Comment l'association Misola aide nos populations à comprendre les enjeux de la solidarité internationale et les nécessités de l’aide au développement ? Rencontre avec Fernand Rolet

Publié le 13/11/2018 | La rédaction

France

Présent dans onze pays d'Afrique de l'Ouest (Mali ; Burkina-Faso; Niger ; Bénin ; Mauritanie ; Tchad ; Guinée ; Côte d’Ivoire ; Sénégal ; République du Congo ; Nigéria), l’association ‘’MISOLA’’, basée à Calais déploie un ambitieux programme de lutte contre la malnutrition infantile et celle des femmes enceintes depuis le milieu des années 90, Pour Jumelages-Partenariats.com, Fernand Rolet, le vice-président de MISOLA nous évoque les différentes actions réalisées par l'association calaisienne.

M. Rolet, vous êtes le vice-président de l'association MISOLA. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cette association ?

Pour la petite histoire, Le projet Misola est né en 1983 au Burkina-Faso. Il s’agit d’un programme d’éducation nutritionnelle établi en trois volets à savoir la promotion de l’allaitement maternel, l'apprentissage à une alimentation adulte équilibrée et la prévention et récupération des enfants malnutris de 6 mois à 5 ans grâce à la farine Misola.( aliment de complément et de transition composé de mil, soja, arachide, avec des compléments minero-vitaminés)

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la composition de la farine Misola ? 

La farine Misola est un aliment de complément et de transition composé de mil, soja, arachide. Elle est accompagné aussi de compléments minero-vitaminés.

Sur quels fondements partenariaux votre action se déploie telle, tant au Nord que dans les pays bénéficiaires (synergies, collaborations diverses, financements) ?

Il faut savoir qu'au Nord, Misola est structurée en plusieurs délégations. Nous avons des délégations dans les Hauts de France, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Ile de France, en Normandie, en région Aquitaine-Poitou-Charentes et dans la région Midi-Pyrénées. Nous possédons également une structure en Belgique, plus précisément à Bruxelles. En ce qui concerne le Sud, nous avons signé des partenariats avec le GRET (nutrition) et Afrique Verte (filière agricole). Au delà de ces engagements, Misola signe des conventions avec des groupements féminins formés à la gestion, à la production et à la commercialisation de la farine , et qui produisent la farine dans des unités de production réparties sur tout le territoire. C’est une activité de transformation agroalimentaire qui se fournit auprès des agriculteurs et des artisans locaux. Elle est rémunératrice pour les productrices (promotion de la femme), relève de l’Economie sociale et solidaire (ESS) et participe au développement de l’économie locale (développement durable).

La générosité des citoyens français a toujours été un des piliers du financement des activités des ONG. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

L'association possède de multiples sources de financement. Par exemple, la farine Misola est vendue à bas coût afin de faciliter l’accès aux populations les plus pauvres qui sont les plus touchées par la malnutrition.Par le biais des commandes institutionnelles comme l'Unicef ou la Croix Rouge Internationale, la vente se fait auprès des marchés ; commerçants ; pharmaciens etc. En France, les aides au développement solidaire proviennent des collectivités territoriales (Régions ; Départements : Intercommunalités ; Communes). Mais en raison de la baisse des financements publics, Misola se tourne vers les fonds privés. 

En près de vingt-trois années de présence en Afrique de l’Ouest, peut-on suggérer que vos actions contribuent à la sensibilisation et à l’éducation au développement des populations calaisiennes, françaises et d’une manière générale européennes ?

Malgré notre longue présence sur le continent africain, nous faisons tout un travail de promotion de Misola auprès des organismes publics et privés (colloques ; forums ; conférences) et de sensibilisation des jeunes (lycées ; collèges ; primaires).

Cette passerelle de solidarité Nord-Sud que vous avez ainsi bâti à travers vos opérations est-elle parvenue à induire, directement ou indirectement des rapprochements institutionnels sous forme de jumelages associant des collectivités locales, des établissements scolaires et tout autre de part et d’autre ?

Je pense que le projet Misola, par son caractère exemplaire, aide nos populations à comprendre les enjeux de la solidarité internationale et les nécessités de l’aide au développement notamment comme une des réponses aux flux migratoires d’origine économique et climatique.

Deux réalités impondérables sont susceptibles d’altérer le fonctionnement habituel de votre dispositif. La situation sécuritaire le long de la bande sahélo-sahélienne où vous intervenez avec notamment la question de l’envoi de volontaires ainsi que votre modèle économique propre qui, lui, tient compte localement des débouchés dans le processus de fabrication puis de distribution des farines aux populations-cibles à la différence de certains autres intervenants. Quel plan B avez-vous mis sur pied afin de poursuivre vos opérations ?

Notre association n'a pas besoin d’un plan B car depuis l’origine du projet, nous n’avons eu de cesse de travailler à son autonomisation financière et structurelle. Nous avons plus de 90 unités de production fonctionnant dans nos 11 pays d’implantation qui en 2017 ont produit près de 900 t de farine. Cela représente environ 1000 productrices et quelque 12 permanents qui ont été recrutés et formés sur place. De ce fait, le projet géré directement par les populations locales n’a pas besoin de nous pour fonctionner sur place. Nous ne faisons qu’exercer un contrôle sur la qualité de la farine, sur la gestion et le prix . Nous servons d’interface entre le Nord et le Sud. L’instabilité politique de cette zone sensible occasionne une gêne indéniable dans la gestion du projet Misola et notamment dans la distribution de la farine, mais elle ne l’empêche pas. Par exemple, nous avons rouvert il y a plusieurs mois nos unités de Gao, Tombouctou et Goundam lesquelles avaient été pillées lors de l’occupation du Nord Mali. Et tout récemment nous avons livré de la farine Misola à Kidal dans le nord de cette zone.

 


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