Emploi des jeunes : les défis d’OpenClassrooms en Afrique

Publié le 30/08/2017 | La rédaction

Pierre Dubuc, cofondateur de cette start-up basée à Paris, revient sur la présence d’OpenClassrooms en Afrique. Grâce à des programmes de formation diplômants en ligne, elle contribue à favoriser l’emploi des jeunes dans le secteur du numérique.

 

OpenClassrooms est une start-up de 70 salariés, basée à Paris, qui forme sur Internet, en français, en anglais et en espagnol, 3 millions de personnes par mois aux métiers du numérique dans 126 pays à travers le monde. Elle collabore avec les agences nationales de l’emploi, notamment en Afrique et contribue à améliorer l’emploi des jeunes, comme l’explique Pierre Dubuc, son fondateur.

Que représente l’Afrique pour OpenClassrooms ?

Le quart de notre audience totale, avec une concentration importante en Afrique francophone.

Nous signons des conventions de formation pays par pays : c’est déjà le cas au Maroc, en Tunisie et en Algérie, et nous prévoyons de le faire au Togo,  au Sénégal, au Mali, au Cameroun, en République centrafricaine (RCA) et en Côte d’Ivoire.

En Afrique, comme en France, OpenClassrooms propose une gamme de 200 formations certifiantes, professionnalisantes et diplômantes dans les métiers du digital (développeur de site Web, marketing digital, data scientist) et depuis 2017 dans des fonctions transversales de l’entreprise (commercial, gestion de projet, ressources humaines). À partir de 2018, notre offre sera également sectorielle avec des formations numériques spécifiquement dédiées aux secteurs du bâtiment, de l’industrie, de la logistique, etc.

Quelles sont les spécificités de vos formations ?

OpenClassrooms propose des formations de courte durée, qui sont modulaires. Emboîtées, elles peuvent devenir des formations diplômantes de longue durée. Nous délivrons des diplômes de niveau bac + 2, 3, 4 ou 5, reconnus par l’État, car nous sommes inscrits au rectorat de l’Académie de Paris.

Les formations de courte durée durent entre six et douze mois, et peuvent commencer à n’importe quel moment de l’année. L’approche OpenClassrooms est pragmatique et focalisée sur l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice de tel ou tel métier. Notre offre est très flexible : les étudiants peuvent faire des stages en entreprise et s’ils ont déjà de l’expérience, nous pouvons valider leurs acquis (VAE).

L’acquisition des compétences se fait au travers de trois formats : des vidéos, des textes pédagogiques et des exercices certifiants. Nous pouvons également échanger par vidéoconférence, via des discussions individuelles ou collectives. Tous les étudiants OpenClassrooms sont suivis par un mentor qui les accompagne individuellement chaque semaine sur Internet. À la fin de sa formation, l’étudiant fait une soutenance de projet devant un mentor qu’il ne connaît pas. Ce dernier joue le rôle du client ou du manager lors de cette épreuve. La vidéo de cette soutenance est enregistrée et constitue l’une des preuves de l’acquisition des compétences.

Comment assurez-vous l’adéquation entre les formations et les besoins du marché ?

Une équipe de trente personnes s’occupe en permanence à Paris de la création des parcours pédagogiques et de l’identification des compétences clés à acquérir par métier. Nous sommes très concentrés sur l’employabilité. Pour affiner notre offre, nous nous rapprochons des fédérations par branche d’activité, interrogeons les recruteurs et les responsables de ressources humaines et analysons les offres d’emploi sur Internet.

Les intitulés des métiers peuvent varier : en analysant les annonces de « chefs de projet Web », « webmasters », « chefs de projet digital », on constate une recherche des mêmes compétences. Nous étudions aussi les nuances entre les annonces pour offrir la formation la plus englobante, celle qui va donner le plus de débouchés.

Inversement, derrière un même intitulé, plusieurs séries de compétences peuvent être demandées. Le métier de « data scientist », niveau bac + 5, reste très récent et sans référence précise. De ce fait, chaque entreprise demande des choses différentes – par exemple des langages de programmation informatique « R » ou « Python » – ce dont nous tenons compte.

Quels sont les différents besoins des entreprises en Afrique ?

On trouve d’un côté de grands groupes internationaux et locaux, et de l’autre un tissu de PME voire d’auto-entrepreneurs.

Les grandes entreprises ont des besoins assez globalisés. Au Maroc, par exemple, Capgemini recrute des développeurs par milliers, avec la même exigence de compétences qu’en France. Au niveau local, cette entreprise ne trouve ni les volumes de gens recherchés, ni la même rigueur dans l’acquisition des compétences qu’en France ou en Europe, avec le même degré de mise à jour des compétences acquises à l’école. Les cursus doivent être assez globaux, car les employés sur les plateformes de Capgemini au Maroc travaillent sur des projets internationaux, pour des clients qui se trouvent en France ou à l’étranger.

Pour prendre un autre exemple au Maroc, l’Office chérifien des phosphates (OCP) commence à se digitaliser massivement et recrute avec un niveau d’exigence international. L’OCP recherche des « data scientists » ou des experts des objets connectés pour fabriquer des drones appliqués à l’agriculture.

Enfin, la majorité des TPE et PME recherche des personnes moins qualifiées (bac + 2 ou 3), mais sur des volumes conséquents pour certains métiers. En Afrique, il existe notamment un grand besoin de techniciens informatiques de maintenance – autrement dit, la personne pour faire marcher l’imprimante, installer un nouvel ordinateur, etc. C’est un besoin qui diminue en France, mais comme l’Afrique est en train de s’équiper, la demande en assistance technique sur le matériel, les réseaux et les infrastructures est forte.

Le coût de la formation est-il le même partout ?

Oui, un diplôme coûte entre 2 000 et 4 000 euros partout, parce que nos mentors se trouvent au Nord et coûtent cher. Nous avons du mal à ajuster nos prix au pouvoir d’achat des pays africains aujourd’hui.

En Afrique, notre objectif vise à tisser des liens plus forts au niveau local avec les agences nationales de l’emploi pour créer des réseaux de mentors locaux et ajuster leurs rémunérations au pouvoir d’achat local. Ensuite, nous pourrons répercuter cette baisse de coût sur le prix de nos formations.

Nous offrons aussi des formations certifiantes gratuites, des modules courts, en France, au Maroc et en Tunisie, par le biais de nos partenariats avec les agences nationales de l’emploi. Nous avons déjà formé 50 000 personnes de cette manière.

Que vous apportent les bailleurs de fonds ?

Notre crédo consiste à faire correspondre l’éducation, la formation et l’emploi. OpenClassrooms a un partenariat avec l’AFD sur un projet au Maroc, pour créer une filière digitale et former massivement aux nouveaux métiers du secteur, avec des mentors locaux. C’est un projet conséquent dont le gouvernement et les ministères et services publics de l’emploi sont partenaires, tandis que l’AFD et d’autres bailleurs de fonds financent le projet.

Avez-vous de la concurrence sur ce terrain ?

Non, pas vraiment. Nous sommes les seuls à faire du diplômant full online. Les grandes écoles de commerce africaines commencent à adapter leur offre aux métiers du digital, mais elles n’ont pas toujours notre degré de maturité dans ce domaine. Dans les cursus traditionnels, une classe compte environ 50 personnes. Ce n’est pas en formant 100 à 150 personnes en trois ans qu’on constitue la filière digitale d’un pays.

L’intérêt de la formule OpenClassrooms en Afrique est que nous pouvons toucher un plus grand nombre d’étudiants, dont des publics « empêchés » sur toute l’étendue d’un territoire national, en contournant les obstacles de la distance et de l’emploi du temps quotidien. Les formations en ligne permettent à des gens déjà actifs de se former en parallèle d’une activité, par exemple dans l’optique d’une reconversion.

À partir de l’été 2017, nous étendons notre formule « emploi garanti », lancée cette année en France, à tous les autres pays dans lesquels nous sommes présents : nous  assurons un suivi des élèves diplômés d’OpenClassrooms pour leur permettre de trouver un emploi. Le principe de cette formule est très simple : si vous ne trouvez pas d’emploi dans les six mois qui suivent votre diplôme, nous vous remboursons la formation.

Source : ideas4development.org


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