Burkina Faso : Une conférence régionale pour la préservation de l’espèce asine en Afrique

Publié le 09/06/2021 | La rédaction

Burkina Faso

La conférence régionale sur la préservation de l’espèce asine en Afrique de l’Ouest se tient ce mardi 8 juin 2021 à Ouagadougou sous la présidence du ministre des Ressources animales et halieutiques. L’objectif visé est d’emmener tous les États membres de la CEDEAO et de l’UEMOA, à prendre des mesures de sorte à stopper l’exportation illicite de l’espèce asine dans la sous-région.

Abattages massifs dans les pays frontaliers au Burkina Faso et exportations importantes des peaux vers l’Asie, notamment la Chine. Autant de pratiques qui menacent l’existence des équidés, en l’occurrence celle de l’espèce asine en Afrique.
En dépit d’adoption de lois règlementant la santé animale, force est de constater qu’elles sont ignorées ou mal appliquées au regard de la maltraitance d’espèces animales dans certains pays.

Pourtant, l’âne est au four et au moulin dans le quotidien des Africains en particulier celui des Burkinabè. Estimés en effet entre 1 029 800 et 1 230 400 têtes, respectivement pour les années 2009 et 2018, selon une étude de l’ONG BROOKE, les ânes sont une partie intégrante des systèmes de productions agricoles au Burkina Faso à travers la traction dans les cultures. Ils sont utilisés dans le transport de résidus de récoltes, de bois de chauffage et d’eau, ainsi que de marchandises diverses.

En vue de promouvoir le bien-être des ânes mais aussi protéger les populations des conséquences de ces trafics clandestins, l’ONG BROOKE et ses partenaires mènent la réflexion sur les moyens d’éradiquer ce fléau.
Ainsi, le ministre des Ressources animales et halieutiques, Tegwendé Modeste Yerbanga, dit garder un grand espoir de cette rencontre. « Je compte beaucoup sur les échanges de ces deux jours de réflexion, pour établir une feuille de route pour la suite de nos actions. Cela requiert de la part de chacun et de tous, des efforts ainsi qu’une conviction [...] ». Ces mots du ministre ont constitué le top départ des travaux.

Durant donc 48h, des experts présenteront aussi bien l’importance des équidés pour la société africaine que les menaces qui pèsent sur l’espèce, en vue de prendre des résolutions concrètes pour mettre un terme à une probable extermination de l’animal, si rien n’est fait. A cet effet, un atelier de plusieurs jours avait eu lieu au Nigéria en 2016.

« Pour rappel, à l’issue d’un atelier de cinq jours à Abuja au Nigéria, en septembre 2016, qui rassemblait les experts des réseaux régionaux de laboratoires vétérinaires, du réseau régional de surveillance épidémiologique, des directeurs de la production animale et des directeurs des services vétérinaires, vous aviez formulé les recommandations ci-après : l’harmonisation de la législation régionale sur le bien-être animal ainsi que la mobilisation des ressources pour les questions de santé animale, la mobilisation des fonds pour la lutte contre les maladies animales tout en prenant des mesures pour arrêter l’abattage et l’exportation de la viande et la peau d’âne qui devient une espèce en voie de disparition », revenait ainsi Emmanuel Bouré Sarr, directeur régional de l’ONG BROOKE, sur les grandes décisions de la conférence d’Abuja.

Il va plus loin en dénonçant l’important trafic d’ânes au Kenya, qui pourrait conduire à son extinction si aucune initiative n’est prise pour y mettre un terme : « […] Pourtant l’organisation de recherche sur l’agriculture et l’élevage du Kenya, a démontré à travers une étude rigoureuse que si le rythme d’abatage noté en 2019 était maintenu, cela expliquerait la disparition de l’espèce asine dans ce pays en 2023. »

Pour mémoire, des centaines voire des milliers d’ânes ont péri en 2016 au Burkina Faso, du fait du trafic clandestin de cette espèce. Deux courageux journalistes burkinabè avaient été victimes de séquestration à cette période, pour avoir voulu comprendre les causes de la pollution de l’air du village Balolé (situé dans la commune de Tanghin Dassouri) engendrée par les corps sans vie de ces animaux.
Si certains pays ont adopté des textes qui régissent cette pratique, nombreux sont ceux qui traînent encore les pas. Et cette conférence a pour but d’inviter toutes les autorités africaines, à prendre à bras le corps cette lutte sachant que l’âne contribue substantiellement à l’économie des Etats.

BROOKE est une ONG britanique, qui existe depuis 1934, installée au Sénégal depuis 2011 et intervenant au Burkina Faso depuis 2014. Sa mission consiste à œuvrer pour les changements immédiats et durables aussi bien dans la vie des chevaux, des ânes et mulets de trait vulnérables que celle des communautés qui en dépendent.

Source:    lefaso.net


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