorisent les fournisseurs et la langue du territoire.

Dans la boutique Arima Denda à Biarritz, on a le choix entre des savons, des livres, des torchons ou encore des cidres, tous provenant du Pays basque nord, la partie française, ou sud, la partie espagnole. On peut aussi y choisir sa monnaie. «Nos clients, locaux mais pas seulement, paient régulièrement en eusko, avec les billets papier ou l’application Euskopay», témoigne la propriétaire Miren Borgeais. Sa boutique est par ailleurs l’un des 31 bureaux de change - un euro étant égal à un eusko - de cette monnaie locale qui a vu le jour en 2013. «Les monnaies locales sont un outil concret d’économie sociale et solidaire», explique Xebax Christy, président de l’association Euskal Moneta, qui compte 4000 adhérents particuliers et 1300 professionnels, ayant déboursé entre 5 et 60 euros pour un abonnement annuel (ou 2 euros pour deux mois) dans ce territoire très touristique.

«Quasiment toutes les dépenses de la vie quotidienne peuvent se faire en eusko, puisqu’on peut l’utiliser dans les commerces, les restaurants, mais aussi pour régler le dentiste, le comptable et le garagiste ou encore pour aller au musée», détaille Xebax Christy. Plus de 3 millions d’euskos, sous format papier et, depuis début 2017, également numérique, sont actuellement en circulation. Cela fait de cette monnaie locale la plus importante des 82 recensées en France par le Mouvement Sol. Et surtout la première monnaie locale d’Europe, devant le chiemgauer en Allemagne et le bristol pound en Grande-Bretagne.

«Made in local»

Ses utilisateurs non seulement soutiennent l’économie locale, notamment les agriculteurs, mais s’engagent également au développement de la langue basque, par exemple via un affichage en «euskara» réalisé avec l’Office public de la langue basque. Autre particularité de cette monnaie, chaque adhérent d’Euskal Moneta peut chaque année faire don de 3 % des montants échangés à l’association locale de son choix. L’eusko, qui sert même de salaire à une trentaine d’élus locaux, est reconnu par 34 villes basques, la dernière à l’adopter étant Biarritz en avril.

Un tel système est en vigueur en Suisse et en Sardaigne et serait un complément logique de l’eusko

Xebax Christy, président de l’association Euskal Moneta

La Communauté d’agglomération du Pays basque et ses 158 communes a pour sa part, reconnu l’eusko en 2018 et l’utilise depuis, par exemple, pour soutenir les clubs de sport locaux. Elle vient, en outre, d’octroyer une subvention à un projet de recherche portant sur la création d’un système d’échange cette fois transfrontalier et dédié aux entreprises. «Un tel système est en vigueur en Suisse et en Sardaigne et serait un complément logique de l’eusko», estime Xebax Christy. D’après Euskal Moneta, pour réutiliser leurs euskos, plus de la moitié des adhérents professionnels ont pris au moins un nouveau fournisseur local. «Cela signifie plus de 500 nouvelles relations commerciales, donc moins de transports longue distance et moins d’émissions», souligne le président, confiant sur le développement de l’eusko, alors que l’heure est au «made in local» plus encore qu’au «made in France».

Source:    www.lefigaro.fr


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