Jumelage Shadrinsk (Russie) et Abomey-Calavi : Le maire Bada a-t-il floué les élus locaux ?

Publié le 26/07/2018 | La rédaction

Bénin, Russie

(Promu par l’ONG ‘’Peace Maker’’ il préfère sa propre gloire au détriment des intérêts de la commune) Entre les intérêts de Calavi et la gloire personnelle du maire Bada dans le cadre du jumelage entre Shadrinsk en Russie et Abomey-Calavi, certains élus locaux n’arrivent plus à faire la démarcation. La tension monte.

georges bada

Georges Bada, le maire d’Abomey- Calavi affiche un certain dynamisme en matière de coopération décentralisée. Depuis qu’il est à la tête de la mairie, on peut mettre à son actif de nombreuses randonnées à l’étranger pour nouer des partenariats de jumelage.C’est le cas du partenariat entre Shadrinsk en Russie et Abomey-Calavi au Bénin. Dans ce cadre, le conseil communal a autorisé le maire qui a effectué plusieurs voyages en Russie.  Mais depuis lors, loin de leurs attentes relatives à ce jumelage, les élus locaux assistent impuissants à des initiatives de promotion à titre personnel du maire Bada.

En effet, en prenant les rênes de la mairie d’Abomey Calavi, Georges Bada, conscient que cette commune à des besoins immenses à relever et vu la modicité des moyens dont elle dispose, a décidé de donner un sens et un contenu à la coopération décentralisée. C’est ainsi que plusieurs projets de jumelage ont vu le jour. 
Mais de tous, le dossier de jumelage entre Shadrinsk en Russie et Abomey-Calavi au Bénin a été une priorité. Mais deux ans après, certains élus locaux doutent de l’impact de cette débauche d’énergie de la part de l’édile de l’hôtel de ville d’Abomey-Calavi après tant de ressources financières du contribuable dépensées.

En effet, clairvoyant que seul le budget communal et celui relatif au Fonds d’Appui au Développement des Communes (FADEC), traditionnellement alloués aux conseils communaux, ne peuvent entièrement couvrir les besoins en investissements, susceptibles de permettre durablement l’amélioration des conditions de vie des populations, le maire Bada a voulu miser sur la coopération décentralisée.

Plusieurs voyages sont à mettre à l’actif du maire notamment sur la Russie qui est devenue sa destination privilégiée. Par trois fois déjà et en moins de trois ans, Georges Bada y a été.

En effet, en mai 2017, c’était le premier de la série. Il y était en quête d’opportunités pour le développement d’Abomey-Calavi. Un accord de jumelage avec la ville de Shadrinsk a été signé, Selon les clauses de cet accord, les deux villes sœurs doivent coopérer dans les domaines de l’économie, de la science et de l’innovation technologique, de la culture et de l’éducation ainsi que dans d’autres secteurs d’intérêts communs qui faciliteraient in fine, leur émergence commune.

Dans la même perspective, Abomey-Calavi a signé un mémorandum d’entente avec l’association des hommes d’affaires et investisseurs russes. Sur la base de ce mémorandum. Il s’agit surtout de donner un sens au Partenariat Public-Privé (PPP) au service du développement des deux villes.

Mais dans le concret de ce partenariat, certains élus dénoncent le résultat très maigre, car Calavi n’a obtenu que cinq bourses d’études en Russie pour des étudiants ressortissants de ladite commune.  Ici, il faut souligner le savoir-faire de son excellence, l’ambassadeur du Bénin près la Russie. Celui-ci avec le soutien d’un compatriote vivant en Russie, Serge Phocas Odunlami, a offert cinq bourses complémentaires.

Une autopromotion

Alors que le Conseil communal attendait les dividendes de ce jumelage, les élus désappointés ont commencé par assister à un grand changement de cap, un détournement d’objectif. En effet, au lieu des actes concrets dans la droite ligne de la communauté de destin pour Calavi, c’est une autopromotion du maire qui devient la priorité des priorités.

De ce fait,  l’ONG ‘’Peace Maker’’ est entrée en jeu et a commencé par couvrir le maire Bada de promotion. L’édile de Calavi s’est allégrement prêté au jeu et a préféré sa propre gloire au détriment des intérêts de sa commune.

C’est ainsi que le mercredi 22 novembre 2017 à l’hôtel  ‘’Le Privilège’’ à Abomey-Calavi, le maire a été promu par l’ONG ‘’Peace Maker’’, une fondation russe. Cette dernière, l’a identifié comme « Artisan de la paix et du développement ». Et Georges Bada s’en est d’ailleurs glorifié devant la presse : « Les responsables de cette fondation ont estimé que j’ai gagné le pari de réunir les peuples russes et béninois et impulsé un brassage assez remarquable entre les populations de la Russie et celles de la commune d’Abomey-Calavi. Et pour cette raison, leur staff a décidé de m’honorer en venant au Bénin me porter les attributs et signes distinctifs que confère le titre d’ambassadeur de la paix et du développement…Le dernier voyage que j’ai fait sur la Russie, sur invitation de la Fondation ‘’Peace Maker’’, n’est fait que pour couronner ce que nous avons si bien commencé au Bénin à savoir : Faire de moi, le président des ambassadeurs ‘’Peace Maker’’ zone Afrique. Cette promotion à ‘’Le Privilège’’ à Abomey-Calavi s’est déroulée en présence d’une délégation russe conduite par Artur Ksenofontov et la députée Irina Yasakov et son conseiller spécial, Ivan Svetlyi.

Quelques mois après, le maire a effectué un autre voyage dans le cadre de ce jumelage. Et en marge de ce dernier, une grande cérémonie de décoration a eu lieu en Crimée et spécialement à Yalta. Et le maire Bada l’a lui-même reconnu une fois encore lors d’un entretien avec la presse « Je pus vous dire qu’en marge de ce voyage, une envergure plus grande a été donnée à mon statut au sein de la grande alliance mondiale pour la Paix… »

Calmer la tempête

Conscient des limites de ce jumelage, le maire a commencé par utiliser une formule magique pour calmer les élus locaux très impatients de voir les retombées. « Vous voulez voir tout de suite les fruits de cette coopération, vous n’êtes pas sans savoir que c’est tout un processus qui concourt à ce que une graine en terre prend le temps qu’il faut pour germer et pour porter ses fruits. Nous avons de bonnes raisons d’espérer avec la Russie ».

Mais face à cette option qui n’a donné encore aucun résultat, ça gronde dans les rangs des élus communaux, En effet, le bien-fondé de cette stratégie offensive en matière de coopération décentralisée et d’intercommunalité du maire Bada laisse à désirer. Et des voix s’élèvent pour parler de tourisme, de voyage de plaisance et de villégiature du maire Bada en Russie aux dépens de Calavi. A part cette dernière raison, il en existe d’autres.

Selon des sources concordantes,Georges Bada serait encore sur une autre piste de voyage. Ce qui fait que les représentants du peuple qui ne cautionnent pas le fait que les caisses de la mairie soient saignées pour des villégiatures peu fructueuses sont sur pied de guerre.  

Il s’agit ici d’une piste en  Corée du Sud. En effet, le maire Bada prétend avoir une bonne coopération avec l’ONG ‘’Bik et Iyf’’. Mais selon les informations qui sont parvenues aux élus locaux, il se fait que cette structure n’est spécialisée que : « Pour des questions de formatage de la personnalité et de changement de mentalité ». Un ‘’gros verbiage’’ selon certains élus qui jurent de bloquer désormais ces voyages de complaisance.

Les élus floués ?

Si les responsables communaux ont au début donné leur quitus pour faire de la coopération décentralisée, un boulevard d’opportunités en matière de gestion des ressources financières, c’est au regard des dispositions de la loi.

En effet, selon les textes de la décentralisation, la commune/municipalité est une collectivité territoriale. C’est une entité qui est «dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière », (Cf. article 1er de la Loi N°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin. 
Cette autonomie quoique encadrée, apparait comme une opportunité pour les communes pour entretenir des relations extérieures avec d’autres entités peut-être homologues, susceptibles de déboucher sur des interventions financières.

Ces interventions entrent dans le cadre d’une coopération décentralisée. (Cf. Décret N°2005-393 du 29 juin 2005 fixant les modalités de mise en œuvre des interventions financières de la coopération décentralisée.

C’est pour cela que les élus ont cru accompagner le maire dans cette dynamique. D’où leur accord de principe pour autoriser les achats de billets d’avion de même que les frais de séjour qui jusqu’à présent n’ont servi à rien.

Et pour preuve, des élus locaux disent mettre au défi le maire de dire quelle est la part du budget de la coopération décentralisée dans le budget de 2018 de la mairie de Calavi qui est de l’ordre de 6.878.565.414 F CFA ?

A moins qu’il y ait des abus. Et c’est pour éviter les abus et les dérives éventuelles, que ce décret organise les procédures financières dans le cadre de la coopération décentralisée qui peut lier les collectivités locales et les personnes morales étrangères de façon générale. Ainsi, par souci de traçabilité, de transparence et de bonne gestion, l’article 4 dudit décret stipule que « les ressources et les charges induites par la coopération décentralisée sont inscrites au budget de la commune ». Même en cours d’exercice, la commune est astreinte à procéder à un collectif budgétaire pour y inclure ces charges et ressources qui sont nouvelles.

Et pour cela, le comptable de la commune relevant du Trésor, devrait pouvoir garantir cette sécurité recherchée dans la gestion desdites ressources.
Les déçus parmi les élus au sujet de la coopération décentralisée ont-ils les moyens pour bloquer le maire Bada qui jouit du parapluie atomique de la ‘’Rupture’’ de Patrice Talon ?

 

Source: matinlibre.com


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