France/Plan de formation petite enfance : le volet territorial rencontre l’adhésion des professionnels

Publié le 27/11/2021 | La rédaction

France

En marge du volet national de formation des 600 000 professionnels de la petite enfance, le secrétariat d’Etat à l’enfance a lancé un appel à projets territorial. 124 projets de formation on été financés en 2020/2021.

Il aura fallu trois ans pour mettre enfin sur les rails le vaste plan de formation des 600 000 professionnels de la petite enfance « ambition enfance égalité » annoncé par Emmanuel Macron le 13 septembre 2018, lors du lancement de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. Le Centre nationale de la fonction publique territoriale et tous les opérateurs de compétences ont contractualisé avec l’Etat, et 180 modules de formation ont été adaptés selon les sept thématiques pointées par le Haut conseil de la famille de l’enfance et de l’âge  en 2019.

« Vous avez une offre disponible. Le catalogue est là. Il faut y avoir recours, y compris sur le volet numérique », a encouragé Marine Jeantet, déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, le 30 septembre 2021, lors de la rentrée de la petite enfance organisée par le site d’information « Les Pros de la petite enfance ». En charge de la mise en œuvre de ce plan, elle s’est réjouie de sa « montée en puissance ».

124 projets territoriaux

L’Etat y a consacré 36,7 millions d’euros. Un investissement conséquent dont elle espère un réel impact sur les pratiques. Le plan s’articule en deux volets. Selon les dernières remontées du secrétariat d’Etat à l’enfance, 21 000 professionnels ont déjà bénéficié des modules proposés dans le cadre du volet national (soit au total 41 000 départs).

Le volet territorial, fondé lui sur des appels à projets, a connu un réel succès avec 124 projets financés lors de la première vague lancée en fin d’année 2020. Doté de 3 millions d’euros, il a permis 20 000 départs en formation. Un deuxième appel à projet a été lancé en septembre 2021, avec le même budget que l’an dernier.

Un projet à quatre dimensions en Seine-Saint-Denis

Le projet de formation du conseil départemental de Seine-Saint-Denis fait partie des lauréats de la première vague, pour un montant de 119 000 euros. Il comporte quatre dimensions. Une journée « enfance et égalité » le 15 décembre 2021, avec une session sur les fondamentaux du développement de l’enfant, et trois tables rondes sur la diversité des langues, les arts et la culture, et l’égalité fille garçons. Cette conférence s’adresse à 200 professionnels de l’accueil collectif ou individuel. « Nous voulons faire dialoguer des éléments issus de la recherche et des expériences de terrain », explique Ana Larregle, responsable du Pôle innovation petite enfance – parentalité.

Une autre problématique que rencontre le conseil départemental est de s’adapter au profil des familles du territoire. « En Seine-Saint-Denis nous avons un taux de couverture des besoins d’accueil de 31% et un taux de pauvreté de 28%. Nous sommes en train d’installer la facturation horaire avec les horaires diversifiés. Cela nous oblige à modifier nos modalités d’accueil, et ce faisant à mieux répondre aux besoins des familles. Les professionnels ont besoin d’être accompagnés dans cette évolution », convient Daphné Bogo, directrice adjointe de l’enfance et de la famille. Une problématique qui concerne aussi les assistantes maternelles. « Nous voulons les inciter à sortir de l’accueil de cinq jours par semaine, pas du tout adapté à nos familles. »

Des rencontres de formation continue sur la question des temps diversifiés sont donc également prévues, avec des échanges d’expérience avec des professionnels de crèches à vocation d’insertion professionnelles (AVIP). 200 professionnels y sont attendus en présentiel. Un contenu qui doit aussi être mis en ligne pour la partie théorique, afin de profiter à davantage de personnes.

Une troisième action concernera spécifiquement les assistantes maternelles pour les former au numérique. « Sur les 4 800 assistantes maternelles du département, 2 000 seulement sont connectées à Monenfant.fr. C’est un véritable enjeu, lié à l’illectronisme », prévient Daphné Bogo. Mais 160 assistantes maternelles seulement pourront en bénéficier. « Il faudra trouver un relais », convient la directrice adjointe.

Enfin, une dernière formation sera organisée pour articuler les coopérations entre établissements d’accueil du jeune enfant et Maisons d’assistantes maternelles (MAM). Des rencontres entre professionnels qui reprendront les thématiques abordées durant la journée « enfance et égalité ».

Au total, ce sont 600 professionnels qui devraient être formés. « C’est un début », convient Daphnée Bogo, qui souhaite de toute façon continuer à travailler ces thématiques au delà de 2021. « Ce travail aide à conceptualiser des maquettes et à nous demander comment les poursuivre en les faisant évoluer. » Car le cadre de l’appel à projet est contraignant : des formations d’un ou deux jours maximum, et si possible, en petits groupes de proximité.

A Saint-Pierre-des-Corps, formation à l’éveil corporel

C’est aussi ce qu’a ressenti la direction petite enfance de Saint-Pierre des Corps (15 766 hab. Indre-et-Loire). Dans cette collectivité, le centre culturel a mis une priorité sur l’éveil des tout-petits. De nombreux spectacles y sont conçus pour les bébés.

Lorsque l’appel à projet « enfance et égalité » a été lancé, la Direction régionale des actions culturelles a donc proposé à la danseuse et chorégraphe Anne-Laure Rouxel de travailler sur l’éveil corporel avec les professionnels de la petite enfance de la ville. « Nous voulions casser les freins de nos agents qui sont parfois moins à l’aise avec leur corps », explique Mickaël Chapeau, adjoint en charge de la culture et de la communication, qui a réussi à convaincre la Drac d’étaler cette formation-action en plusieurs étapes pour que les professionnels aient le temps de s’approprier cette nouvelle manière d’éveiller les tout-petits.

« C’est en montrant, que les agents se forment au quotidien. Une seule séance n’aurait pas suffi pour oser faire », fait remarquer Anne Lefrançais, responsable du pôle petite enfance. « Dans un premier temps, les agents sont avec les enfants dans des ateliers d’éveil corporel avec la chorégraphe, puis les professionnels se retrouvent seuls le soir avec Anne-Laure Rouxel pour refaire les mêmes mouvements et jeux corporels, mais avec des explications théoriques. »

Les agents des quatre structures de la collectivité ont pu y participer, sur la base du volontariat, mais là aussi, il a fallu que la ville défende sa position. « L’appel à projet concernait les enfants des quartiers prioritaires. Or nous en avons dans toutes les crèches ! Nous n’avons heureusement pas d’agents spécifiques aux quartiers en politique de la ville ! » ironise Mickaël Chapeau qui se réjouit de la cohésion que ce type de formation créé au sein des structures.

A condition qu’elles ne s’arrêtent pas là. « Après ces 8 000 euros de l’appel à projet, nous cherchons des co-financements pour poursuivre cette démarche avec le chant, la musique et l’expression artistique, car au quotidien, c’est de cela dont nos professionnels ont besoin pour enrichir l’éveil des tout-petits ». Et c’est bien là toute la difficulté du cahier des charges du volet territorial : en imposant des formations d’une à deux journées, le risque est d’aboutir à un simple vernis qui ne tienne pas dans la durée…

Source:   www.lagazettedescommunes.com


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