Spécial Casablanca: Casa Patrimoine sauvée par le gong

Publié le 17/02/2019 | La rédaction

Maroc

La vocation culturelle et artistique des anciens abattoirs est définitivement actée par la ville. Une étude est en cours de réalisation par le cabinet Deloitte, en partenariat avec la Banque mondiale. L’étude devra aboutir, début avril, à un appel à manifestation d’intérêt, pour transformer le site en fabrique culturelle (Ph. L’Economiste)

Nouvelle équipe, nouvelle mission et des projets à foison. Casa Patrimoine, la société de développement local (SDL) chargée de la préservation du patrimoine de la métropole, que l’on disait au bord de la faillite, renaît de ses cendres. Il faut dire que l’institution était à l’agonie, avec 85% de son capital englouti et un bilan d’activité proche du néant. Le scénario le plus plausible était donc sa liquidation.

Or, il se trouve que la création de la SDL fait suite à la convention signée devant le Roi Mohammed VI en 2014. Le conseil d’administration, présidé par le wali de la ville, a donc opté pour un nouveau modèle économique et une requalification des missions de l’entreprise.

Exit donc les grands travaux de restauration et de réhabilitation des édifices, tâche trop lourde,  qui échoie à Casa Aménagement, plus familiarisée avec les grands chantiers.  La SDL devra se concentrer sur la recherche et les études stratégiques sur le patrimoine culturel, la requalification des espaces publics et paysagers,  la gestion d’édifices historiques et la promotion de la valeur patrimoniale de la ville, mais également de la région.

C’est à Taoufik Naciri, ex-secrétaire général de la wilaya de Casa-Settat, que sont confiées les rênes de Casa Patrimoine. Le nouveau directeur, qui a pris ses fonctions il y a 4 mois, est très optimiste: «Nous avons opté pour une dimension beaucoup plus large du patrimoine, y compris  dans sa dimension immatérielle. Nous avons donc mis en place un plan d’action qui s’articule autour de 3 axes essentiels. Le premier étant la connaissance même du patrimoine. Ce qui nous permettra d’en faire un inventaire exhaustif.  Le deuxième axe de travail est celui de la promotion du patrimoine à l’échelle régionale, nationale et internationale, et enfin la promotion».

Casa Patrimoine devra récupérer les sites en cours de réhabilitation par Casa-Aménagement, tels que  la villa Karl Fick, avec pour mission de structurer un montage pour un projet d’animation des espaces, soit en gestion directe soit par le biais d’un partenariat public-privé (Ph. Fadoua Al Nasser)

 

Pour ce dernier volet, la SDL a déjà levé 25 millions de DH auprès de la ville et en espère autant de la région. Un accord avec RAM est établi et porte sur une série de capsules promotionnelles diffusées dans les avions, des encarts dans le magazine et de l’affichage dans les aéroports. Des conventions ont  également été signées avec le ministère de la Culture et l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (Insap).

Le lancement de l’inventaire matériel devra débuter la semaine prochaine, selon Naciri, tout comme celui du patrimoine paysager, fruit d’une convention  avec le Haut commissariat aux eaux et forêts. Au niveau international, des instances comme l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco)  ainsi que  le Conseil international des monuments et des sites (Icomos) ou encore l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) ont déjà été approchées. 

Cette dernière doit accompagner SDL dans l’émergence d’un pôle lié aux industries créatives et culturelles. Il faut dire que la métropole accapare quelque 65% des parts de ces industries à l’échelle nationale.  Une étude panoramique sur le secteur est donc prévue ainsi que l’installation de quartiers de création et d’espaces publics d’expression artistique.

Une démarche qui devrait aboutir à l’organisation en 2020 du 1er forum africain autour des industries créatives et culturelles, adossé à un concours régional de jeunes créateurs. Concernant le volet de gestion d’équipements  et d’édifices patrimoniaux, la SDL devra récupérer les sites en cours de réhabilitation par Casa Aménagement, tels que l’ex-église du Sacré-Cœur ou la villa Karl Fick, avec pour mission de structurer un montage pour un projet d’animation des espaces, soit en gestion directe soit par le biais d’un partenariat public-privé.

Le projet d’inscription au patrimoine de l’Unesco relancé

Casa Patrimoine entend relancer un projet d’importance capitale pour la sauvegarde du patrimoine de la ville.  Il s’agit du projet d’inscription  «Casablanca ville du XX e siècle, carrefour d’influences» en tant que patrimoine mondial, après un premier retrait de candidature en 2016.

«Nous avons aujourd’hui un argumentaire des plus solides pour vaincre les réticences. Nous avons, grâce à un travail initié par l’association Casamémoire et les départements de la Culture et finalisé par l’Agence urbaine, de meilleures armes. Il s’agit d’un travail d’inventaire très conséquent portant sur 9.000 édifices. Nous sommes également en train de mettre en place un plan de sauvegarde de la partie centrale de la ville et, enfin, il y a aujourd’hui la prise de conscience des autorités locales (ville et région) de l’importance de la reconversion de certains édifices en sites patrimoniaux et culturels».

Parmi ces édifices, citons l’ex-bibliothèque municipale (fermée depuis des décennies)  qui est en train d’être transformée en centre d’interprétation du patrimoine et d’architecture, ou encore les anciens abattoirs qui font l’objet d’une étude de reconversion effectuée par le cabinet Deloitte, en partenariat avec la Banque mondiale. L’étude devra aboutir, début avril, à un appel à manifestation d’intérêt, pour transformer le site en fabrique culturelle dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Autant de projets à même de renforcer les chances d’inscription de la ville en tant que patrimoine mondial. Casa Patrimoine a d’ailleurs lancé deux autres chantiers d’inscription. A savoir  l’inscription d’un ou plusieurs éléments culturels (selon les résultats de l’étude en cours jusqu’à fin juillet) en tant que  patrimoine immatériel ainsi que l’inscription de la ville en tant que «ville créative».

 

Source:  www.leconomiste.com


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